- 21 -

6.7K 650 39
                                    

Le lendemain matin, je m'étais éveillé sans vraiment savoir comme je m'étais retrouvé dans le lit. Maximilian dormait à mes côtés, paisiblement. Habituellement, l'un de nous prenait le canapé, mais pas hier soir, visiblement. Comme le lit n'était pas aussi grand que ceux au manoir, j'étais lové contre lui malgré moi. Son bras protecteur m'entourait au niveau des hanches, comme s'il avait peur que je m'enfuie au réveil.

Que s'était-il passé la veille, pour que l'on se retrouve dans le même lit ? et dans cette position, disons... bizarre.

Oh, tout me revint en tête. La soirée chez son patron, où j'avais sans doute un peu trop bu, le trajet du retour, quand j'avais complètement craqué et balancé tout ce que je dissimulais depuis des années. Maximilian et sa rage, aussi. Il m'en voulait très certainement d'avoir été faible. Dans ce cas, pourquoi dormir avec moi ? Au contraire, il devrait m'éloigner de lui le plus possible...

Enfin, je n'allais pas me plaindre. Je me sentais en sécurité, rassuré, par ce bras. Si seulement je pouvais arrêter le temps pour rester comme ça, qu'il ne se réveille jamais... qu'il ne se réveille pas et que je n'affronte jamais son regard, son jugement. Je ne me sentais pas du tout prêt à ça... même s'il ne lèverait pas la main sur moi comme mon père le faisait, son regard en dirait long et serait sans doute plus dur à supporter que des coups.

Une heure plus tard, tandis qu'il dormait encore, je dus aller aux toilettes. Je me retenais pour ne pas le réveiller, mais là, je ne tenais plus. Habilement, je m'étais extirpé de ses bras. Il n'avait pas bronché.

J'avais pris deux secondes pour le regarder dormir. Son visage était si paisible, si détendu... Je pourrais rester là à l'observer pendant des heures que je le trouverais toujours aussi fascinant.

Après avoir fait ma petite affaire, j'avais passé de l'eau fraîche sur mon visage, avant d'observer mon reflet dans le miroir. Mes traits trahissaient bien ce que je ressentais ; ça n'allait pas franchement bien. J'étais pâle, le regard piteux.

Ce spectacle m'agaçait. Un vrai Lycan ne régirait pas comme cela... Il ne s'apitoierait pas sur son sort, il se serait imposé, aurait montré les crocs, se serait battu si cela n'avait pas suffit... À la place de se soumettre, à des humains en plus.

Je me dégoûtais. Et mon reflet ne m'aidait pas vraiment à me sentir empathique envers moi-même.

Une fois lavé et habillé chaudement, j'étais descendu seul au petit-déjeuner. Il était neuf heures passées d'une demi-heure, on remballerait celui-ci d'ici dix heures, Maximilian dormait encore à poings fermés et je voulais remplir mon estomac avant de partir de Glasgow ! Soit des excuses parfaites pour quitter la chambre et repousser un peu plus le moment de l'affronter.

Il y avait beaucoup de couples qui brunchaient amoureusement autour de moi ; je me sentais d'autant plus seul avec mon café et mon omelette au bacon... Rien n'avait la moindre saveur, cependant je devais bien empêcher mon estomac de gronder.

Au fur et à mesure que je mangeais, la salle se vidait et mon appétit augmentait. J'en étais à ma troisième omelette et ma seconde saucisse grillée quand Maximilian montra le bout de sa truffe. Enfin, son nez, puisqu'il avait une forme humaine...

– Salut, me dit-il en bâillant.

– S-Salut... J'avais faim, alors je...

– T'as bien fait. Je reviens – tu veux quelque chose ?

J'avais opté pour une troisième saucisse – je n'avais pas peur d'être malade dans les transports. Maximilian revint avec deux assiettes bien chargé et me servit ma commande comme si de rien n'était.

Son regard ne semblait pas différent de d'habitude. Enfin si, il était fatigué, seulement il ne semblait ni déçu ni fâché contre moi.

– J'ai réservé des billets pour la fin d'après-midi, me dit-il en attaquant son pain de viande. On a jusqu'à seize heures pour jouer les touristes, après on devra aller à la gare avec nos affaires.

– Euh, très bien. Tu veux visiter quoi ?

Son visage s'illumina d'un sourire :

– C'est pour toi qu'on fait un tour, je connais la région par cœur. Je ne sais pas trop ce qui t'intéresse, mais je suis sûr qu'on va trouver.

Je ne savais pas vraiment quoi répondre. Pour tout avouer, je n'avais envie que de m'isoler pour remettre de l'ordre dans mes idées... Me cacher dans un trou me semblait parfait. À défaut d'en avoir un à disposition, un endroit où je me sentais en sécurité et où je pourrais prendre un peu l'air...

– Je... Je voudrais faire un tour en forêt... Enfin, si c'est possible.

Il sourit :

– On pourrait aller au Loch Lomond, c'est un endroit magnifique par très loin d'ici. C'est tout ce que tu veux faire ?

Un hochement de tête lui répondit, tandis que je finissais mon assiette. La foule, le bruit, je ne supporterais plus, surtout aujourd'hui.

En forêt, je me sentais bien et l'air pur me ferait le plus grand bien actuellement.

The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant