The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]

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Plus tard dans la journée, il avait profité d'un bon bain bien chaud en ma compagnie pour aborder un sujet qui jusqu'alors ne l'avait pas vraiment été. On se faisait face, se dévorant du regard. Je caressais parfois les jambes qui m'entouraient, ce qui le faisait gronder de plaisir.

Pendant que je me savonnais les cheveux, tout en l'aguichant du regard, il se décida à lâcher la bombe :

- Je voudrais qu'on mette Eddy au courant pour nous.

J'avais cessé de frictionner mon cuir chevelu, le toisant avec surprise, parce que je ne m'y attendant pas du tout.

Pour le moment, c'était tacites que nous devions garder un certain secret. Personne ne pouvait prévoir la réaction du Chef de Meute - pas même son frère. Après tout, il m'avait confié à Maximilian pour m'aider à surmonter mon mal, pas pour qu'on couche ensemble...

Peut-être penserait-il que Maximilian profiterait de ma faiblesse, que notre relation représenterait des risques pour nos Défaillances, ou peut-être qu'il prendrait mal que ce soit moi, qu'il me penserait plus intéressé que sincère...

S'il le voulait, il prendrait des mesures pour nous séparer, parce qu'il en avait le droit et le devoir. C'était à lui de gérer la Meute, à protéger les membres, à y maintenir l'ordre et la sécurité - et cela passait par les relations entre nous tous.

Oui, je sais, c'était un peu tard pour y penser, maintenant que nous étions Unis... mais je préférais ça au bain de sang.

- C'est ton frère, pas le mien, dis-je finalement, pas rassuré.

- C'est avant tout le Chef de notre Meute, qui peut très bien décider qu'on ne puisse pas être ensemble.

- Je sais. Mais pourquoi tu veux lui dire, alors ?

- Parce qu'il s'agit de mon frère. Et puis, je... je veux que ce soit officiellement connu qu'on s'appartient mutuellement.

C'était tentant, je dois l'avouer. Ça clouerait peut-être le bec des mauvaises langues qui me répétaient que jamais on ne trouverait une personne sur terre pour sortir avec moi. Ou que je ne ferais jamais rien de bien. Que je serais un parasite toute ma vie.

Cependant, j'avais aussi peur qu'Edward réagisse mal, je n'avais rien de bien prestigieux au sein de la Meute. Pas de haut statut, d'ascendance prestigieuse, de particularité admirable ou de rôle important...

Bien qu'il ne vive pas avec nous, Maximilian était de la famille du Chef et un chasseur admiré, reconnu... Il était le plus costaud physiquement, le moins caractériel des Alphas mâles, un des seuls à avoir un travail à responsabilité en dehors du Territoire...

C'était un parti très convoité, je le savais trop bien. Même quand il n'était pas là, les célibataires parlaient de lui. Et quand il venait, on lui faisait les beaux yeux pour espérer un jour être à ses côtés officiellement.

- Tu sais que ça va faire jaser, murmurai-je alors.

- Si tu savais à quel point je m'en fiche. Je le sais bien. Mais personne n'osera mettre en doute quoi que ce soit devant moi ou mon frère.

Avec moi, on ne se gênerait pas, je le savais. Personne ne s'était jamais retenu de me reprocher des choses, qu'Edward soit là ou pas. Là, on dirait que j'avais séduit Maximilian juste pour m'assurer une situation stable, que j'étais intéressé. Alors que ce n'était pas du tout le cas !

- Moi je sais ce qu'il en est, assura-t-il, je n'ai pas besoin d'avoir l'avis des autres sur ma vie amoureuse.

- Tu les auras quand même, les avis, ne t'en fais pas... tu veux que je sois là quand tu l'appelleras ?

- Euh, je ne compte pas l'appeler.

Comment comptait-il lui parler de notre relation, alors ? Il comptait le contacter en rêve ? C'était moi qui avais pris un coup sur la tête ! Pas lui !

- Je voudrais profiter de ma semaine de congé pour aller lui parler, annonça-t-il, guettant ma réaction. D'habitude, je passe les fêtes avec lui, mais étant donné ton état, c'était préférable qu'on reste ici...

Traduction : mon frère me manque et tu vas devoir retourner au sein de la Meute pendant quelques jours.

Je ne me sentais absolument pas prêt à ça. Pas du tout, même. Je m'étais habitué à la sérénité de cet endroit, au fait qu'on me laisse tranquille et que je n'ai à faire face à aucune animosité.

Ça m'angoissait rien qu'à l'idée de retrouver le Territoire, ne parlons pas de la Meute ! surtout pas d'annoncer officiellement à tout le monde que j'avais tiré le gros lot.

Machinalement, j'avais ramené mes genoux sous mon menton et entouré mes jambes de mes bras. Je ne me sentais pas du tout en sécurité.

Maximilian se rapprocha de moi comme il put et me prit dans ses bras rassurants :

- Ça sera différent, c'est promis, chuchota-t-il, je serais avec toi tout le temps si tu veux.

- Mais je... je fais comment pour les cours et...

- Ben, tu les emmènes.

Une autre excuse, vite ! n'importe quoi ! oh, simulation de maladie ! ... ça ne fonctionnerait pas, puisqu'il sentirait l'arnaque à plein nez.

- Pourquoi je dois t'accompagner ? maugréai-je. Je peux rester ici, pour m'occuper des chiens par exemple ?

- Kaeden, Ed va vouloir ton point de vue - et il me tuerait si je te laissais seul ici aussi longtemps. On sera en phase descendante, ce sera parfait !

Parfait pour lui, oui ! Comme si retourner là-bas était parfait ! J'étais à peu près sûr que c'était l'exact opposé de « parfait » !

Pourtant, au-delà de ma réticence à retourner là-bas, il y avait aussi une partie de moi qui avait très envie que tout le monde sache que j'étais Uni à Maximilian. Qu'il était à moi et moi à lui.

Mais surtout, ce que je désirais le plus, c'était qu'Edward l'accepte et que personne ne soit invité à donner son avis là-dessus.

- Bon, d'accord, j'irais avec toi, grognai-je alors. Mais à contrecœur !

Cela ne semblait pas l'inquiéter outre mesure. À sa place, je m'inquiéterais un peu ! même beaucoup ! Aller là-bas, c'était prendre des risques inconsidérés, jouer avec le feu... cependant, c'était un passage obligatoire si nous voulions avancer sérieusement et sereinement.

Je savais que je n'étais pas prêt pour y retourner. Et ma Bête, que je sentais s'éveiller peu à peu, le savait également.