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Une fois dans la gare, je sentis bien que j'avais perdu l'habitude de la foule. Elle grouillait autour de moi, bruyante, agitée, et je ne parvenais pas à contrôler quoi que ce soit. Et ça m'angoissait autant que ça m'énervait. J'avais l'impression que le danger m'entourait et que je ne pouvais me protéger qu'en guettant et attaquant tout ce qui se rapprochait trop.

Mon cœur battait à tout rompre et j'avais vraiment chaud. Je commençais à comprendre ce que Maximilian voulait dire par « tu peux perdre le contrôle à tout moment » !

– Tout va bien, je suis avec toi, me rassura-t-il en passant son bras dans mon dos. Allons dans un endroit plus calme...

Ce fut un café à proximité de la gare qui servit de refuge. Maximilian avait commandé deux cafés ainsi qu'un muffin à la pâte à tartiner. Il me laissait gérer et calmer mon malaise intérieur seul et en silence.

Le jeune homme qui servit la commande lança un regard séducteur à Maximilian. Il me ressemblait un peu physiquement, même si son visage était plus fin et plus harmonieux que le mien. Et puis ses yeux étaient d'un bleu azuré que je ne pouvais égaler. Un grognement m'échappa, ce qui interloqua le pauvre humain. C'était une réaction spontanée de la jalousie verte d'un Lycan amoureux qui voyait un rival rôder autour de son partenaire.

– C'est un humain, me glissa Maximilian après son départ, et puis il a beaucoup moins de charme que toi.

Ça n'apaisa pas du tout ma jalousie. Si je m'écoutais, je lui aurais bondi dessus pour lui montrer qui était le dominant des deux. Quitte à égorger son frêle cou d'humain.

– Kaeden, insista Maximilian, voyant que je ne décollais pas mon regard du serveur. Ne laisse pas la bête sortir en public, je suis très sérieux... je t'aime, je suis tout à toi et ce n'est pas un gringalet comme lui qui va détourner mon attention.

– Tu as raison, soufflai-je doucement, je... je ne sais pas ce qu'il me prend. Ça ne me ressemble pas. C'est un effet de... mon problème ?

– Plus ou moins... c'est aussi parce que tu es mon Dominant et qu'on partage des sentiments. Il va falloir que tu aies du sang-froid, au sein de la Meute on va de suite comprendre ce qui nous lie, sinon.

Bien évidemment, ça ne pouvait pas être simple ! Maximilian voulait attendre le bon moment pour parler à Edward, ce qui pouvait arriver ce soir comme dans plusieurs jours ! Je priais pour que cela se fasse rapidement, autour d'un dîner de retrouvailles particulièrement intime par exemple.

– Tu sais que les femelles célibataires te courent après, lui reprochai-je alors. Elles ne parlent que de toi quand elles rêvassent à leur Lycan charmant.

– Je sais, rit-il, Eddy m'a dit. Elles risquent d'être plutôt déçues et les autres mâles soulagés.

Je relâchais alors mes sentiments négatifs ; Maximilian me tendait le muffin avec un large sourire charmant. Je l'avais pris en prenant soin d'effleurer ses doigts. Si seulement je pouvais lui bouffer les lèvres ! Ma frustration n'accentuait que mes ardeurs !

– Hé, Max ! Kaeden !

J'avais failli me rompre le cou en reconnaissant cette voix. Elle était grave, suave, mais pas aussi envoûtante que celle de Maximilian !

Danny s'installa à mes côtés, le sourire large et les yeux pétillants. Il avait toujours eu un sacré flair, mais là, j'étais impressionné !

– L'odeur de Max est facilement identifiable et traçable, expliqua-t-il avec un sourire. La tienne est plus discrète... qu'est-ce qui est arrivé à ton visage ?

J'avais quelques écorchures sur les joues et la bosse sur le haut de mon front était couverte par une compresse. Son regard passa sur Maximilian, lui aussi avait encore quelques indices, mais sa cicatrisation était plus rapide que la mienne. C'étaient ses bras et ses jambes qui avaient le plus souffert.

À l'expression contrite de son visage, il avait compris sans explication orale que nous avions eu une Lune Pleine agitée. Sans soupçonner, bien heureusement, qu'il s'agissait de sexe et non d'une bagarre.

– Luther doit passer voir Eddy, vous pourriez en profiter, dit-il avec maladresse, avant de se tourner vers moi : le voyage n'était pas trop difficile ?

– Euh, non... Je ne ressens pas tellement la douleur. À part la bosse. C'est ennuyant pour dormir, tu n'imagines pas...

Cela eut le mérite de le détendre un peu. J'étais surpris qu'il soit si alarmé, ayant presque oublié que c'était anormal de se retrouver dans un tel état...

– Enfin, je joue déjà les infirmiers pour ton frère, je peux bien le faire pour vous aussi... La maison va devenir un hôpital.

Maximilian et moi avions échangé un regard, un peu alarmés :

– Eddy a un problème ? s'enquit mon amant secret.

– Ehm, il a eu un petit accident de voiture. Il ne peut pas conduire pour le moment, puis le médecin lui a ordonné de se reposer. Mais il va bien, très bien même. Je ne vous suffis pas, comme chauffeur, peut-être ?

Maximilian assura que non, même si cela se voyait clairement qu'il était déçu. Il en fallait plus pour vexer Danny. Son statut de Second de la Meute n'était pas dû au hasard de toute manière... C'était grâce à son calme olympien et son sens de l'organisation qu'Eddy l'avait choisi ! Il n'aurait pas pu trouver mieux ; il comblait ses lacunes admirablement bien. Comme s'ils s'emboîtaient parfaitement.

– C'est dingue, ce que tu as grandi... Enfin, pas tellement au niveau de la taille, mais tes épaules, tes muscles !

Il ne se gêna pas pour tâter mes bras à travers ma veste. Maximilian le fusilla d'un regard noir. Cela me fit sourire.

– Eddy m'a dit que ça serait impressionnant, avoua-t-il alors.

– Ce n'est que le début. Kaeden va sans doute complètement changer de carrure au cours des prochaines années. Il se pourrait même qu'il te domine.

Il parlait de la carrure. Jamais je n'oserais soumettre le Second de la Meute, ce serait stupide de revendiquer sa place alors qu'il était si bien dans ce rôle. Maximilian disait cela uniquement par pure provocation, pour l'éloigner de moi, pour qu'il reste à distance. Ce qui ne marchait pas vraiment.

– Euh, peut-être, murmura Danny, interloqué.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé, avec Eddy ? avais-je alors dévié, sentant ses soupçons pointer leurs nez.

– Oh, pas grand-chose... tu sais qu'il est toujours partout, à courir pour régler ceci ou dire bonjour à untel. Il a un peu trop abusé de ses capacités, du coup il s'est endormi au volant. La voiture est salement amochée, mais il n'a qu'un bras cassé.

Maximilian trahit une certaine inquiétude, mais aussi son mécontentement. J'imaginais qu'il était comme Danny, frustré et fâché qu'Edward n'écoute pas les mises en garde de son entourage sur son mode de vie trop intense.

– J'essaye d'assumer, mais il fait tellement de choses qu'il faudrait au moins trois moi-même pour le remplacer. Et puis il me prend pour son infirmière personnelle.

– On rentre à point nommé, alors ! dit Maximilian, soudainement détendu.

Danny ne put déterminer si c'était réellement son intention ou non et se contenta d'un hochement de tête vague.

Une fois nos cafés terminés, nous avions rejoint sa voiture. Danny avait beau être un type calme et plutôt discret, son 4X4 rouge sang et sa conduite dynamique n'avaient rien à voir avec son caractère habituel...

Je préférais quand c'était Edward ou Maximilian qui prenait le volant, indéniablement.

* * *


La prochaine partie sera un "OS" spécial Saint-Valentin !

On renoue avec la suite de l'histoire principale dans la partie qui suivra !

Haydn

The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant