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Super 8 de Waynesboro, Virginie (États-Unis), 15h55
Lucy avait passé la journée enfermée dans sa chambre, scotchée devant la télévision. Elle n'avait pas vu le temps passer et lorsqu'elle jeta un coup d'œil à sa montre, son estomac émit un long gargouillis. Elle se décida à se rendre dans la salle à manger du motel, plutôt que manger dans sa chambre. Profondément choquée par le déferlement de violence dont elle avait été témoin, elle avait besoin de voir des gens pour se reconnecter au monde réel, du moins pour se dire que le monde réel n'en avait pas été réduit à toutes ces images horribles qui repassaient en boucle à la télévision.
Elle avait pour seule compagnie le gérant de l'hôtel, le jeune commercial de ce matin et un jeune couple qui voyageait à travers l'état. Le gérant, comme à son habitude, pestait et maugréait devant l'écran de télévision, vociférant contre l'armée et annonçant une fin du monde certaine. De son côté, le jeune homme tentait de rassurer sa petite amie visiblement très troublée par les évènements et les paroles du vieil homme. Ils devaient être en vacances universitaires et en profitaient pour faire une petite escapade en amoureux. Lui, sportif, était vêtu d'un jean bleu classique, surmonté d'une chemise à carreaux rouges et blancs qui retombait à mi-cuisses. Par-dessus, il portait un blouson en cuir rouge et à manches blanches, arborant fièrement le blason de la fac. Elle, une belle blonde aux cheveux bouclés, aux yeux bleus, portait également un jean bleu classique avec un fin chemisier blanc. Lucy se dit qu'il était inapproprié pour la saison, mais pas cette année, pas avec cette chaleur. Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. L'optimisme et l'insouciance qui se dégageaient de leur couple la touchait profondément.
Le jeune homme, Jonathan, profita du moment où sa petite amie se rendait aux toilettes pour tenter de convaincre le gérant de l'hôtel de mesurer un peu ses propos. Mais devant l'absence de résultat, il n'insista pas et retourna s'asseoir, ce qui ne manqua pas de faire ricaner le commercial. C'est finalement vers ce dernier que Lucy se dirigea, poussée par le besoin de parler à quelqu'un. Quelque chose la dérangeait pourtant chez cet homme, sans qu'elle ne puisse dire quoi.
- Bonjour Mademoiselle, veuillez vous joindre à moi je vous en prie. Nous n'avons pas eu l'occasion de faire connaissance. Je m'appelle Brent, se présenta-t-il en lui tendant la main.
- Merci c'est gentil. Lucy, enchantée.
Il avait plutôt un physique agréable et son franc sourire, ainsi que son regard feutré, devaient lui assurer un certain succès auprès des femmes. Au départ légèrement rebutée par son côté hautain, Lucy s'aperçut rapidement qu'il était plutôt intelligent, cultivé et qu'il était très agréable de partager une conversation avec lui.
Tout d'abord occupés à commenter les images qui défilaient devant leurs yeux, ils s'étaient laissés aller à des suppositions. Alors que Lucy n'avait aucun avis tranché sur la question, excepté le fait qu'elle était persuadée que tout ceci était réel et que l'humanité tout entière se trouvait sous une épée de Damoclès, Brent était persuadé que c'était le Diable qui se montrait enfin.
- Après plusieurs millénaires à rester dans l'ombre et à s'abreuver de toute la merde que nous avons déversée sur le monde, il est de retour pour nous détruire.
Cette thèse lui semblait quelque peu tirée par les cheveux, mais Lucy se laissa prendre au jeu.
- Très bien, admettons. Mais dans ce cas, qu'est-ce que le Diable est venu chercher sur terre ?
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Le compte à rebours
ParanormalePartout sur Terre, au même moment, de terribles explosions réduisent en cendres des lieux de forte importance politique, religieuse ou économique. Se pose alors la question de savoir qui en est l'auteur. Aux États-Unis, comme partout ailleurs, c'es...