Chapitre 15

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Pentagone, Washington D.C, 15h12.

           La cellule de crise était en ébullition. Le général McDouglas avait insufflé son énergie dans chaque corps, dans chaque centimètre carré des lieux, et tout le monde était impatient à l'idée de contre-attaquer. La peur avait été présente tant que l'attente perdurait. Désormais, place à l'action. Quelques employés en désaccord avec le général, très peu nombreux, avaient abandonné leur poste. D'autres savaient pertinemment que les propos du général n'étaient que de la poudre aux yeux, mais préféraient l'ignorer. Ils obéissaient aux ordres et voyaient dans le travail un moyen de cesser se torturer l'esprit.

           Dans la salle de réunion, les chefs d'état-major étaient une nouvelle fois réunis. Ils avaient terminé de définir leur plan d'action depuis une bonne heure et attendaient l'aval du remplaçant du président. Normalement, c'était au président, chef des armées, de décider des actions à mener en temps de guerre et rien ne pouvait se faire sans son accord. Or, à la mort de ce dernier, le vice-président prenait sa succession. Mais comme il était également décédé, cette tâche fut confiée à Andrew Jackson, le président de la chambre des représentants, en attendant qu'un nouveau président soit élu. Cela faisait maintenant plus de trente minutes qu'il s'était isolé dans le petit bureau adjacent à la grande salle afin de prendre une décision. Du côté des militaires, on commençait à s'impatienter.

           - Malgré son statut, il n'est même pas le vice-président et n'a pas la carrure pour prendre de telles décisions, maugréa le général Brooks. Jamais il ne donnera l'ordre de lancer une offensive, ce n'est qu'une chiffe molle et tu le sais bien, Georges.

           - Je sais, Ryan, acquiesça le général McDouglas, mais c'est justement pour cela qu'il va céder.

           Les généraux se redressèrent sur leurs sièges. Ravi d'être une nouvelle fois le centre de l'attention, le général McDouglas laissa planer le suspense quelques instants. Puis, dans un sourire glacial, il s'adressa à ses collègues.

           - Il est coincé, il n'a pas d'autre choix que de s'en remettre à moi. Il vient de se voir promu président des États-Unis en quelques heures, et doit faire face à la pire attaque que le monde ait connu, tout en sachant que le monde entier attend que nous nous positionnions. De plus, Jackson connaît ma cote de popularité et sait pertinemment qu'il a besoin de m'avoir dans son camp.

           Les généraux étaient ravis. La seule chose qui comptait à leurs yeux désormais, c'était la guerre.

           Un petit quart d'heure plus tard, le conseiller du président fit son entrée dans la salle, tandis que l'amiral Wellington exposait à ses collègues la marche à suivre en ce qui concernait la marine.

           - Général McDouglas, Monsieur Jackson est prêt à vous recevoir.

           - Très bien, nous continuerons cela un peu plus tard. Profitez-en pour faire une petite pause, chers amis. Les heures à venir vont être éprouvantes.

           Il quitta la pièce afin de se rendre dans le bureau annexe, sûr de lui. Andrew Jackson l'attendait derrière son bureau, une tasse de café entre les mains. Âgé de quarante-sept ans, il en paraissait vingt de plus en cet instant. D'immenses cernes s'étaient incrustées sous ses yeux épuisés, réduits à deux petites fentes sur un long visage pâle comme un masque vénitien. Son dos était voûté, écrasé par une masse invisible. Ses cheveux grisonnants étaient ébouriffés et ses mains tremblaient légèrement, expulsant dans un mouvement régulier des gouttelettes de café de la tasse sur les documents posés devant lui.

Le compte à reboursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant