Chapitre 7

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Banlieue de Philadelphie (États-Unis), 18h environ.

            Dans le snack, le temps s'était arrêté. Tous, des clients aux serveuses, en passant par le cuisinier, avaient les yeux rivés sur le poste de télévision. Tous à l'exception de Jimbo, qui depuis plus d'une heure tentait de convaincre l'assistance qu'il connaissait la vérité.

             - Puisque j'vous dis qu'c'est les extra-terrestres, s'époumona Jimbo. Vous feriez mieux d'me prendre au sérieux pour une fois, ça pourrait vous être utile quand y r'viendront.

             - La ferme, Jimbo ! ordonna un agent de police au comptoir.

             Il s'agissait de Michael Brady, l'officier de police le plus connu et le plus apprécié du comté. Agé d'une soixantaine d'années, ce dernier avait refusé de prendre sa retraite il y a de cela deux ans, tant il aimait son métier. Il connaissait chaque habitant de la petite ville et de ses environs, et passait ses journées à patrouiller au cas où l'un d'eux aurait besoin d'aide. Comme tout le monde ici, il était absorbé par la télévision, incapable de croire aux images qui défilaient, criant à Jimbo de la fermer sans même le regarder.

             - Vous savez tous qu'ça peut pas être des terroristes, continua Jimbo. Comment y z'auraient fait hein ? Et c'brouillard ? Comment vous l'expliquez ?

             - Tu commences à sérieusement nous échauffer les oreilles, Jimbo, répondit Al, le cuisinier. Tu ne vois pas que c'est sérieux ? Arrête tes conneries pour une fois, tout ça est grave !

             - Et pour ce que vous appelez le brouillard, cela doit simplement être une conséquence de la bombe utilisée. Peut-être s'agit-il d'une arme chimique ?

             C'était le jeune homme en costume, il était livide et sa voix déraillait légèrement lorsqu'il parlait.

             - Jt'en foutrais, moi, des armes chimiques, ptit con, grommela Jimbo. Non, mais vous allez quand même pas écouter ce ptit morveux ?!

             - Bon, cette fois Jimbo ça suffit, le coupa Brady en se levant.

             Il se dirigea d'un pas décidé vers le petit homme, sortit sa matraque et l'attrapa par le col. Alors qu'il le soulevait pour l'emmener dehors, Molly, leur intima l'ordre de se taire et monta le son de la télévision.

             - La conférence de presse commence, taisez-vous !

             A l'écran, un immense amphithéâtre, plein de journalistes. Puis, quelques secondes plus tard, Joseph Weatherspoon, le porte-parole de la Maison Blanche fit son entrée, suivi par Jonathan Manning, le responsable de la communication des armées et du général McDouglas. Weatherspoon se rendit au micro, tandis que les deux autres représentants du gouvernement prenaient un siège, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche.

             - J'vous parie qu'on va une nouvelle fois avoir l'droit à un grand moment de langue de bois, commenta de façon sarcastique Jimbo, qui avait profité du fait que l'officier Brady avait relâché son étreinte pour s'approcher de la télé.

             - Ta gueule, Jimbo ! s'écria Al.

             - Oui, tais-toi Jimbo, approuva Kate, la plus jeune des serveuses. Ils ne pourront pas mentir cette fois-ci, c'est bien trop grave !

             - Comme si ça leur était jamais arrivé, ricana Jimbo. Mais j'me tais, ajouta-t-il en voyant l'officier de police se diriger à nouveau vers lui. Voyons c'qu'ils vont nous servir cette fois-ci.

Le compte à reboursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant