Chapitre 35

24 4 10
                                    

35

Bureau du général McDouglas, Pentagone, 17h48.

           C'étaient eux. Il ne savait pas comment, mais il savait que c'étaient eux. Pour commencer, ils avaient réussi à lui filer entre les doigts et maintenant, pour couronner le tout, ils avaient envoyé à toutes les chaînes nationales la vidéo filmée par ses soldats. Une vidéo dont seules quelques personnes très haut placées connaissaient l'existence. Il fallait se débarrasser d'eux ! Alors qu'il était en train de perdre tout contrôle sur les évènements, le général devait, pour ne pas sombrer, se raccrocher à quelque chose. Il avait un nouveau but désormais. Eliminer ces deux parasites. Ensuite, tout irait mieux, c'était certain.

          Il se rassit à son bureau, puis s'empara du téléphone et composa le numéro du service de recherche au département de la sécurité intérieure. En effet, si ce dernier était l'une des cibles privilégiées des hackers ces dernières années, il n'était pas en reste en ce qui concernait les informaticiens de génie. Toute une troupe de ces surdoués de l'informatique se relayait sur les machines les plus perfectionnées, afin de localiser des personnes, de pénétrer dans des serveurs ultra protégés, de trouver diverses preuves, etc.... .

           Il ordonna au responsable du service de se mettre immédiatement à la recherche du diffuseur de ces vidéos, toute affaire cessante. Il fallait donc, tout d'abord, se mettre en relation avec les chaînes de télévision concernées, puis remonter la piste.

           - Cela ne devrait pas être long, mon Général, lui assura le responsable du service, Larry Bryant.

           - Très bien, prévenez-moi dès que vous aurez quelque chose.

           Ce sur quoi il raccrocha. A peine eut-il le temps de penser à ce qu'il allait faire maintenant que l'on frappa avec vigueur à la porte de son bureau.

           - Oui !

           Le jeune soldat qu'il avait invectivé quelques instants plus tôt entra. Il avait l'air encore plus impressionné qu'auparavant à l'idée de se retrouver confronté à son supérieur.

           - Mon Général, vous êtes demandé en salle de crise.

           Le général n'était pas surpris. Il avait ce mauvais pressentiment depuis plusieurs heures et était même plutôt content d'avoir quelque chose à gérer. En effet, il ne supportait pas d'attendre, assis derrière son bureau, que les choses évoluent, sans avoir aucune influence sur elles.

           - Très bien, dites-leur que j'arrive immédiatement.

           Une fois sur place, il put lire une vive inquiétude sur le visage des personnes présentes.

           Il se dirigea naturellement vers son ami, l'amiral Wellington, qui était l'un des seuls à ne laisser transparaître aucune émotion.

           - Alors, Peter, où en sommes-nous ?

           L'amiral poussa un profond soupir.

           - Ce n'est pas bon du tout, si tu veux mon avis. Nos villes sont devenues de véritables champs de bataille. Nous sommes complètement débordés.

           Pendant que son vieil ami lui exposait calmement les faits, le général McDouglas suivait les évènements via les écrans de contrôle. En effet, la situation était vraiment inquiétante.

           - Mais nous ne sommes pas les seuls touchés. C'est la même folie dans le monde entier. Même les pays où tout s'était déroulé pacifiquement jusque-là commencent à avoir de gros problèmes. La situation devient clairement incontrôlable.

           Le général ne répondait pas, il ne regardait même pas l'amiral. Il avait les yeux rivés sur les écrans de l'immense salle de télésurveillance. De cet endroit, tous les services des départements de la défense et de la sécurité intérieure pouvaient être contrôlés. De plus, ils pouvaient avoir accès à toutes les images diffusées dans le monde entier. Ils avaient un contrôle total.

          Partout dans le monde, les villes étaient à l'agonie. Les rues étaient devenues le théâtre d'affrontements sanguinaires. Cela avait commencé par le pillage systématique, mais beaucoup de personnes avaient perdu toute inhibition et la situation avait rapidement dégénéré. La vidéo américaine n'avait fait qu'accentuer la panique et grossir les rangs des fauteurs de trouble. On tuait pour de la nourriture et pire, pour des télévisions ou des téléphones mobiles. Des viols avaient lieu en pleine rue, au milieu de la journée. Le peu qui tentaient d'intervenir se voyaient battus à mort. Dans chaque pays touché, l'armée essayait de maintenir une zone sécurisée dans chaque ville, mais elle était clairement débordée. Ceux qui n'avaient pas la chance d'en faire partie devaient soit partir, soit rester terrés chez eux.

           Que faire maintenant ? Laisser la situation se décanter, ou empirer d'elle-même, ou bien intervenir plus durement dans les rues ? Les deux options étaient envisageables. Il voulait s'occuper de cette chose qui se cachait dans ces maudits bâtiments, mais également continuer à diriger les opérations en cours au Moyen-Orient, et bien entendu attraper ces traitres de Gates et de Moon. Mais pourrait-il mener à bien toutes ces missions si le peuple s'unissait contre lui ? Il lui fallait diviser pour mieux régner.

           - Donnez l'ordre aux forces spéciales policières des différentes villes de riposter plus durement. Envoyez également des soldats supplémentaires sur les lieux comme force de dissuasion, avec ordre d'ouvrir le feu. Il faut punir les lâches qui profitent de la situation. Sans aucune pitié ! On fait le ménage !

           L'amiral Wellington fixait son vieil ami, l'air inquiet. Quelque chose avait changé en lui. Et ce quelque chose le mettait mal à l'aise. Une lueur étrange luisait tout au fond du regard du général. Une lueur sombre, malsaine.

Le compte à reboursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant