Chapitre 12

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Banlieue de Philadelphie, 8h12.

           Comme beaucoup, Lucy avait passé la pire nuit de sa vie. A bout de nerfs, il lui avait fallu énormément de temps pour s'endormir. Le cauchemar le plus marquant qu'il lui ait été donné de faire la réveilla ensuite en sursaut. Enfin, des cris venaient de la tirer d'un sommeil agité et elle mit quelques secondes à se rappeler qu'elle se trouvait chez Molly, la serveuse du snack. Les cris provenaient du rez-de-chaussée. Lucy s'habilla en hâte et descendit les escaliers précipitamment. Molly vivait dans une petite maison de banlieue à deux étages. Faite de bois et peinte en blanc, la maison était partagée par un long couloir étroit, menant à un petit jardin. Les escaliers se trouvaient sur la gauche du couloir. Le rez-de-chaussée possédait quatre pièces de même taille : un salon, une cuisine, un bureau et une salle à manger. L'étage était également découpé en quatre pièces, la chambre de Molly et de son mari, les deux chambres des enfants, dont l'une prêtée à Lucy pour la nuit, et la salle de bains.

           Alors qu'elle arrivait au bas des escaliers, Lucy entendit Molly parler à toute vitesse, sans prendre le temps de respirer. Son mari se contentait, quant à lui, de maugréer des « c'est pas possible » et des « les fumiers ». En fond sonore, la télévision diffusait les informations. A peine eut-elle franchi le seuil du salon que son regard se fixa sur l'écran aux dimensions impressionnantes. Ni Molly, ni son mari, ne s'étaient rendu compte de son entrée et elle comprit rapidement pourquoi.

           A la télévision, des images apocalyptiques défilaient. Washington, New York, Los Angeles, Las Vegas, ainsi que de nombreuses grandes villes européennes, toutes vivaient la même terrible situation. Les caméras s'attardaient sur un terrain dévasté par l'explosion de la veille au milieu duquel trônait un immense cube de brouillard complètement opaque. Dans chaque ville, ces cubes étaient apparus à l'emplacement exact des explosions.

           Lucy était bouche bée. Tout était exactement comme dans son rêve. Était-ce possible qu'il ne s'agisse pas d'un rêve ? Tout cela était-il réel ? Au prix d'un bel effort de volonté, elle parvint à détourner son regard de la télévision et s'approcha de Molly. Lorsqu'elle posa sa main sur son épaule, Molly sursauta et poussa un cri rauque. Elle se retourna et Lucy put alors voir la peur qui étreignait son visage. Molly ne semblait pas la reconnaître.

           - C'est moi, Molly, c'est Lucy. Je suis désolée de vous avoir fait peur.

           Molly plissa les yeux et sembla enfin reconnaître son invitée. Un immense soulagement se lut sur son visage. Puis, dépité, elle désigna l'écran de télévision à Lucy.

           - C'est invraisemblable, ça fait plus de deux heures que tous les médias ne parlent que de ça. Et jusqu'à maintenant, personne n'a pu avancer la moindre explication.

           Alors que Lucy était en train de se demander si elle devait parler à Molly et à son mari de son rêve, le présentateur de FOX News interrompit le reportage, annonçant qu'il y avait du nouveau à Washington. Une envoyée spéciale se tenait devant la caméra, annonçant qu'une troublante déclaration avait été faite quelques minutes auparavant. Un homme d'une quarantaine d'années, qui disait s'appeler William Stone, apparut à l'écran. Son discours aux journalistes fut retransmis, et la jeune envoyée spéciale réapparut.

           - Tout le monde ici est dans l'expectative, ne sachant pas trop quoi en penser. D'ailleurs...

           La jeune femme fut incapable d'enchaîner, ses épaules s'affaissèrent et des larmes roulèrent le long de ses joues.

Le compte à reboursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant