Chapitre 56

12 3 10
                                    

56

Temple de New York City dans la nuit.

           Il y était enfin. Quentin allait enfin rencontrer la créature. Il s'avança lentement, le cœur battant à tout rompre, à la fois admiratif et intimidé par l'architecture envoûtante de la pièce. Autour de lui, tout était d'un noir profond, à l'exception de l'autel de marbre blanc immaculé, haut de six marches, sur lequel reposait un trône fait de ce qui semblait être du cristal. Assis sur ce dernier, un homme. Un homme blanc, d'une cinquantaine d'années, les cheveux grisonnants, impeccable dans un luxueux costume parfaitement ajusté, un léger sourire aux lèvres.

           Tout en s'approchant de l'énigmatique personnage, Quentin ne pouvait s'empêcher d'admirer le ciel étoilé qui faisait office de plafond. Il pouvait distinguer nettement Orion, sa constellation préférée, et vit même passer une étoile filante. Lorsqu'il arriva au pied de l'estrade, il baissa instinctivement les yeux devant l'homme qui le jaugeait.

           - Bonjour Quentin, sois le bienvenu.

           Lorsque l'homme prononça son nom, ce fut comme s'il lui enfonçait un pieu dans l'estomac. Quentin resta immobile, les yeux rivés sur la première marche blanche.

          - Allons, n'aie pas peur, je ne te ferai pas de mal. Que m'as-tu apporté ?

           Il n'y avait aucune agressivité dans la voix de l'homme, Quentin y percevait même ce qui pouvait être pris pour de la bienveillance. Il était sur le point de perdre connaissance, ses jambes ne le soutenaient plus et il n'avait qu'une seule envie, celle d'être ailleurs, que tout ceci soit terminé.

           - Faut-il que je me lève et que je vienne prendre ce qui me revient ? demanda l'homme toujours aussi calmement.

           Quentin s'efforça alors de penser à autre chose. Il lui fallait se ressaisir, il n'avait pas fait tout ce chemin pour rien. Il pensa à sa mère, puis à sa petite sœur, et enfin à son père et à son frère. Il fallait qu'il se montre digne d'eux. Il trouva la force de redresser la tête.

           - Non, c'est bon, restez où vous êtes. Je vous ai amené une lettre que mon père m'a écrite juste avant sa mort.

           L'homme sembla intrigué par ce que lui proposait Quentin.

           - Une lettre ? Voilà qui est étrange, et peu commun. Tu es la seule personne à m'avoir apporté une lettre jusqu'à maintenant. Pourquoi ce choix ?

           - Et bien, j'ai longtemps réfléchi à ce que je pouvais amener et je me suis dit que vous recherchiez quelque chose qui a beaucoup de valeur. Personnellement, je n'ai pas d'objet qui ait une réelle valeur, excepté une valeur marchande comme ma voiture ou mon appartement. Je n'ai rien qui ait une valeur historique, aucun bijou ou objet de famille, aucun objet ancien, ou rare. J'ai donc décidé de vous donner l'objet qui compte le plus pour moi, et c'est cette lettre.

           - Intéressant. Tu sais, tu as beaucoup évolué ces derniers jours, j'espère que tu t'en rends compte.

           L'homme venait de lui couper le souffle une seconde fois.

           - Co... comment ? Comment pouvez-vous ...?

           L'homme sourit, d'un sourire franc et amical.

Le compte à reboursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant