64
Parc zoologique national de Washington, 15h25.
Lucy avait quitté le temple depuis plusieurs heures maintenant. Après avoir erré dans les rues sans savoir où aller, elle avait décidé de se rendre dans l'un des endroits qu'elle préférait, afin d'y passer ses derniers moments. Elle adorait les animaux, leur vouant une véritable passion. Toute petite déjà, elle était irrémédiablement attirée par eux, allant caresser les chiens dans la rue, à travers les portails et les grillages. Et eux venaient naturellement vers elle. Elle ne supportait pas que l'on fasse le moindre mal à un animal, ne serait-ce qu'au plus petit des insectes. Elle avait l'impression de pouvoir communiquer avec eux, mais c'était même plus qu'une impression, elle en était certaine. Elle avait toujours été persuadée qu'ils comprenaient tout, et qu'il était facile de les comprendre à partir du moment où on le voulait vraiment. Tout était plus simple avec eux, il n'y avait pas de triche, il suffisait d'être soi-même, ils voyaient à travers nous.
Elle se rendit donc à l'endroit tout indiqué, le parc zoologique national de Washington, situé à environ quatre kilomètres du temple. Il faisait une chaleur insoutenable, un panneau d'information appartenant à une grande pharmacie indiquait cinquante-six degrés. Se mouvoir était un véritable calvaire. Lucy avait l'impression de porter un sac de pierres sur son dos dans lequel quelqu'un ajoutait sans cesse du poids. Le seul avantage de cette chaleur était que les rues étaient devenues bien plus calmes, les habitants qui étaient restés dans la cité cherchant impérativement le moindre coin de fraîcheur.
Comme elle s'y attendait, le portique d'entrée des visiteurs était ouvert et elle put pénétrer dans le parc. Elle aimait tous les animaux, mais ses préférés étaient les félins, les singes, et surtout les loups. Elle se rendit immédiatement dans l'aile du zoo réservé aux primates, la plus proche d'elle.
Alors qu'elle approchait de l'enclos des Orangs-Outans, elle vit un employé passer en courant. Elle le suivit et le retrouva en train d'ouvrir la cage des gibbons.
- Hé ! Mais que faites-vous !
L'homme se retourna. Il était d'origine amérindienne et devait avoir la trentaine bien passée.
- Qu'est-ce que vous faites là ?! Le zoo est fermé ! Non mais faut vraiment être stupide pour se ramener maintenant !
Et l'homme se rendit sans plus attendre vers l'île des lémuriens. Lucy ne comptait pas en rester là et le suivit à nouveau.
- Mais qu'est-ce que vous faites ?
L'homme se retourna, visiblement exaspéré.
- Mais bordel, vous êtes encore là vous ? J'ouvre les cages, je pensais que ça avait le mérite d'être clair. Non ?
- Mais... Mais pourquoi faites-vous cela ?
Cette fois, l'employé du zoo semblait vraiment en colère.
- Ecoutez, il est tout simplement hors de question que je meure en me disant que ces animaux resteront enfermés et qu'il n'y aura personne pour s'occuper d'eux.
Lucy resta bouche bée. Pour elle, la planète allait être détruite, et il n'en resterait rien. Mais effectivement, elle se souvint que l'homme avait menacé uniquement l'humanité de disparition.
- Vous pensez qu'il va épargner les animaux ?
L'homme était à deux doigts de perdre patience et ne faisait pas beaucoup d'effort pour le cacher.
- Ecoutez, si nous disparaissons à cause de tout le mal que nous avons fait, il n'y a aucune raison que les animaux en paient également le prix. Je pense qu'ils ont assez souffert par notre faute. Donc oui, peut-être que toute forme de vie va disparaître, mais il y a une chance pour que ce ne soit pas le cas. Et il est hors de question que je meure avec ce doute en tête. Alors maintenant, soit vous déguerpissez, soit vous m'aidez.
Lucy fut instantanément séduite par sa proposition de l'aider. En effet, quoi de mieux, faute de pouvoir être avec sa famille et ses amis, que de se dévouer à la cause animale durant les dernières heures de sa vie.
- Je vous aiderai avec grand plaisir. Je m'appelle Lucy, dit-elle en avançant la main.
- Chris. Alors voilà ce que nous allons faire. On ouvre d'abord les cages des herbivores, des oiseaux et des primates. Puis nous irons relâcher les reptiles, avant de terminer par les grands carnivores. Les félins seront ceux que nous relâcherons en dernier.
- Mais vous n'avez pas peur qu'ils s'en prennent aux gens dans la rue, ni même aux autres animaux.
- Ne vous inquiétez pas, j'ai un plan. Nous allons relâcher tous les animaux inoffensifs maintenant. Nous nous occuperons des reptiles et des ours en début de soirée. Puis ce sera au tour des loups vers vingt-deux heures. Enfin, un peu avant minuit, nous libérerons les félins. Les seuls que j'hésite à libérer sont les pandas. Ils ont un immense enclos, avec de quoi se nourrir sans l'aide de l'homme. Alors que dans la nature, ici à Washington, ils ne tiendraient pas vingt-quatre heures.
- Je comprends. En revanche, vous ne pensez pas que ça fait un peu tard en ce qui concerne les félins ?
- Si je me réfère au premier message télépathique que nous avons reçu, il disait que nous disparaîtrions dans six jours, or le message nous a été donné durant la nuit, très exactement à trois heures du matin.
- Très bien, dans ce cas, je vous suis.
VOUS LISEZ
Le compte à rebours
FantastiquePartout sur Terre, au même moment, de terribles explosions réduisent en cendres des lieux de forte importance politique, religieuse ou économique. Se pose alors la question de savoir qui en est l'auteur. Aux États-Unis, comme partout ailleurs, c'es...