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Lundi 9 décembre, Bureau du général McDouglas, Pentagone, 7h31.
Manning avait été excellent, comme toujours. Le général avait de nouveau l'impression d'avoir les choses en main. La journée de la veille n'était plus qu'un mauvais souvenir. Quelqu'un frappa. Il donna la permission d'entrer. C'était un jeune soldat qui venait lui apporter les vidéos de surveillance de la prison. Le général les avait réclamées, afin de se faire sa propre idée quant à la façon dont Gates et Moon avaient bien pu s'échapper de leur cellule. Alors qu'il tendait la main au jeune soldat afin qu'il lui remette les bandes, il s'immobilisa puis, fronçant les sourcils, invectiva ce dernier.
- Comment osez-vous, soldat ! Comment osez-vous vous présenter devant moi de cette manière ! Fermez-moi immédiatement ce col !
Le jeune homme, les joues rouges, les yeux brûlants, s'empressa de refermer son col.
- Je n'ai jamais rien vu de tel ! Quel laisser-aller ! Comment expliquez-vous ceci, soldat ?!
Le jeune soldat bafouilla, tremblant de tout son être.
- Je... je suis désolé mon Général... Il fait tellement chaud ce matin que j'ai déboutonné mon col en arrivant au bureau et j'ai oublié de le réajuster... Je suis confus...
- Vous pouvez l'être ! En tout cas, je vous assure que vous ne vous en tirerez pas à si bon compte, vous aurez de mes nouvelles !
Le jeune soldat quitta la pièce d'un air penaud, sous le regard sombre du général. Lorsqu'il fut seul, ce dernier regarda le thermomètre, il affichait vingt-huit degrés. Comment cela était-il possible ? Vingt-huit degrés, en plein hiver. Pire, la météo avait annoncé sept degrés de plus qu'hier au cours de la journée. Malgré son flegme habituel, le général sentit son cœur s'emballer. Il pressentait que quelque chose de terrible se profilait et pire, quelque chose qui échappait complètement à son contrôle, ce qu'il ne pouvait supporter.
Ne souhaitant pas penser à tout cela, il inséra les bandes-vidéo dans le lecteur. On y voyait Moon tentant de réveiller Gates, puis fustiger la caméra pour que quelqu'un intervienne. Ensuite, le médecin, escorté par deux soldats, fit son entrée dans la cellule. Visiblement, Gates était bel et bien plongé dans le coma, il était impossible de duper ce dernier sur les examens effectués. S'ensuivait le déplacement jusqu'au bloc de soins où rien d'anormal ne s'était passé. Ensuite, plus rien, les caméras de surveillance étaient interdites dans les salles de soins. C'est une bonne dizaine de minutes plus tard que la porte par laquelle étaient entrés les trois hommes s'ouvrit de nouveau. Le médecin en sortit. Soit il était en train de chercher quelqu'un, soit il surveillait le couloir. Étrangement, le général pencha immédiatement pour la seconde possibilité. Puis il retourna dans la pièce et, quelques instants plus tard, un gros homme élégamment vêtu en sortit. Le général écrasa violemment son poing sur la table, grimaçant de douleur lorsque l'onde de choc remonta le long de son bras.
- Nom de Dieu, comment est-ce possible de se laisser berner comme ça ? Bande d'amateurs !
Il décrocha immédiatement son téléphone et composa le numéro du service de sécurité du Pentagone, les dents serrées, les poings fermés, fou de rage.
- Ici le général McDouglas ! Passez-moi votre responsable ! Vite !
Le jeune homme à l'autre bout du fil en tomba presque à la renverse et se dépêcha de transmettre la communication à son supérieur, la voix tremblante.
- Oui, ici le général McDouglas. Allez me chercher le docteur Philip Armstrong ! Permission d'utiliser la force s'il oppose la moindre résistance !... Comment ?... Il a quitté son poste il y a plusieurs heures ?... Et vous l'avez laissé filer ?! Mais qui est-ce qui m'a donné une bande d'incapables pareils ?! Je vous souhaite franchement que l'on retrouve les trois fugitifs rapidement !
Il raccrocha le combiné avec fracas, fou furieux. Il se concentra de nouveau sur l'écran situé à quelques mètres de lui et rembobina la vidéo de surveillance jusqu'à ce qu'il trouve une image nette de Max Moon. Une fois que cela fut fait, il appela par interphone le jeune soldat qui lui avait apporté la bande quelques minutes plus tôt.
Lorsqu'il entra, on aurait dit un petit chien n'osant pas s'approcher de son maître qui vient de le réprimander. Cette attitude déplut une nouvelle fois au général qui ordonna au jeune homme de se presser.
- Dépêchez-vous, bon sang ! Je ne vais quand même pas vous bouffer ! Vous voyez cette image sur l'écran ?... Bien... Je veux que vous la transmettiez à tous les services de police, ainsi qu'à la police militaire. Vous y ajouterez les photos du général Gates et du docteur Philip Armstrong, précisant que ces hommes sont coupables de haute trahison et qu'ils doivent être interceptés d'urgence. Est-ce bien compris ?... Très bien, rompez !
Une fois seul, le général se rassit devant son bureau. Durant quelques minutes, le sombre pressentiment qu'il ressentait depuis le matin s'était estompé sous l'effet de l'adrénaline. Mais, une fois cette dernière retombée, il ressurgit, décuplé.
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Le compte à rebours
ParanormalPartout sur Terre, au même moment, de terribles explosions réduisent en cendres des lieux de forte importance politique, religieuse ou économique. Se pose alors la question de savoir qui en est l'auteur. Aux États-Unis, comme partout ailleurs, c'es...