38
Sud-ouest de Washington D.C, maison de Mike, 21h.
Mike s'affairait sur ses ordinateurs pendant que Moon dormait profondément, affalé sur un canapé. Gates, quant à lui, était plongé dans ses pensées. Depuis les explosions, il n'avait jamais vraiment pris le temps de réfléchir à la situation. Il avait concentré toute son énergie et son temps à lutter contre ses confrères du Pentagone. Mais, maintenant, il ne pouvait s'empêcher de réfléchir à tout cela. Quelle était cette chose ? Le Diable, comme il avait pu le voir sur la vidéo ?
Gates n'avait jamais été croyant, du moins pas comme diverses religions définissaient un croyant. Il ne croyait pas en un dieu tout puissant, qui aurait créé l'univers et l'humanité, mais il restait persuadé au plus profond de lui qu'il y avait « quelque chose », une force, une énergie universelle dans toute chose vivante. Exit les clivages entre les différentes religions, pour savoir lequel de leurs dieux était le bon. Non, pour Gates, il ne s'agissait pas de cela, mais plutôt d'une énergie douée d'une sorte de conscience, inhérente dans tout le vivant. Était-ce cette chose qui se manifestait aujourd'hui ? S'était-il trompé et le Diable existait-il réellement ? Ou tout ceci n'était qu'une mascarade, habilement mise en scène par des machines, des aliens ou même des êtres humains ?
Pendant ce temps, le groupe d'intervention encerclait discrètement la maison...
Pouvait-on vaincre cette chose ? Gates restait persuadé que cette dernière ne leur avait pas tout dit, et que la recherche de cet objet ou cette raison de les laisser en paix n'était qu'un prétexte à autre chose. Mais quoi ? Que pouvait-elle bien chercher ?
L'un des soldats s'approcha de l'entrée de la maison. Il avançait doucement, son arme pointée devant lui, des lunettes à vision nocturne vissées sur les yeux. Malheureusement pour lui, ces dernières ne lui permirent pas de voir les capteurs dissimulés sur le sol.
- Oh bordel ! Il faut se casser d'ici, vite !
Mike avait hurlé à travers la pièce, réveillant en sursaut Moon et arrachant Gates à ses pensées.
- Ils sont là ! Et ils sont nombreux ! On doit filer ! Vite !
Il s'empara d'un sac à dos et y enfourna un disque dur externe, ainsi que plusieurs autres appareils. Puis il invita ses hôtes à le suivre à l'autre bout de la pièce.
Pendant ce temps-là, les soldats avaient investi le rez-de-chaussée de la maison. Mike, Moon et Gates pouvaient entendre le bruit de leurs pas sur le plafond. Les trois hommes se dirigèrent vers un vieux vestiaire en métal, pareil à ceux que l'on trouve dans les gymnases. Mike demanda à Moon de l'aider à le déplacer, dévoilant un passage creusé dans le mur. Ils pénétrèrent dans l'obscurité, Mike fermant la marche et remettant en place le vestiaire derrière lui.
Au même moment, les soldats venaient de découvrir le passage menant au sous-sol, grâce à leurs lunettes thermiques. Ils dégagèrent rapidement la vieille armoire et descendirent les escaliers au pas de course. Ils se retrouvèrent face à la porte blindée et, après plusieurs sommations, décidèrent de la faire sauter.
Gates avait du mal à progresser dans le souterrain. Mais de toute façon, il n'avait pas le choix, c'était ça ou le retour en cellule.
- Où ce tunnel va-t-il nous conduire ? demanda-t-il à Mike.
- A peu près à huit cents mètres de la maison, nous allons rejoindre les égouts. Le passage existait déjà lorsque j'ai repris la maison, c'est d'ailleurs l'une des principales raisons pour laquelle je l'ai achetée.
Tout à coup, une explosion se fit entendre. Ils arrivaient. Le dernier rempart avait sauté et ils n'allaient pas mettre longtemps à trouver l'entrée du souterrain. Il n'y avait plus une minute à perdre. C'est alors que Moon saisit les poignées du fauteuil de Gates et se mit à courir, poussant le général devant lui.
- Je suis sincèrement désolé Général, mais nous n'avons pas le choix.
A cet instant précis, Gates aurait été incapable de dire s'il n'aurait pas préféré être capturé par les soldats de McDouglas plutôt que de devoir être poussé par Moon. Ce qu'il ressentait à cet instant était terrible, un insupportable sentiment d'impuissance et de dépendance. Mais il savait pertinemment que Moon faisait cela à contrecœur. Il n'y avait plus le choix, il fallait fuir le plus vite possible.
Les soldats retournaient tout dans la pièce, lorsque l'un d'eux signala qu'il avait trouvé un passage derrière le vestiaire. Aussitôt, deux soldats dégagèrent l'imposant casier.
A l'autre bout du tunnel, les trois fugitifs avaient entendu le vestiaire s'écraser sur le sol et accélérèrent le pas. Ils voyaient à peine devant eux, n'étant éclairés que par le faisceau de la lampe torche de Mike. Soudain, ce dernier, qui était repassé devant, s'arrêta net en criant à ses amis de faire de même. Ils étaient arrivés au bout de la galerie et se retrouvaient face à un précipice d'environ huit mètres de hauteur. En bas s'écoulaient les égouts de la ville. A leur droite, il y avait une petite échelle incrustée dans la roche. Malheureusement, il était impossible pour Gates de l'emprunter avec son fauteuil, et descendre par la force des bras lui prendrait trop de temps. Même s'il arrivait en bas, les soldats seraient en haut de l'échelle au même moment et il ne pourrait leur échapper.
- Allez-y sans moi, vite !
Les deux hommes le dévisagèrent avec inquiétude.
- Ce n'est pas la peine de me regarder comme ça, allez-y sans moi, c'est tout !
- Il en est hors de question, protesta Mike.
- Écoutez Mike, vous n'avez pas le choix. Quoi qu'il arrive, je serai capturé, donc autant que vous ne le soyez pas avec moi. Et puis, je vous rassure, ils ne me feront aucun mal. Mais c'est loin d'être certain en ce qui vous concerne.
Gates avait réussi à le convaincre et Mike se précipita vers l'échelle tout en remerciant le général d'un signe de tête.
- Allez Max, c'est à vous maintenant. Épargnons-nous l'interminable discussion « non je n'y vais pas, pas sans vous, blablabla blablabla... » Vous n'avez pas le choix !
Moon hocha la tête en signe d'acquiescement et se dirigea vers l'échelle. Mike était déjà en bas, lorsque Gates sentit les soldats arriver derrière lui. Il leur fit face.
- C'est bon les gars on se calme, je suis là, je me rends.
Au même moment, Moon loupa un barreau et chuta. Il retomba lourdement sur sa cheville et grimaça de douleur. Mike fit demi-tour afin d'aller prêter main forte à son ami, mais deux soldats apparurent en haut du mur, leur arme pointée sur Moon.
- Plus un geste !
Mike s'excusa du regard envers son vieil ami, se retourna en une fraction de seconde et rejoignit le tunnel le plus proche. Aussitôt, l'un des deux soldats ouvrit le feu. Mike sentit les balles lui frôler les mollets. Il visait ses jambes, il n'avait pas l'intention de le tuer. Ceci acheva de le motiver à s'enfuir et lui donna les dernières forces nécessaires pour disparaître dans l'enchevêtrement de galeries qui compose les égouts de Washington D.C.
VOUS LISEZ
Le compte à rebours
FantastiquePartout sur Terre, au même moment, de terribles explosions réduisent en cendres des lieux de forte importance politique, religieuse ou économique. Se pose alors la question de savoir qui en est l'auteur. Aux États-Unis, comme partout ailleurs, c'es...