Chapitre 57

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Jeudi 12 décembre, quartier de Georgetown, Washington D.C, 6h38.

          Plongé dans un profond sommeil sur le canapé, David fut réveillé par de légers bruits provenant de la cuisine. Encore sérieusement enivré, il eut du mal à se redresser. Il faisait une chaleur insoutenable. Le bras tremblant, David s'empara de l'appareil météo sur la table du salon. Il indiquait quarante-neuf degrés, soit déjà autant que la veille en pleine journée. Cela laissait supposer un pic aux environs de cinquante-cinq degrés durant la journée. Il se dit toutefois que cela ne monterait pas plus. C'était le dernier jour du compte à rebours. La dernière journée de sa vie. De leur vie à tous. Il se demanda si cela allait faire mal, comment ils allaient tous disparaître, s'il allait se rendre compte de ce qui lui arrivait.

           De nouveau, des bruits dans la cuisine. Il n'avait donc pas rêvé. Il se leva aussi vite que lui permettait son ivresse, puis se décida à aller voir. Il n'avait pas peur. Peut-être était-ce le fait qu'il savait qu'il n'avait rien à perdre au final. Il se munit tout de même de la bouteille de Mouton Rothschild 1945 encore à moitié pleine, bien qu'il n'était pas sûr de pouvoir la jeter sur un éventuel intrus.

           Le bruit d'un placard qui se refermait. Cette fois c'était certain, quelqu'un avait pénétré chez lui par effraction. Il s'approcha lentement, s'aidant des murs pour progresser de la façon la plus équilibrée possible, transpirant abondamment. Lorsqu'il se retrouva face à la porte battante de la cuisine, il hésita. Devait-il annoncer son arrivée avant de pénétrer dans la pièce, ou bien entrer afin de prendre le voleur par surprise ?

           Il opta pour la deuxième solution et poussa la porte. L'homme, qui venait de se saisir d'un pot de confiture à la fraise, le laissa échapper de ses mains sous l'effet de la surprise. Puis, rapidement, il reprit ses esprits et braqua un pistolet sur David. Il s'agissait d'un jeune homme, il ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Il avait l'air terrifié. Son arme tremblait dans sa main. David leva doucement les bras.

           - Calmez-vous, je ne vous veux aucun mal. Vous pouvez prendre tout ce qui vous plaira.

           Le jeune homme semblait de plus en plus nerveux, il était même au bord de la panique.

           - Vous avez faim ? Il reste un peu de poulet dans le réfrigérateur. Il y a aussi des tablettes de chocolat sur l'étagère du haut, à votre gauche.

           Toujours aucune réponse, il tremblait de plus en plus.

           - Allez, posez cette arme. Venez avec moi, je vous invite à boire un verre. Profitons de cette dernière journée.

           Cette fois, le jeune homme eut une légère réaction. Il scruta David de haut en bas et, comprenant qu'il ne risquait rien, commença à baisser son arme. C'est à ce moment que David fit l'erreur à ne pas commettre. Il baissa les bras et avança légèrement vers lui. Aussitôt, ce dernier réagit et lui tira deux balles dans la poitrine. Plaqué contre le mur, David regarda le sang qui s'écoulait de son thorax, puis se laissa glisser sur le sol. Là, assis, les jambes tendues, il leva les yeux vers le tireur.

           - C'est pas comme ça que je me voyais finir... Putain... C'est trop con...

           Il eut le temps de porter une dernière fois le goulot de la bouteille à ses lèvres.

Le compte à reboursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant