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Temple de Washington D.C, 15h47.
William et Lucy avaient pénétré dans la deuxième salle depuis un long moment. Lucy parlait de moins en moins, elle souffrait de sa blessure et avait commencé à avoir de la fièvre quelques temps après avoir foulé le sol en métal rouillé.
Le lieu était terrifiant. Peu de temps après leur arrivée, elle avait montré des signes de panique, sursautant, criant, pleurant. En proie à toutes sortes de visions, elle semblait se battre avec des ennemis invisibles. Au début, William avait mis cela sur le compte de la blessure et de l'état de choc dans lequel elle devait se trouver, mais il avait vite compris de quoi il retournait.
Il avait commencé à apercevoir des formes étranges, tapies dans l'ombre. Il sentait le sol bouger sous ses pieds, et les murs semblaient respirer. Partout, l'impression que quelque chose grouillait : sur le sol, au plafond, dans les murs, dans les barrières de métal, dans sa tête... oui dans sa tête... ça grouillait... ça le démangeait au plus profond de son cerveau... .
Depuis peu, les pires moments de sa vie défilaient devant ses yeux. Non content de les revoir, il ressentait les mêmes émotions qu'alors. C'était peut-être même pire, plus intense encore, étant donné toutes ces années où il les avait ressassés, et enfouis en lui-même.
Il s'évertuait à continuer de parler à Lucy, tentant de repousser ces sinistres visions, mais cela devenait de plus en plus difficile au fur et à mesure qu'ils avançaient. Maintenant, il devait aussi soutenir la jeune femme par les épaules afin de l'aider à marcher. Elle était de plus en plus faible, brûlante de fièvre, et s'enfonçait progressivement dans une dangereuse somnolence.
L'état de William se dégradait lui aussi. Il avait froid, de plus en plus froid. Cela s'était tout d'abord manifesté par une perte de sensation au niveau de ses extrémités, puis le froid avait gagné l'ensemble de son corps. Et quelle fatigue. En plus d'avoir Lucy à épauler, de devoir se battre avec les souvenirs et les visions qui s'imposaient à lui, il devait lutter contre une assommante envie de dormir. Plus il avançait, et plus l'objectif initial de cette expédition s'éloignait de son esprit, petit à petit remplacé par une profonde envie de tout arrêter là.
Par moments, il désirait seulement s'arrêter dans un coin, s'allonger, et prendre un peu de repos. Mais à d'autres, notamment lorsqu'il se trouvait dans les successions d'escaliers plus raides les uns que les autres, il lui venait l'envie d'en finir, l'idée qu'il serait tellement plus simple de se jeter par-dessus la rambarde.
Il continuait malgré tout à avancer, péniblement, Lucy quasiment muette désormais, s'appuyant de plus en plus sur lui.
- Lucy... soupira William en plein effort pour monter les premières marches d'un escalier qui semblait sans fin.
Aucune réponse.
- Lucy, vous m'entendez ?
Toujours pas de réponse. Il regarda sur sa gauche et vit qu'elle pleurait. D'épaisses larmes roulaient le long de ses joues et son corps était secoué de spasmes.
- Lucy, est-ce que ça va ?
Enfin, elle ouvrit les yeux, puis se tourna vers William. Lorsque son regard rencontra le sien, c'était comme si elle avait pris son cœur d'une main gelée et qu'elle l'avait serré de toutes ses forces. Quelle tristesse ! Comment pouvait-on être aussi triste ? Dans les yeux de la jeune femme régnait une telle douleur, une telle peine, que William ne put soutenir son regard et dut se détourner d'elle.
- Je suis désolée...
William se tourna de nouveau vers elle.
- Désolée de quoi ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
La jeune femme le regardait sans le voir. Elle semblait ne s'adresser à personne en particulier.
- Je suis désolée... désolée de n'avoir rien pu faire....
***
Jamais Lucy n'avait ressenti un tel mal-être. Elle revivait en continu toutes les fois où elle n'avait pas pu, ou pas voulu, aider quelqu'un, ainsi que toutes les souffrances qu'elle avait pu infliger, volontairement ou non, aux personnes qui l'entouraient. Même aux animaux, aux insectes. Ces insectes qu'elle avait fait souffrir, juste pour le plaisir, lorsqu'elle était enfant... Cette jeune fille, Lola, qui avait tenté de se suicider lorsque Lucy était sortie avec Jordan O'Neill, au lycée. Elle était follement amoureuse de lui, et Lucy l'avait appris par la suite. Il avait profité de la pauvre Lola quelques semaines plus tôt, lui promettant monts et merveilles... Ce chat qu'elle aimait tant, Glop, elle avait passé plus de dix ans à le dorloter, à le câliner, il dormait avec elle chaque nuit. Puis, un beau jour, lorsqu'elle avait eu son premier petit ami, elle avait commencé à le rejeter de sa chambre pour rester avec son amoureux. Quelques mois plus tard, le chat était mort, elle s'en était toujours voulu... Ce garçon, Todd, amoureux d'elle durant cinq longues années. Il lui avait fait des avances tout ce temps, sans qu'elle daigne lui adresser la parole, elle ne lui avait laissé aucune chance, il était tombé en dépression... Tous ces gens lui ayant demandé son aide dans la rue...
Les images défilaient à une vitesse folle, mais ce n'était pas ça le pire. Le pire, c'était qu'elle ressentait la peine et la douleur de tous ces gens, de tous ces animaux. Bien entendu, la grande majorité de ce qu'elle voyait n'était pas grave, ou alors elle n'avait pas volontairement fait souffrir ces gens, mais elle ressentait toute cette peine. Elle était submergée.
Un sans-abri suppliant pour qu'on lui donne une pièce... Un homme se faisant prendre à partie par une bande de voyous... Une femme prenant une gifle par son mari dans le bus... Ces enfants mourant de faim à la télévision... Ces victimes de la guerre... Les animaux abattus sans aucune pitié pour se retrouver ensuite dans son assiette... Tous les gens qu'elle avait vu mourir ces derniers jours... Cela n'arrêtait pas... Elle hurla.
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Le compte à rebours
ParanormalPartout sur Terre, au même moment, de terribles explosions réduisent en cendres des lieux de forte importance politique, religieuse ou économique. Se pose alors la question de savoir qui en est l'auteur. Aux États-Unis, comme partout ailleurs, c'es...