Chapitre 60

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Temple de Washington D.C.

           Une fois entré, il s'arrêta sur le pas de la porte afin d'analyser la situation. La pièce était telle qu'il l'avait vue à la télévision. Alors qu'il s'était attendu à ressentir de la peur, à perdre ses moyens à la vue de sa noirceur, il n'éprouvait rien de tout cela. Curieusement, le marbre noir qui recouvrait l'ensemble du sol et des murs donnait l'impression que la pièce était vivante. Le scintillement des étoiles se reflétait sur le marbre. L'autel d'une blancheur éclatante sur lequel reposait le trône de cristal ressortait et donnait une impression de puissance incroyable.

           William se sentait bien, confiant, rassuré, mais il savait que tout ceci n'était qu'une illusion, destinée à le tromper et à lui faire baisser sa garde. Il ne se laisserait pas berner aussi facilement.

           - Et bien William, approche.

           Au son de cette voix puissante mais calme, qui résonnait sur les murs de la pièce, William eut un léger sursaut. Il chercha des yeux son origine.

           - Tu m'excuses, mais j'en avais assez de rester assis.

           L'homme apparut sur le côté gauche de l'autel. William l'observa attentivement. Il s'attendait à se retrouver nez à nez avec une créature tout droit sortie de l'enfer, mais il n'en était rien. C'était un homme. Un homme au physique plutôt banal qui se dirigeait tranquillement vers lui.

           - William, tu fais partie de ceux que j'avais hâte de rencontrer.

           William était troublé, comment cet homme pouvait-il connaître son nom et avoir hâte de le rencontrer ?

           - Ah bon ? Et je peux savoir pourquoi ?

           L'homme sourit.

           - Détends-toi, je ne vais pas te faire de mal. Tu es trop sur la défensive, William. Je dirais même que tu frôles la paranoïa parfois.

           - Vous avez l'air de bien me connaître.

           - En effet, cela fait un petit moment que je te suis. Mais tu sais, je vous connais tous. Je ne sais toutefois pas ce qui se passe dans votre tête au moment présent, même si souvent, c'est tellement évident que je peux le deviner.

           William hésita, il ne savait pas par où commencer. Outre la légère tension qui régnait dans la pièce, il était totalement épuisé et toutes les cellules de son corps le faisaient souffrir. Il avait de plus en plus de mal à se concentrer, et devait pour cela mobiliser une énergie considérable.

           - Vous êtes qui, au juste ? Un démon ? Le Diable ? Un extra-terrestre ? Un camé qui aurait pris trop d'acide ?

           L'homme se mit à rire franchement.

           - Ah William, toujours le mot pour rire. Malgré tout, je vais faire le rabat-joie. Nous devons parler affaires. Que m'as-tu apporté ?

          C'était l'instant de vérité. Devait-il lui donner le sabre en espérant que c'était ce qu'il recherchait, ou bien devait-il tenter sa chance et lui trancher la tête. Il lui fallait prendre une décision rapidement, jouer sur l'effet de surprise et profiter des forces qui lui restaient.

          Soudain, l'homme rit de nouveau.

          - Je peux savoir ce qui vous fait rire ? demanda William, troublé et vexé à la fois.

          - Ah ces humains, vous êtes incorrigibles. Je vais t'aider à prendre une décision.

           William faillit tomber, ses jambes ne répondaient plus.

           - Ce sabre a beau être magnifique, ce n'est pas ce qui te permettra de sauver ton espèce. Je tiens tout de même à te féliciter, c'est une très belle pièce. Il a appartenu à Toyotomi Hideyoshi, je m'en souviens comme si c'était hier.

           Comme si c'était hier... William répéta plusieurs fois ces mots dans son esprit. Il était donc déjà là à l'époque d'Hideyoshi. Comme si c'était hier...

           - En ce qui concerne ta deuxième option, je vais te faciliter la tâche, regarde.

           L'homme s'approcha de lui puis s'agenouilla devant lui.

           - Voilà, je suis à ta merci. Mais autant te prévenir, tu n'as aucune chance. Tu ne crois tout de même pas réussir là où des commandos d'élite surarmés ont échoué, si ?

           William était atterré. Comment avait-il pu deviner ? D'autant plus qu'il disait certainement vrai, il n'avait aucune chance. Mais que faire alors ? Abandonner et attendre paisiblement la mort, comme un lâche ?

           - Alors tu te décides ? Tu ferais mieux de laisser tomber. Tu ne peux rien faire pour enrayer tout ceci, alors autant rentrer chez toi et profiter de tes derniers instants avec ta famille. Fais comme les autres, abandonne !

          - Je ne suis pas les autres !!! Et je refuse de quitter cet endroit sans rien en contrepartie !!! Je ne suis pas venu ici pour rien !!!

           L'homme sourit de nouveau, mais différemment cette fois-ci, il semblait désappointé.

          - William, tu sais tout comme moi que vu l'état de ta blessure, le moindre coup reçu risquerait de te faire perdre la vie.

          Une nouvelle fois, l'homme avait vu juste, il savait pour sa blessure. William regarda furtivement son abdomen, une inquiétante tâche brunâtre était apparue sur son T-shirt.

           - Tant pis, je prends le risque.

           Et, d'un geste d'une vitesse impressionnante, William sortit le sabre de son fourreau attaché dans son dos et trancha la tête de l'homme agenouillé devant lui.

           Ce dernier n'eut pas le temps de réagir et, tandis que du sang commençait à s'écouler de la plaie béante sur son cou, il fixa William de ses deux yeux grands ouverts de surprise. Puis, son expression se figea et il s'effondra sur le sol, sa tête roulant un bon mètre plus loin.

Le compte à reboursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant