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- Kaeden ? répéta Maximilian, tout va bien ?

Je l'observai avec l'éclat de la Bête dans le regard et il n'avait aucun mal à le voir. Par contre, déterminer ce qui en était à l'origine de ma perte de contrôle, si c'était de sa faute ou non, il n'y arrivait pas.

Sa main frôla ma joue avec douceur, sans que je ne quitte du regard. C'était intimidant pour lui, qui ne savait toujours pas réellement comment agir quand j'étais dans cet état. Sa Bête savait d'instinct, mais elle n'avait pas l'air déterminée à sortir le bout de sa truffe, cette fois.

- Kaeden, parle-moi...

- Ça va remonter, lâchai-je alors, ses souvenirs.

Maximilian resta silencieux un bon moment. Il savait très bien ce que cela voulait dire...

La Défaillance entraînait une perte totale du contrôle face à une situation dangereuse ou insupportable. Les souvenirs se perdaient dans les limbes noirs dans lesquels nous étions plongés... Et cela arrivait, parfois, qu'ils remontent subitement, pour diverses raisons. La plupart du temps, cela annonçait une période plus ou moins difficile durant laquelle il fallait renouer avec des heures sombres, mais c'était également un passage important qui menait à la stabilité.

Une fois comprises les raisons de la Défaillance, c'était plus simple d'accepter les conséquences et d'apprendre à vivre avec.

Même si, dans mon sac, il s'agissait d'un meurtre, et pas de n'importe qui.

- Pourquoi si tôt ? Ça ne fait que quelques mois...

Chez lui, cela avait pris des années - presque six - et il pensait sans doute que j'aurais du temps avant d'en arriver à ce stade.

- Parce qu'il les cherche, répondis-je avec conviction. Il veut savoir.

- Mais est-ce qu'il est prêt pour ça... ?

La Bête ne répondit pas, se contentant de le regarder. Et Maximilian n'eut pas de mal à comprendre qu'elle n'appréciait pas ces paroles. Mon Uni baissa alors le regard, une sorte d'excuse, du moins, ce fut ainsi qu'elle le prit.

Il mourrait d'envie de poser toute sorte de questions sur ce qu'il s'était passé, pour comprendre, mais il ne voulait pas la brusquer. Elle Dominait et visiblement, elle accordait une grande importance à la hiérarchie... Aussi restait-il à sa place.

- Je ne peux pas l'empêcher de trouver, avoua-t-elle alors.

- C'est pour ça que tu es sortie alors... parce que ça remontait ? Les souvenirs ?

- Il ne se souvient pas, corrigea-t-elle, il ressent... il a peur, il est stressé.

- À cause de quoi ? Qu'est-ce qui le stresse ?

- Les changements qui vont arriver. De perdre le contrôle. De ne pas être à la hauteur. De... de se souvenir comment et pourquoi on a tué.

Ce qui faisait déjà un bon paquet de raison. Les choses semblaient bien moins simples à présent. Quand bien même j'avais hâte et envie de m'installer à Glasgow avec lui, ça n'empêchait pas d'angoisser et d'appréhender tous ses changements.

- Je le laisserais se souvenir, murmura-t-elle alors, si tu jures d'être là pour entendre... je n'ai pas besoin de toi, mais lui, c'est différent.

Ce qui n'était pas rien, pour elle, de reconnaître cela. Surtout à présent qu'elle se considérait comme Alpha et qu'elle Dominait Maximilian. Lui aussi le savait.

C'était plus qu'une preuve de bonne volonté de sa part... Elle reconnaissait que j'étais dépendant de lui et l'acceptait, ce qui normalement n'aurait pas dû arriver.

- Je prendrais soin de lui, promit-il, on est Unis pour le meilleur et le pire...

Je m'étais relevé pour être au plus près de lui, le plus intimidant possible, même s'il me dominait en taille :

- Tu as plutôt intérêt à tenir ta promesse, susurra-t-elle. Maintenant, laisse-la sortir, tu es beaucoup trop ennuyant pour moi.

Maximilian n'avait pas eu réellement le temps de comprendre qu'il tomba dans un noir profond à son tour. Les deux s'étudiaient du regard, l'expression mutine, le sourire satisfait.

- J'aime quand tu m'appelles, gronda la Bête de Maximilian en prenant mon cou de ses lèvres.

Cela ne dura pas longtemps, la seconde suivante il était sous moi, les poignets captifs de mes mains, les lèvres entrouvertes, juste assez pour me donner accès à sa bouche.

Ce qu'il se passa le reste de la nuit n'était connu que d'elles, même si, le lendemain, en nous réveillant, nous savions vaguement ce qu'il s'était passé...

Entre les muscles courbaturés, les traces de griffures, de morsures, les suçons, le doute ne planait pas vraiment, à vrai dire.

The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant