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Site de la Maison Blanche, Washington D.C, 9h52.
Dès leur réveil, vers huit heures, William et Clara s'étaient rendus sur Pennsylvania Avenue. Ils avaient fait tout le tour du périmètre de sécurité, afin de se donner une idée d'ensemble. La zone était immense, s'étendant sur tout le Parc du président, comprenant le site de la Maison Blanche, le parc Lafayette et l'Ellipse. L'armée contrôlait un immense rectangle de près d'un kilomètre carré, allant de Constitution Avenue au sud à H Street au nord, et de la quatorzième rue à l'est à la dix-septième rue à l'ouest.
Alors qu'ils revenaient à leur point de départ, William et Clara n'eurent pas le temps de chercher un moyen d'entrer que des marines équipés de porte-voix ordonnaient à la foule de quitter les lieux. Les soldats agrandissaient de nouveau le périmètre de sécurité. D'où il se trouvait, William pouvait à peine apercevoir le temple et même en cas d'explosion, la foule était bien trop loin pour être atteinte. Contraint de devoir obéir et reculer, William sentit un terrible sentiment d'impuissance l'envahir. Il ne pouvait rien face à ces soldats. Il en était réduit à devoir faire comme tout le monde et à attendre que d'autres décident pour lui de son sort, de celui de ses enfants, de son pays, de l'humanité tout entière. C'était terriblement frustrant de se rendre ainsi compte qu'il n'avait aucun contrôle sur sa propre vie. Comment avait-il pu être assez naïf pour penser qu'il était différent, toute sa vie, qu'il n'était pas manipulé et qu'il vivait sa vie comme bon lui semblait ? Là, à cet instant précis, seul au milieu du troupeau dirigé par des cow-boys en rangers ayant troqué leurs lassos pour des fusils d'assaut, il eut conscience de sa condition de simple humain, tentant de vivre tant bien que mal en attendant l'heure de sa mort. Dont certains allaient peut-être précipiter l'heure.
Après avoir marché pendant sept cents mètres environ, la foule avait été parquée au sud près du Washington Monument, dans le parc. Là, les soldats avaient installé deux nouvelles rangées de barrières avec une redoutable efficacité devant une foule étrangement docile. Seuls quelques individus protestaient ici et là. Ce fut au bout d'un bon quart d'heure d'attente que le ton commença à monter. De plus en plus de personnes réclamaient des explications, certaines en venant quasiment aux mains avec les soldats. C'est alors qu'un premier lieutenant s'empara d'un porte-voix ultra puissant et intima à la foule l'ordre de se calmer. Une fois un silence relatif revenu, il expliqua à la foule pourquoi elle avait été déplacée. L'armée avait décidé de raser le temple.
- Les enfoirés ! souffla William.
Deux F15 Strike Eagle furent vite sur les lieux et, après avoir survolé la zone trois fois en attendant l'ordre de tirer, réduisirent le bâtiment à néant, le tout dans un vacarme assourdissant. La quasi-totalité des personnes présentes eurent pour réflexe de s'accroupir en se protégeant la tête des deux mains.
Une fois la poussière dispersée, tous les regards se tournèrent vers le temple. Même les soldats ne purent s'empêcher de se retourner et de jeter un coup d'œil. Le bâtiment se situait si loin qu'il fallut plusieurs secondes à William pour localiser le point d'impact. Et, alors qu'il s'attendait à le voir toujours debout, c'est avec une petite pointe de déception, étrangement, qu'il s'aperçut qu'il n'en restait plus que des gravats. Les personnes qui l'entouraient avaient des réactions contradictoires. Certaines n'en croyaient pas leurs yeux et elles étaient un peu déçues comme William, d'autres simplement soulagées. Plusieurs poussaient des cris de victoire, tandis que quelques-uns pleuraient, la tension retombant enfin après ces nombreuses heures éprouvantes.
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Le compte à rebours
ParanormalPartout sur Terre, au même moment, de terribles explosions réduisent en cendres des lieux de forte importance politique, religieuse ou économique. Se pose alors la question de savoir qui en est l'auteur. Aux États-Unis, comme partout ailleurs, c'es...