Chapitre 24 : Quidditch

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Il était là, tapi dans un coin de son esprit. Si proche et pourtant inaccessible.

Harry ne savait jamais, au moment où il fermait les yeux, quelle serait sa nuit. Il avait pris l'habitude de s'endormir sur l'image horrible et pourtant si bienfaisante du masque de mort de Bellatrix Lestrange. Il glissait lentement dans le sommeil, calmé et un sourire aux lèvres, heureux de savoir que ce serait la première image qui frapperait l'esprit de Voldemort si celui-ci venait troubler son repos.

Deux fois déjà, il s'était réveillé en sursaut, le goût âcre de la colère dans la bouche, le coeur en fureur et l'âme un peu plus blessée par un assaut d'horreur. Mais cela avait marché.

Il faisait des progrès fulgurants et même Rogue dut en convenir. Harry brisait ses défenses avec une telle facilité que le professeur enrageait.

Il scellait la porte de son cachot d'un charme puissant lorsqu'ils s'affrontaient ainsi. On aurait pu croire en les voyant face à face qu'ils avaient engagé un combat à mort. Harry rompait toujours le contact brutalement lorsqu'il approchait trop près de ce qu'il voulait ignorer. Et Rogue déversait dans sa Pensine ce qui aurait pu intéresser le jeune homme. Harry n'avait rien pu lire de ses missions pour l'Ordre. Il n'avait rien vu de ses membres ou de ses réunions. Aucune information sur Voldemort, ses Mangemorts. Tout ce que Rogue gardait à l'esprit n'était que souvenirs anciens, sombres et torturés. Et sa haine toujours présente pour Sirius et son père.

Rogue n'avait plus que ce moyen pour le blesser. Il l'humiliait, le rabaissait toujours en classe. Mais les rires des Serpentard ne touchaient plus Harry, ou si peu. Rogue avait changé de cible. Il lui était beaucoup plus facile de s'en prendre à Ron. Et Harry passait son temps, en cours de Potions, à lui écraser les orteils ou lui donner des coups de coude.

Malefoy avait beau jeu, à la fin du cours, de le mettre hors de lui. Il lui suffisait d'un seul regard méprisant sur Hermione.

Ron aidait souvent leur amie dans son travail. Il l'accompagnait à la bibliothèque depuis le jour où elle avait fait tomber sur elle toute une rangée de livres en voulant en attraper un, trop lourd pour ses doigts gourds. Lavande Brown et Parvati Patil, les deux pipelettes de Gryffondor, gloussaient chaque fois qu'elles le voyaient porter ses livres, ou répéter avec elle les mouvements de baguette des divers sortilèges. Elles leur jetaient de longs regards entendus et adressaient à Hermione des « Alors ?... » pleins d'une curiosité qui faisait rire la jeune fille. Elle savait que Ron lui témoignait cet intérêt attentionné uniquement parce qu'il éprouvait de la culpabilité à son égard. Dès qu'elle irait mieux, il reprendrait ses manières dénuées de tact et de délicatesse. Lavande et Parvati s'étaient mises à rire, elles aussi, d'un rire tout aussi entendu que leurs regards. Pour elles, il ne faisait aucun doute qu'Hermione avait rompu avec son célèbre joueur international de Quidditch (gloussements de Lavande) pour Ron Weasley, qui, il fallait le dire, portait plutôt bien cette année l'insigne de préfet et la tenue de Quidditch de Gryffondor (re-gloussements, de Parvati, cette fois).

Ron aimait passer du temps avec Hermione. Bien sûr il ne l'aurait jamais avoué, même sous le supplice du Doloris. Il mentait à Harry, en prétendant qu'il e faisait que réparer les dégâts qu'il avait causés. Il se mentait à lui-même, en disant que ses résultats scolaires n'avaient jamais été aussi brillants et que sa mère en serait fort satisfaite.

En fait, il n'avait jamais été aussi heureux de sa vie. Il était préfet, il était gardien de l'équipe de Gryffondor, il ne souffrait plus de l'ombre que lui faisaient ses frères. Il n'était plus le plus jeune des Weasley, il était le frère aîné de Ginny. Il n'avait plus à avoir honte de ses livres miteux, de ses robes usées. Malefoy ne pouvait plus se moquer de son père sans risquer de prendre au visage un « bonjour d'Azkaban ».

Les Secrets d'HermioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant