Le compte à rebours

Chapitre 40

40

Mardi 10 décembre, Bureau du général McDouglas, Pentagone, 7h20.

           Le général s'était repassé en boucle le scénario de ces dernières heures ainsi que la suite à donner durant toute la nuit. Gates et Moon enfin arrêtés, l'excitation à l'idée de leur rendre une petite visite à la première heure n'avait fait que croître heure après heure. Il lui fallait également trouver une solution en ce qui concernait ces maudits bâtiments. Finalement, une idée lui vint, et il trouva le sommeil vers quatre heures. Il savait enfin comment imposer son plan à tout le monde.

           Le réveil fut étonnamment facile étant donné le peu d'heures de sommeil, mais la perspective de celles à venir motivait le général comme jamais. En revanche, il se réveilla dans des draps complètement trempés. A peine levé, il alluma la télévision sur la chaîne météo. Trente-deux degrés. Cela n'augurait rien de bon. Au minimum quarante degrés à la mi-journée.

           Une fois dans son bureau au Pentagone, il fut informé de l'évolution de la situation. Le nombre de crimes augmentait à une vitesse folle. Tant mieux pensa-t-il, cela allait être encore plus facile. Il n'attendait plus qu'un nouvel incident majeur pour commencer les opérations. Mais avant toute chose, il comptait savourer un petit moment de gloire. Il demanda à ce que l'on fasse venir Gates et Moon. Puis il s'assit dans son bureau, alluma un énorme cigare et attendit, le sourire aux lèvres.

           Lorsque ses deux prisonniers entrèrent, il eut l'immense plaisir de voir qu'ils étaient exténués. Il avait expressément demandé à ce que l'on ne leur serve que de l'eau du robinet, récupérée par les gardes eux-mêmes, qu'ils soient vêtus d'une tenue de prisonnier vérifiée au préalable et qu'on les fasse dormir à même le sol. Le résultat était conforme à ses attentes, en tout cas en ce qui concernait Moon. Il avait les traits tirés, les yeux injectés de sang, d'énormes cernes bleu-noir sous les yeux. Le teint pâle comme de la craie, il se tenait difficilement debout, presque voûté. Sans compter que sa cheville gauche avait beaucoup enflé à la suite de sa chute dans les égouts. Il devait avoir une grosse entorse, peut-être même une fracture. Gates lui, semblait moins mal en point. Toutefois, malgré ses efforts pour ne montrer aucun signe de faiblesse au général McDouglas, il était évident qu'il n'était pas au mieux de sa forme.

           - Bien, asseyez-vous chers amis, fanfaronna le général. Du moins, Monsieur Moon, donnez-vous la peine de vous asseoir, vous semblez être dans une petite forme.

           Aucun des deux hommes ne répondit aux sarcasmes du général.

           - Bon, assez plaisanté, il se trouve que vous avez perdu, tous les deux. Vous avez voulu me défier, mais vous avez échoué.

           - Échoué ? répondit le général Gates en souriant. Nous avons montré ce qui se passe réellement dans ces temples à une population à laquelle vous avez menti. Que vous le vouliez ou non, nous sommes peut-être vos prisonniers, mais nous avons rempli notre mission.

           Le général McDouglas éclata de rire.

           - Pauvre idiot ! Que pensez-vous avoir fait ? Que croyez-vous changer avec cette simple vidéo ? Je vais vous montrer quelque chose.

           Il alluma la télévision. Il s'agissait des informations. On y voyait des scènes de combat, des victimes, des villes dévastées, tout comme la veille, mais en pire. Les renforts policiers et militaires n'avaient fait qu'aggraver la situation. Après avoir tenté de faire fuir les bandes les plus violentes par la force, certains jeunes soldats avaient perdu le contrôle et s'étaient permis de tirer sans ordres. Cela n'avait fait qu'intensifier la haine qui régnait dans les rues et les militaires s'étaient vu attaqués à coup d'explosifs de fortune, avant de servir de cibles privilégiées pour quelques snipers. Un officier de police expliqua au journaliste que les forces de l'ordre, ainsi que les pompiers et les militaires, étaient complètement débordés. La situation était devenue totalement incontrôlable, plus personne n'était en sécurité, même à l'intérieur de la zone dite sécurisée. Le général coupa le son, puis se retourna vers ses détenus.