Lorsqu'Edward quitta le manoir, Maximilian et moi l'avions accompagné sur une partie du trajet ; on se rendait à Glasgow, comme tous les mois.
La semaine était passée vite... Edward ne supportait pas de rester sur l'île en journée, aussi étions-nous allés à terre souvent. Pour faire un tour, manger quelque chose, faire des emplettes. Et quand on restait sur place, Edward trouvait toujours quelque chose à faire. Pas que cela nous avait dérangés non plus, même si ni lui ni moi n'avions avancé dans les cours ou le travail.
Cependant, même s'il avait une tonne de travail et que j'avais des cours à rattraper, j'étais plutôt content d'avoir passé cette semaine avec Edward et Maximilian. On aurait pu croire que s'immiscer entre les deux aurait été gênant, mais pas du tout. Ils avaient une manière agréable (et soulageante) d'inclure les autres dans leur espace.
J'avais trouvé Edward un peu bizarre tout au long de cette semaine, un peu sur la réserve, ce qui ne lui ressemblait pas, mais j'avais mis ça sur le compte de... Sur rien, en fait, je n'avais pas bien compris ce qui le mettait si mal à l'aise. Peut-être d'être isolé sur l'île, loin de sa Meute, ou avec... des Défaillants ?
Je n'osais pas vraiment aborder le sujet, je redoutais les réponses au moins autant que la réaction des deux frères face à un interrogatoire en règle de ma part... enfin, de toute façon, sa visite était terminée, et nous allions à Glasgow, c'était trop tard pour poser des questions.
Pendant que je me perdais dans mes pensées, Maximilian se garait sur un parking près de la gare. C'était ici que nous allions nous séparer.
Le silence était de mise tout le long du trajet qui nous menait jusqu'au quai. Le train partait dans à peine dix minutes et j'avais l'impression horrible que mon Chef de Meute allait m'abandonner à tout jamais.
Vu l'expression de Maximilian, il ressentait la même chose...
– Bon, eh bien, c'est l'heure, conclut Edward, l'expression douloureuse. Je ne sais pas quand on se reverra, mais j'espère que ce sera bientôt. Je vous appellerais dans quelques jours... fais attention à toi, Kaeden.
Il me serra dans ses bras chaleureusement, cela dura un long moment. Je me sentais vraiment mal, au point d'en avoir les larmes aux yeux... Edward enlaça son frère.
– Et toi aussi, fais attention à toi, lui glissa-t-il, avant de s'éloigner pour s'adresser à nous deux : appelez-moi si jamais quelque chose ne va pas, hein... Je sais que je suis loin, mais je suis là quand même.
Sur ce, après un dernier long regard indécis, il se décida à monter dans son train. Il s'installa à la première place qu'il trouva et nous salua à travers la vitre.
Le train ne tarda pas à s'ébranler, puis à quitter la gare. Nous le regardions s'éloigner avec cet horrible sentiment d'insécurité qui nous prenait... J'avais l'impression d'être abandonné sur le bord de l'autoroute, comme un chien gênant.
Nous avions beau savoir que c'était normal de ressentir cela, ça ne rendait pas l'expérience plus agréable, ni même plus supportable.
Le bras de Maximilian se posa soudainement sur mes épaules, me ramenant sur terre. Je me sentais plus rassuré. Et lui aussi, je crois. En tout cas, nous avions échangé un petit sourire :
– Ça va aller, murmura-t-il, dans quelques heures, tu te sentiras beaucoup mieux...
– Comment tu fais pour supporter ça ? ce sentiment d'abandon et d'être tout seul au milieu d'un terrain hostile...
Il haussa les épaules, perdant son regard au loin :
– J'ai plus l'habitude que toi, pour commencer, me murmura-t-il, et ensuite, je suis un Alpha depuis assez longtemps pour éviter la panique de me retrouver seul hors de mon Territoire.
Et j'espérais que cela serait mon cas aussi, un jour. Juste assez pour ne pas ressentir ce mélange horrible de sensations qui me rendait vulnérable. Faire partie d'une Meute, c'était quelque chose de puissant, d'intense, dans le bon comme le mauvais. Nous faisions partie d'un tout réconfortant et sécurisant, avoir à le quitter ou s'en éloigner était aussi difficile que ce lien était fort.
Heureusement pour moi, Maximilian était là. C'était une petite partie de la Meute, suffisante pour me rendre l'expérience plus supportable...
Sur ce, nous avions retrouvé la voiture, histoire de nous rendre à l'hôtel. Maximilian avait des tonnes de choses à finir avant la réunion de demain. Et moi, j'avais des cours à rattraper.
Mais avant, j'avais des questions qui me brûlaient les lèvres :
– Tu lui as raconté quoi, à Edward ? lui demandai-je franchement, une fois assis dans la voiture. On aurait dit qu'il s'attendait à se faire attaquer à n'importe quel moment...
– Euh, bien, rien... sans doute des problèmes au sein de la Meute, j'imagine ?
– ... tu lui as dit que tu t'étais soumis à moi, à la dernière Lune Pleine ?
Vu son expression, non. J'aurais compris qu'il soit méfiant s'il lui en avait parlé, mais visiblement il ignorait encore que je dominais son frère...
– Ce sont des choses qui ne regardent que lui, en tant que Chef de Meute, d'accord ? même s'il me confiait quoi que ce soit, je ne pourrais rien te dire, glissa-t-il, mystérieux, avant d'afficher une soudaine bonne humeur : on va manger un hamburger-frite avant d'aller à l'hôtel ?
J'aurais bien voulu approfondir ses paroles nébuleuses, cependant la perspective des frites avait totalement occulté le reste – on sous-estimait toujours le pouvoir distrayant des frites.
Visiblement, Maximilian semblait satisfait que je ne pose pas plus de questions.
Naïvement, j'avais pensé qu'il désirait autant que moi avaler un bon burger bien gras.
En réalité, il n'en était rien du tout.
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The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]
ParanormalKaeden, un jeune Lycanthrope Bêta, s'attire des problèmes régulièrement. Après une nuit sanglante, il se retrouve orphelin, mais est aussi un tueur. Maintenant instable, son Chef de Meute, Edward, décide de le confier à son frère jumeau, Maximilian...