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Vendredi 6 décembre, New York City (États-Unis).
Plongés dans l'agitation permanente du quartier de Wall Street, les hommes d'affaires se croisaient machinalement. L'air grave, concentrés sur les nouvelles provenant de leur oreillette ou de leur Smartphone, ils effectuaient, tel des robots préalablement programmés, leur chorégraphie quotidienne.
Comme tous les jours à midi pile, Quentin Falk quittait le New York Stock Exchange pour aller déjeuner. Il se donnait très exactement vingt-deux minutes, de la sortie de son bureau à son retour. En sortant de l'ascenseur, il salua de la tête les trois personnes qui se retrouvaient là chaque midi. Il traversa la rue sans un regard pour personne, plongé dans la lecture d'un rapport boursier que son assistante venait de lui envoyer sur son mobile. Il faisait doux pour la saison, chaud même, les températures battaient des records. Presque quinze degrés début décembre à New York, plutôt inhabituel.
Quentin avait trente-six ans. Malgré son air occupé, il sentait que la plupart des femmes levaient les yeux vers lui, admirant la finesse de ses traits et sa musculature parfaitement entretenue tous les soirs dans une salle ultra chic de Manhattan. Ses cheveux blonds impeccablement coiffés retombaient sur un costume business Armani noir à deux boutons, taillé sur mesure. Tout en Quentin reflétait le sérieux qu'il s'imposait au quotidien et la confiance sans faille qui l'habitait. Il n'était pas le genre de personne à faire des écarts, ou tout simplement à s'amuser. Quentin ne vivait que pour son travail et n'avait pour ainsi dire aucun ami. Sa dernière relation sérieuse avec une femme avait eu lieu lors de sa dernière année de fac.
Stefany. Ils s'étaient percutés devant la porte d'entrée du hall des inscriptions de l'université de Georgetown. Devant l'insistance de Quentin pour lui offrir un café, la jeune femme avait cédé. Un petit déjeuner le lendemain, un dîner le surlendemain, les huit mois suivants furent comme un rêve pour Quentin. Jusqu'à ce soir là. Stefany et lui devaient se rendre au match de basket des Hoyas. Malheureusement la jeune femme, prise de nausées, avait dû rester couchée. Elle avait insisté pour que Quentin s'y rende quand même, étant donné le mal qu'il s'était donné pour se procurer ces places et l'importance du match. Il avait accepté, à contrecœur, et fit demi-tour à mi-chemin. C'est là qu'il les vit. Sur le trottoir, à la vue de tous. Stefany échangeait un baiser torride avec une montagne de muscles inconnue de Quentin. Après quoi, ils montèrent dans un coupé cabriolet rutilant et disparurent. Quentin eut l'impression qu'une main glacée lui enserrait le cœur. Une énorme boule se forma dans son ventre, puis dans sa gorge. Il dut se tenir au mur près de lui pour ne pas tomber à genoux. Réfrénant ses larmes, la colère prit le dessus et il se jura de ne plus jamais se laisser avoir. Depuis, à part quelques aventures à droite et à gauche avec des femmes rencontrées dans des bars, il ne voulait plus perdre son temps et préférait faire appel à des call-girls de temps à autre.
Alors qu'il laissait Wall Street derrière lui et s'engageait sur Nassau Street, une terrible explosion retentit. Quentin eut l'impression que ses tympans éclataient. Propulsé à une bonne dizaine de mètres par un souffle brûlant, il s'écrasa contre un chariot à hot-dog et sa tête percuta violemment le sol. Il s'évanouit sur le coup.
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Le compte à rebours
ParanormalPartout sur Terre, au même moment, de terribles explosions réduisent en cendres des lieux de forte importance politique, religieuse ou économique. Se pose alors la question de savoir qui en est l'auteur. Aux États-Unis, comme partout ailleurs, c'es...