Chapitre 11

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Samedi 7 décembre, Centre de secours d'urgence, site de la Maison Blanche, Washington DC, 7h28.

           Lorsque William ouvrit les yeux, allongé sur un lit de camp, il lui fallut quelques instants pour se rappeler ce qu'il faisait là. Tout lui revint peu à peu, la dispute avec Emma, les heures à rouler sans savoir où aller, l'explosion, la voiture retournée, les gyrophares, le paysage de désolation, les médecins... . Il avait passé une nuit horrible, dans un semi-délire, des rêves absurdes succédant à d'intenses cauchemars. Incapable de se souvenir de ces derniers, l'un d'entre eux était pourtant toujours très net dans son esprit, jusque dans ses moindres détails. Dans celui-ci, William se trouvait au pied d'un immense cube de brouillard. Puis, une voix terrible ordonna à l'humanité toute entière de lui apporter quelque chose de précieux, afin qu'elle décide de ne finalement pas détruire la terre. Il aurait pu réciter par cœur les mots prononcés par cette terrible voix.

           - Comment allez-vous ce matin, William ? dit une voix bienveillante derrière lui.

           Il se retourna et découvrit un jeune médecin dont le visage trahissait une extrême fatigue.

           - Je crois que ça va, merci. Je suis un peu sonné, j'ai passé une nuit horrible, mais je crois que ça va.

           - Vous n'êtes pas blessé en tout cas. Du moins rien de grave, vous avez eu énormément de chance. La ceinture de sécurité de votre voiture vous a entamé la peau, vous êtes légèrement brûlé au premier degré. Vous avez également quelques vertèbres déplacées et un très léger enfoncement de la cage thoracique. Un petit tour chez un ostéopathe, du repos, et tout ira vite mieux.

           - Je vous remercie, Docteur. Je peux sortir d'ici alors ?

           - Dès que vous le souhaiterez, d'autant plus que je dois vous avouer que nous sommes vraiment débordés, dit le jeune docteur d'un air gêné.

           - Je comprends, les pertes sont lourdes ?

           - La radio fait état de plus de six mille morts, rien qu'aux Etats-Unis. Et le nombre grimpe à plus de trois cent mille pour la totalité de la planète, sans compter les blessés et les disparus. Bien entendu, certains pays n'ont pas encore donné de chiffres, ou alors des faux.

           Le jeune homme avait les larmes aux yeux. William ne fut même pas surpris d'apprendre que toute la planète était touchée. Les paroles de son rêve martelèrent de nouveau son esprit. Il ne pouvait pas rester ici une minute de plus, sans compter qu'Emma devait être morte d'inquiétude. Il se leva précipitamment de son lit, remercia une nouvelle fois le médecin tout en lui donnant une tape amicale sur l'épaule. Il lui souhaita bonne chance et sortit.

            La première chose qu'il remarqua en sortant du complexe de tentes était le silence. Un silence pesant, stressant. Il regarda autour de lui et vit qu'un important groupe était réuni un peu plus loin. Tous avaient l'air inquiet, terrifiés pour certains, bouche bée, le regard pointé dans la même direction. William se retourna alors et ce qu'il vit lui glaça le sang. A l'endroit exact où se dressait autrefois la Maison Blanche, s'élevait un immense cube de brouillard. Un brouillard qui paraissait solide, tant il était épais et ses contours nets. Tout autour, des soldats s'affairaient, dressant un périmètre de sécurité et tentant d'éloigner les journalistes bien décidés à s'approcher.

           William se dirigea vers une infirmière qui fumait une cigarette.

          - Bonjour Mademoiselle, qu'est-ce qui se passe ici ?

Le compte à reboursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant