- 56 -

5.9K 516 20
                                        

Sur le chemin, chaque kilomètre parcouru faisait monter ma tension. Le fait que je sois assis à l'arrière empêchait Maximilian de me voir, de me réconforter, de me soutenir, ce qui l'agitait d'autant plus. Cependant, il masquait cela bien mieux que moi...

Les autres penseraient que mon agitation et mon angoisse étaient dues au fait que je rentre au sein de la Meute après tout ce qui s'était passé, sans forcément que l'on ait besoin de chercher plus loin. Mais pour cela, il valait mieux ne pas paraître trop proche physiquement devant notre chauffeur. Devant personne, d'ailleurs.

Mon estomac se contracta dès que je vis ma maison.

C'était la plus petite, la plus délabrée et la moins entretenue. Surtout depuis que personne n'y vivait plus. Des images remontaient dans mon esprit, l'odeur du sang, la peur qui tordait les tripes, les cris glaçants.

Quand j'essayai de chasser tout ça, ce fut au profit de flashs, plus sanglants et plus terrorisants, totalement décousu et flou. Les souvenirs étaient encore enfouis quelque part dans ma mémoire. Je redoutais un peu le jour où ils remonteraient, où je serais confronté aux images de la tuerie, du cadavre ensanglanté de mon père, mais aussi de la violence avec laquelle je m'étais attaqué aux autres Alphas, quand ils étaient arrivés, alertés par tout le tapage.

J'avais tué, mais je ne m'en souvenais pas. La vie était plus psychologiquement supportable comme ça, sans doute, mais un jour, tout ça remonterait forcément. Et j'ignorais quand, où, dans quelles circonstances, comment je réagirais, si Maximilian serait près de moi ou pas.

L'angoisse me collait au fond de mon siège.

Lorsque la voiture se gara, je fus le dernier à descendre, chancelant.

– Ça va aller ? me demanda Maximilian.

Mon hochement de tête ne trompait personne, cependant il n'insista pas. Son regard traîna longuement sur moi, impuissant face à ce qui se passait en moi. Peut-être qu'il regrettait d'être revenu si vite. En tout cas, il n'avait pas l'air aussi content de retrouver le Territoire et son frère que ce qu'il espérait.

Je ne savais pas vraiment si j'allais dormir « chez moi », chez Danny ou chez Maximilian et Edward. Je ne savais pas ce qu'il serait le mieux. Pour moi comme pour notre « secret ».

La maison officielle du Chef de Meute était la plus grande et la plus ancienne de toutes, cependant elle n'était plus occupée depuis la mort de leur père. Maximilian vivait déjà hors de la Meute et Edward ne supportait pas la solitude, il s'était installé chez Danny, qui vivait lui aussi seul. Sa maison était plus moderne et plus petite, j'imagine qu'il s'y sentait mieux et que c'était plus pratique pour eux.

Dormir sous le toit du Chef de Meute, ce n'était pas rien. Comme partager ses repas. Même si de nos jours ce genre de fossé hiérarchique n'était plus aussi important qu'avant. Après, restait à déterminer si le toit du Chef était la maison familiale qu'il désertait ou celui où il vivait actuellement.

En tout cas, une chose était sûre ; je ne voulais mettre un pied ou une patte dans la mienne. Pas même pour aller récupérer quelque chose. J'avais trop peur pour ça. Peur des souvenirs trop frais, peur des souvenirs encore flous, peur qu'en franchissant la porte, je me rends compte que ses derniers mois n'étaient qu'un vaste rêve...

Que je me réveille et retrouve ma vie telle qu'elle était avant me terrifiait plus que tout.

The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant