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Temple de Washington, dans la nuit.
William tentait de ranimer la jeune femme depuis plusieurs minutes. Autour de lui, le sol était jonché de cadavres. Tous les membres du commando qui s'étaient introduits dans le temple avaient péri et aucun de leurs terribles adversaires ne comptaient la moindre égratignure. Ces derniers étaient d'ailleurs en train de ramasser les corps de leurs assaillants, ainsi que ceux des malchanceux qui s'étaient retrouvés au milieu des combats.
Petit à petit, la file d'attente commençait à se reformer. Contrairement à ce qu'avait souhaité la jeune femme du commando avant de mourir, il n'y eut aucun soulèvement. Le sort réservé aux derniers qui avaient osé se rebeller avait convaincu tout le monde de la folie d'un tel acte. La jeune femme revenait à elle.
- Doucement, mademoiselle, ça va aller.
Elle s'assit doucement, porta sa main à son épaule meurtrie, puis leva les yeux vers William.
- C'est vous qui m'avez sauvée ?
Lorsque l'adolescente avait lancé la grenade sur la statue un peu plus tôt, William avait tout d'abord hurlé à tout le monde de s'enfuir. Et, alors qu'il allait suivre le mouvement, il s'était aperçu que cette jeune femme restait plantée là où elle était, incapable de bouger face au danger. Sans réfléchir, il se rua vers elle et l'emmena le plus loin possible. Sa formation militaire lui avait appris qu'une grenade était meurtrière jusqu'à cinq mètres au moins et, lorsqu'il eut dépassé cette limite de deux bons mètres, il plaqua la jeune femme au sol et se recroquevilla autour d'elle, protégeant sa propre tête de ses mains. Ils avaient eu beaucoup de chance de s'en sortir, car bon nombre de grenades restaient particulièrement dangereuses au-delà des cinq mètres habituels, notamment les grenades défensives. Étant donné le peu d'éclats qu'elle avait engendré et son rayon d'action, il devait s'agir d'une grenade offensive. Malheureusement pour la jeune femme, cela avait suffi à lui infliger une vilaine blessure, qui heureusement n'était pas mortelle.
- Merci... merci infiniment. Je m'appelle Lucy, et vous ?
- William. Attendez, je vais vous aider.
Il lui tendit la main et l'aida à se relever. La première chose qui attira l'attention de William était ses yeux, ils étaient magnifiques. Aussitôt, il pensa à Emma et ses grands yeux noirs. Il se souvenait maintenant. Sa famille. Comment avait-il pu oublier ? Durant les quelques heures qu'il avait passées dans ce satané temple, il avait petit à petit oublié tout ce qu'il était venu faire en ce lieu, tout s'était passé comme dans un rêve. La fusillade l'avait ramené à la réalité.
- Vous avez été salement touchée, il y a un éclat de métal fiché dans votre épaule. Heureusement, vous n'avez pas perdu trop de sang. En revanche, cela risque de s'infecter, c'est même quasiment certain.
Lucy regarda la plaie, une once de dégoût dans le regard.
- De toute façon, ce n'est pas ici que je vais trouver de quoi me désinfecter, il faudra faire avec. Et puis, tout ceci n'est qu'un moindre mal à côté de ce qui me serait arrivé si vous n'aviez pas été là.
- En effet, mais il faudrait tout de même tenter de la soigner, vous ne pensez pas ?
- Peut-être, mais bon, nous sommes censés mourir dans deux jours, n'est-ce pas ? Si jamais nous survivons, il ne sera pas trop tard pour m'occuper de ça.
- Vous avez raison, allons-y alors.
Ils réintégrèrent la file, Lucy précédant William. Il était bien décidé à ne pas retomber dans la torpeur dont il avait été victime avant l'attaque du groupe armé. Il engagea la conversation avec Lucy.
- Excusez-moi, mais qu'avez-vous apporté à présenter à cette chose ? Si ce n'est pas trop indiscret, bien entendu.
Lucy hésita un moment avant de répondre. Elle se rappela qu'elle n'avait rien amené, qu'elle voulait juste discuter avec cette entité. Quoi qu'il en soit, il valait mieux faire croire qu'elle avait prévu quelque chose.
- Je compte lui donner mon pendentif, il est dans ma famille depuis plusieurs générations, il compte beaucoup pour moi. Et vous ? Qu'est-ce que c'est ? Un sabre ?
- Oui, c'est tout à fait ça, un sabre japonais très ancien. Il a appartenu à Toyotomi Hideyoshi, l'un des plus grands personnages de l'histoire du Japon.
- Je ne connais pas. Mais j'espère en tout cas que c'est susceptible de l'intéresser. Et si ce n'est pas le cas, peut-être pourriez-vous lui couper la tête, qui sait, ce serait même encore plus efficace.
Lui couper la tête. Si elle savait combien de fois cette idée lui avait traversé l'esprit.
- J'y penserai, répondit-il en souriant. Comment cela se fait-il que vous soyez venue seule ?
Encore une fois, elle hésita avant de répondre.
- Disons que ma famille est loin d'ici et que je n'aurais pas eu le temps de les rejoindre avant la fin. Alors je me suis dit que, quitte à mourir, autant mettre à profit mes dernières heures pour tenter de faire quelque chose d'utile. Si tant est que tout ceci puisse être considéré comme utile.
- Vous être donc persuadée que tout ceci est réel, et que nous allons bel et bien disparaître ?
Cette fois, Lucy n'eut aucune hésitation avant de répondre.
- Bien sûr, pourquoi ? Vous en doutez ?
- Non, je n'en doute pas une seule seconde...
Ils continuèrent à discuter, l'un et l'autre rassurés d'avoir quelqu'un à qui parler pour ne plus sombrer dans cet inacceptable torpeur. Ils pouvaient ainsi garder leur attention fixée sur leur seul objectif, leur rencontre avec celui qui devait détruire l'humanité.
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Le compte à rebours
ParanormalPartout sur Terre, au même moment, de terribles explosions réduisent en cendres des lieux de forte importance politique, religieuse ou économique. Se pose alors la question de savoir qui en est l'auteur. Aux États-Unis, comme partout ailleurs, c'es...