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Elle commençait à me faire vaciller, pressant mon esprit de toute part pour que je lâche le contrôle, que je la laisse seul maître à bord, que je la laisse anéantir la menace comme elle savait le faire ; dans un bain de sang, de violence et de haine.

- Tu bandes, gamin, gronda Luther, le sourire pervers, avant de faire sauter le bouton de son jean. Moi aussi... et il va falloir que tu assumes tes responsabilités.

- Et toi les tiennes, Luther ! Éloigne-toi de Kaeden, tu l'as assez observé pour aujourd'hui !

Sauvé ! Bon sang ! J'aurais presque pu pousser un râle s'il n'avait pas été très mal interprété, vu le contexte ! Maximilian avait l'air particulièrement contrarié - forcément, sa jalousie devait l'étouffer. Mais pas seulement ; il y avait aussi un fond de rancœur envers cet ex-amour qui l'avait fait souffrir. Ce type qu'il ne pouvait plus voir en peinture.

- Toi aussi tu as besoin de mes services ? siffla froidement le blond, s'éloignant de moi de mauvaise grâce. En ton temps, tu étais si docile - comme Kaeden, tout intimidé, mais à la limite de l'appel au viol.

- Reste poli, s'il te plaît ! Il n'y peut rien si ses hormones se réveillent ! Il est amoureux !

- Et alors ! Au diable l'amour, ce qu'il veut c'est du sexe ! Tu crois que des sentiments idiots vont suffire pour le satisfaire ? non, bien sûr que non, il veut du cu-

- Ça suffit, le coupa Maximilian, sa voix plus grave, annonçant généralement la présence de sa Bête sous la surface.

Ça n'avait pas duré plus d'une seconde, le temps qu'elle sente la présence de ma Bête et se retire.

Les deux se toisaient méchamment, sans doute prêts à se sauter à la gorge pour régler leurs problèmes... C'était vraiment tendu. Et moi j'étais au milieu de tout ça.

- Regarde-le, à moitié nu, à se tortiller dans son fauteuil alors que je le touche à peine ! Ose me dire que ce n'est pas de la provocation !

- Hé ! C'est vous qui vouliez m'ausculter, et je me tortillais pour me dégager, d'accord ?!

Bon sang, pourquoi ça m'arrivait à moi ? Me retrouver être un sujet de discorde entre eux était aussi malaisant que dangereux. S'ils commençaient à se battre dans le salon, j'aurais du mal à me sortir de là indemne.

Puis, j'avais peur de l'image que Maximilian aurait de moi. À me laisser tripoter par son ex sans parvenir à réagir, à le repousser ou à crier...

- Quand bien même il te provoquerait sciemment, tu n'as pas à toucher aux Lycans de chez nous, d'accord ? Eddy ferait une syncope si jamais il apprenait que tu touches Kaeden de cette façon, en plus dans notre salon !

- Quand bien même, siffla le blond, si l'on se battait, je prendrais le dessus sur lui, comme je le fais toujours ! ... mais je suis magnanime, je te laisse avec ta frustration, gamin. À toi, maintenant.

Luther se releva, une expression malsaine sur le visage, qui me mettait hors de moi...

Sa cible avait changé ; il n'en avait plus après moi et mes hormones, mais après Maximilian. Il le dominait d'une demi-tête, et on pouvait lire dans son regard libidineux et son sourire provocateur qu'il en tirait une grande satisfaction...

Mon sang avait beau bouillir de jalousie, je m'obligeais à ne pas être celui qui cèderait le premier à cette douce sirène qu'était la violence pour régler un problème... on apprenait à contrôler ce genre de bas instinct bestial depuis notre naissance, être Défaillant était déjà un aveu clair de faiblesse, je ne voulais pas rajouter une seconde dérive mortelle à mon actif. Même si j'avais plus de chance de mourir que survivre, cette fois-ci.

La tension était palpable dans la pièce. Maximilian le toisait sans cacher son profond dégoût, sa rage encore frustrée, et Luther semblait plus s'en amuser que s'en émouvoir.

J'espérais juste que quelque chose ou quelqu'un nous sorte de là à temps, avant qu'ils ne se sautent à la gorge - ou que je saute moi-même.

Heureusement, Edward arriva à temps. Le claquement de la porte d'entrée sortit les deux autres de leur petite bulle :

- Ah, vous êtes tous là, ça tombe bien ! lança Edward joyeusement. Pourquoi t'es pratiquement nu, Kaeden ? rhabille-toi, tu vas tomber malade !

Avec tout ça, j'avais presque oublié que j'étais en boxer dans le salon, à aguicher quiconque s'approchait un peu trop. En moins de deux secondes, je m'étais couvert.

- Tu veux bien chercher des verres ? enchaîna le Chef de Meute à mon intention. Dans le placard de gauche, en bas. Merci.

Après un regard indécis, j'avais quitté le salon. L'ambiance était encore lourde et tendue, cependant Edward n'avait pas l'air de s'en rendre compte.

Ou alors, il le cachait admirablement bien.

Une fois quatre verres propres posés sur un plateau, j'étais revenu dans le salon, où tout le monde était assis. Maximilian et Luther se tuant du regard, l'un dans un fauteuil, l'autre en face sur le canapé, tandis qu'Edward m'observait avec un sourire encourageant.

Je n'avais pas entendu ce qu'il leur avait dit, mais ça avait l'air de les avoir calmés... enfin, en apparence : je les sentais bouillir d'envie de régler leurs problèmes, de se hurler après, de se battre, d'évacuer leurs ressentiments mutuels... Pour autant aucun des deux ne bougeait.

Pendant que je m'installais à côté de Maximilian - qui installa possessivement sa main sur ma cuisse - Edward ouvrait une bouteille de whisky et servait les verres tout en prenant des nouvelles de mon état. Après tout, Luther était médecin.

Je rougissai, mal à l'aise en ressentant encore sa main chaude parcourir mon corps et l'idée qu'il balance tout ça aux deux autres aurait pu me tuer de honte. Cependant, il resta très professionnel et ses commentaires restaient corrects... il ne dit rien à propos de mes hormones ou de ce qu'il s'était passé. Je ne saurais dire si j'étais content ou frustré de ça.

Une fois le sujet changé, nous avions trinqué, bien que ni Luther ni Maximilian n'aient franchement l'air ravis de ça. C'était la première fois que je buvais du whisky et ça s'était entendu lorsque j'avais failli m'étouffer tellement c'était fort ! Les pupilles dilatées de désir de Luther trouvèrent les miennes. J'imaginais trop bien ce qu'il fantasmait derrière ses iris dorés et ça me mit très mal à l'aise.

Et Maximilian le tuait du regard en retour.

Edward sirotait son verre sans accorder la moindre importance au pervers qui me dévisageait et à la jalousie qui bouillonnait dans les veines de son frère.

Cette situation était vraiment bizarre.

The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant