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Ce ne fut que dans l'après-midi que je m'étais réveillé, après avoir dormi comme une masse, mais relativement bien. Maximilian me tournait le dos, à l'autre bout du lit, paisiblement endormi. Ça me contrariait un peu – j'aurais préféré être dans ses bras, ou au moins près de lui...

Mais je gardais mes distances, ne sachant pas s'il m'accueillerait bien... puis, je ne tenais pas à le réveiller. Si je pouvais repousser le moment où j'aurais à raconter ce qu'il s'était passé, je n'allais pas m'en priver.

Ça ne lui prendrait pas longtemps pour déduire le genre d'activité que nous avions pratiqué toute la nuit, et ce même s'il ne se souviendrait de rien – ou pas grand-chose. Ce qui ne l'empêcherait pas d'avoir des questions et que ce soit à moi d'y répondre... bon sang, c'était de sa faute et c'était sur moi que ça retombait !

Pendant que je ruminais mentalement, Maximilian se réveilla. Il avait l'air totalement perdu et éreinté. Comme après une bonne cuite, sauf qu'il n'avait pas bu.

Mon cœur s'était mis à battre la chamade et j'avais les joues en feu, sans compter cette envie irrépressible de fuir à toute jambe.

– Oh, ma tête, gémit-il en se relevant légèrement.

Je le regardais avec appréhension – quand se rendrait-il compte que j'étais dans son lit, aussi nu que lui ?

– Kaeden ? s'étonna-t-il, mais qu'est-ce que tu...

Là, c'était le moment où il percuta qu'il était nu, que j'étais dans son lit, aussi peu habillé que lui... Ses yeux s'écarquillèrent d'une manière un peu comique, mais j'étais trop tendu pour rire. Horrifié par ses constats, il pâlit, rougit, cherchant des réponses à ses questions sur mon visage encore marqué par la fatigue...

– Reste calme, fut tout ce que je trouvais à dire, ce n'était rien de... enfin, si, un peu quand même, mais... pas de blessé.

Bon sang, j'étais tellement nerveux ! Intimidé ! Et honteux, aussi ! Je ne savais pas quoi dire, comment le dire. Les iris de Maximilian tombèrent sur son collier, que j'avais toujours autour du cou, ce qui l'avait fait réagir :

– Merde, je suis désolé, dit-il en m'enlevant celui-ci. Ce n'est pas du tout ce que tu crois ! Rien de pervers ou... j'ai perdu le contrôle, hier ? Je n'ai que des souvenirs partiels...

Et quels souvenirs ! Si je jugeais bien son érection naissante, c'étaient ceux de la chambre qui lui remontait à la surface, pas ceux de la cuisine. C'était la première fois que je voyais Maximilian avec les joues rouges et aussi déstabilisées, cela aurait pu me faire sourire si je n'étais pas moi-même très mal à l'aise.

Nos iris se croisèrent sans qu'il ne le veuille vraiment, il dévia ceux-ci, honteux. Cela fit gronder la Bête qui sommeillait en moi. Visiblement, elle n'aimait pas. Moi aussi, je n'aimais pas.

– Ça va, je vais bien, le rassurai-je en posant mes mains sur les siennes pour l'aider. J'étais juste un peu pris de court.

– Mais tu... tu n'as pas perdu le contrôle ?

– À un moment, oui. Mais j'ai vite refait surface.

Un gros blanc. Malaise.

– On a...

– Plus ou moins... mais pas jusqu'au bout.

Son soupir de soulagement fut sincère. Il se releva en cachant son anatomie, puis dissimula son magnifique corps sous des vêtements. Ça me contrariait ! On vivait seuls sur une île, et après la nuit qu'on avait passée, il pouvait bien se balader nu quelques minutes encore !

– Excuse-moi, lâcha-t-il finalement, ça fait longtemps que je n'ai pas... j'ai dû te forcer un peu la main, j'en suis vraiment désolé.

– Pas vraiment... c'est vrai que je n'étais pas trop à l'aise au début, mais... tu étais attentionné et... soucieux de mon plaisir. Et j'ai... apprécié. Est-ce que tu peux me chercher de quoi m'habiller, moi aussi ?

Il s'exécuta comme un soldat, passant dans ma chambre pour revenir avec des vêtements propres. J'enfilais mon boxer sans mal, par contre je désirais porter toute autre chose que mes vêtements.

– Et si tu m'enfilais le sweat que tu portais hier, proposai-je, j'ai besoin d'un peu de... sécurité.

Il me passa le caprice. Après cette nuit, je pensais pouvoir demander la lune qu'il me la décrocherait sans discuter ! Son sweat était bien trop large pour moi, cependant son odeur l'imprégnait. J'avais l'impression d'être lové dans ses bras, ce qui était rassurant – et actuellement, j'en avais besoin.

Une fois vêtu de sa seconde peau de la veille, je m'étais collé contre lui, l'entourant de mes bras. J'avais besoin d'un peu de tendresse après autant d'exaltation... Visiblement, il me passa cela aussi.

Je désirais tellement qu'il lise dans mon cœur ce que je ressentais ; je l'aimais. Pas juste une simple petite attraction passagère. Je sentais son cœur battre à l'unisson avec le mien. Si seulement il pouvait comprendre... Accepter. Céder.

– Kaeden, souffla-t-il.

– Ne me rejette pas, je t'en prie, murmurai-je alors, presque inaudible.

– Jamais de la vie.

J'oubliais que l'ouïe des Lycans était fine.

– Je réprime mon attirance et mes désirs depuis que tu es arrivé ici, confia-t-il, mais je... je pensais sincèrement que ça ne pouvait plus m'arriver. De perdre le contrôle.

J'avais levé mon nez pour le regarder droit dans les yeux, incrédule. Comment avait-il pu cacher ça depuis des mois ? Et moi, je n'avais rien vu !

– Je t'ai dit que tu avais du charme, marmonna-t-il, et puis ta présence ici m'a rappelé ce que ça faisait d'avoir quelqu'un... tu es charmant dans ce genre de tenue.

Sa main caressa ma joue tendrement, mes lèvres trouvèrent les siennes passionnées. Il me laissa pénétrer sa bouche, plus sur la réserve que la veille... Ses mains trouvèrent mes hanches naturellement.

– Edward va me tuer, me confia-t-il alors.

– Tu sais, je... je t'aime. V-Vraiment. Et ça me fait peur. Plus que de partir en vrille.

Il ne répondit rien, se contentant d'embrasser mon front en me serrant contre lui.

– Je ferais de mon mieux, me promit-il dans un souffle suave, pour t'aider, pour t'aimer... laisse-moi juste le temps de mettre un peu d'ordre dans ma tête.

Je ressentais une telle joie, une telle ivresse, que je me contentai de ses paroles. Cela résonnait à mes oreilles comme une promesse, je savais qu'il la tiendrait. Il fallait juste un peu de patience.

– Je vais préparer le petit-déjeuner, indiquai-je alors, je ne sais pas toi, mais je meurs littéralement de faim !

Son sourire ensorceleur précéda un baiser sur mes lèvres, puis j'avais quitté, à grands regrets, ses bras puis sa présence.

Mon cœur planait et je flottais sur un nuage ! J'avais failli tomber dans les escaliers tellement je me sentais invincible... Être épris était une drogue à laquelle j'étais déjà accroc, visiblement.

Le regard de Maximilian ne me quitta pas avant que j'atteigne le couloir, les pupilles dilatées et le sourire amusé, mais il fut bien vite rattrapé par son appréhension de l'avenir et son sentiment de culpabilité...

The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant