Chapitre 23 : Halloween

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La rumeur se répandit comme une traînée de poudre. Les professeurs avaient accepté l'ouverture de la Salle Commune.

Ils avaient choisi une salle de cours inoccupée au rez-de-chaussée, pas loin du grand hall. Les couleurs de Poudlard la recouvraient et le blason de l'école flottait sur l'un des murs de la pièce. Les préfets s'étaient chargés de la décoration avec le professeur Flitwick. Il adorait faire apparaître guirlandes et faux plafonds.

Rusard errait souvent autour de la salle, désemparé. Comment avaient-ils osé ! Comment avaient-ils pu lui faire ça ! C'était le début de la décadence de Poudlard ! C'était la porte ouverte à tous les débordements. Il lisait et relisait le règlement affiché à l'entrée de la salle en préparation. Il ne pouvait encore reprocher à quiconque le moindre manquement à la règle, néanmoins les rires et la joie que manifestaient les élèves le rendaient de plus en plus morose. Il regrettait de plus en plus souvent et de plus en plus haut le temps de la Grande Inquisitrice.

Malefoy avait clairement fait savoir qu'il ne mettrait pas les pieds dans ce cloaque de Sang-de-Bourbe et que ceux qui tenaient à leur honneur de sorcier ne s'y fourvoieraient certes pas non plus. Le regard qu'il avait jeté sur ceux qui le considéraient encore comme le meneur des Serpentard les avaient dissuadés de passer outre cette interdiction déguisée, s'ils en avaient eu quelque envie.

L'inauguration de la Salle Commune devait avoir lieu le 31 octobre, juste avant la fête d'Halloween. Pour compenser l'annulation de la sortie à Pré-au-lard.

Des Détraqueurs avaient été vus, ou aperçus, ou juste pressentis, dans la région et le Conseil d'Administration de l'école avait jugé bon d'appliquer le bon vieux principe de précaution. La nouvelle avait d'abord démoralisé tout le monde, puis l'annonce de l'ouverture imminente de cette salle que beaucoup attendaient impatiemment avait enflammé les élèves.

Les préfets s'étaient chargés de faire connaître le règlement intérieur à leurs camarades de maison.

Hermione s'en était réservée deux copies afin de souligner en rouge tous les passages qu'elle jugeait que Dean Thomas et Seamus Finnigan devaient avoir en mémoire expressément.

- Et qu'est-ce qu'on risque ? s'était moqué Dean tandis qu'il survolait d'un oeil distrait les pages couvertes d'encre vermillon.

- L'exclusion ! avait répondu Hermione d'un ton sec. Le professeur Flitwick connaît un sortilège qui vous enverra à l'autre bout du pays si vous passez le seuil de la Salle Commune alors que vous en êtes interdits.

Seamus avait souri, tout en levant un sourcil vers Ron. Celui-ci avait confirmé d'un hochement de tête. Dean et Seamus s'étaient alors empressés d'étudier ce fichu règlement afin de trouver un moyen de le détourner sans subir les foudres de la jeune préfète.

Ron et Hermione étaient retournés près de Harry. Celui-ci passait tout son temps libre – et comme il en avait très peu il rognait sur celui destiné à son travail scolaire – à regarder les pièces du jeu d'échecs étalées sur la table. À son retour de l'infirmerie, il avait affronté les regards de ses camarades avec beaucoup d'appréhension. À nouveau les murmures s'élevaient et les yeux se détournaient de lui. Hermione avait vu le désarroi en lui. Et Neville lui avait fait signe de ne pas faire attention. Ron, lui, n'avait rien remarqué. Il s'était installé devant son échiquier et avait rangé les pièces.

À voix basse, il avait récapitulé les faits : Voldemort était privé de sa Reine et de son Cavalier. Il savait qu'il lui fallait frapper Harry le plus vite possible, avant qu'il n'eût le temps d'acquérir des pouvoirs plus grands. Allait-il l'amener à lui de la même manière qu'il l'avait attiré au Ministère ? Il se doutait que le jeune Potter ne tomberait pas deux fois dans le même piège. Ou, en tout cas, qu'il serait mieux préparé que quelques mois plus tôt... Dumbledore ne le laisserait d'ailleurs jamais l'affronter avant qu'il ne fût prêt. Il lui faudrait aller à Harry. Le débusquer. Il savait qu'il était à Poudlard pour l'année scolaire. Il lui fallait trouver un moyen de l'approcher. Lui même, ou l'un de ses lieutenants. Car il ne savait pas que lui seul devrait tuer Harry pour prétendre régner sur le monde des sorciers.

Les Secrets d'HermioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant