Le compte à rebours

Chapitre 17

17

Appartement de Quentin Falk, Manhattan, New York City, 19h52.

           Quentin en était désormais convaincu, la fin du monde approchait. Tout ce ci ne pouvait être un canular. Il avait passé la totalité de la journée devant les écrans de son ordinateur et de la télévision, zappant entre les différentes chaînes étrangères à sa disposition, tout en s'arrêtant sur CNN de temps à autre.

           La plupart des pays avait réagi de la même façon que les États-Unis en envoyant des soldats en reconnaissance dans les bâtiments, mais tous n'avaient pas été tués comme à Washington. En Allemagne et au Canada par exemple, les soldats étaient ressortis des bâtiments sains et saufs. Dans d'autres pays, seule une partie de la faction avait eu la vie sauve, comme en Angleterre ou en Égypte. Malheureusement, il y avait un nombre important de pays où tous les soldats, sauf un, avaient été terrassés.

           Quentin suivait maintenant un débat anglais sur la raison de ces différences selon les pays. Le plateau réunissait l'un des présentateurs les plus célèbres du Royaume-Uni, un journaliste politique très connu dans son pays, un psychiatre et un ancien commandant de l'armée britannique.

           - Une chose est certaine, disait le présentateur, aucune information sur ce qui s'est passé à l'intérieur des bâtiments n'a filtré, ni sur quels étaient les ordres au départ. Dans la majorité des pays du globe, c'est le blackout complet, aucun représentant politique ou militaire ne s'étant manifesté depuis plusieurs heures.

           - Sans compter qu'ils savent ce qui s'est passé, puisque dans le pire des cas, un soldat s'en est sorti à chaque fois, ajouta l'ex-commandant.

           - A ce sujet, Commandant, reprit le journaliste, quelle est la procédure habituelle dans des cas pareils ? Comment se passe l'interrogatoire du ou des témoins ?

           - Ceci dépend des circonstances et il se trouve que personne n'a jamais eu à affronter une telle situation. Quoi qu'il en soit, dans le cas où il n'y a qu'un seul survivant, ce dernier est transporté dans une unité de soins militaire, où il est interrogé par plusieurs personnes, dont son supérieur hiérarchique direct. Dans le cas où une partie des soldats, ou tous, sont revenus, le chef de mission va faire un rapport détaillé à son supérieur. Ce dernier pourra ensuite, s'il le souhaite, interroger les autres soldats présents sur les lieux.

           - Très bien. Mais pensez-vous que l'armée et le gouvernement pourraient nous cacher la vérité dans un cas comme celui-ci ?

           - Bien entendu, et ce ne serait pas la première fois. S'ils estiment que cela éviterait des mouvements de panique ou ne servirait pas leurs intérêts, ils n'hésiteraient pas une seule seconde.

           - Je vois... Apparemment c'est la méthode appliquée jusqu'ici, puisque personne n'accepte de communiquer sur les évènements récents dans les hautes sphères. Allons voir maintenant...

           Quentin zappa, à la recherche de véritables informations. Une chaîne d'information japonaise capta son attention. Il ne comprenait que quelques mots mais s'y attarda car il savait que le Japon faisait partie de ces pays où tous les soldats étaient revenus vivants de leur mission.

           A l'image, un représentant de l'armée répondait aux questions des journalistes. Visiblement, les soldats avaient emmené avec eux des caméras, mais le film était de très mauvaise qualité, rempli d'interférences. Il était possible de distinguer tout de même l'intérieur du temple. Ce dernier ressemblait à un immense entrepôt, partagé en trois parties. A l'entrée, une immense salle couvrait bien les deux tiers de l'espace. Les murs, le sol et le plafond étaient d'un blanc immaculé. Certainement du marbre blanc. Il n'y avait là qu'un interminable itinéraire balisé en lacets, délimité par des barrières blanches en métal, comme pour une file d'attente de parc d'attractions. A côté, à intervalles réguliers, étaient disposées des statues de pierre blanche représentant de colossaux géants sans visage.