Je sentais l'air frais caresser mon museau, ce qui me chatouillait au point d'éternuer... personne autour de moi ne broncha, cependant je fus bien réveillé, à présent.
Le soleil ne tarderait pas à se lever, ce qui sonnerait la fin de la Lune Pleine. De mon regard animal, je constatais alors que je dormais dans la cabane, entouré des chiens. Ils n'étaient ni blessés ni traumatisés – ils dormaient à poings fermés, roulés en boule les uns contre les autres pour maintenir une chaleur agréable.
Je bâillai avant d'apercevoir une grosse masse noire au fond de la cabane, roulée en boule dans un coin, à distance de moi et des chiens... c'était Maximilian.
Il me tournait le dos, aussi n'avais-je pu voir s'il était blessé, mais au fond de moi je ne ressentais plus la moindre contrariété ou sentiment de menace, bien qu'il soit à deux mètres de moi... étant donné que je ne ressentais aucune douleur physique et qu'aucune odeur de sang ne se laissait deviner, je pouvais déduire que nous ne nous étions pas battus.
Mes souvenirs étaient imprécis, confus, revenant comme des flashs, dans un désordre agaçant... Retracer les événements me prendrait du temps et pour le moment, le loup que j'étais se fichait de tout ça.
Ce que je voulais avant tout, c'était prendre l'air. Je délaissais ma « Meute » ensommeillée et sa douce chaleur pour me retrouver dans le verger.
La neige recouvrait partiellement le sol, craquant sous mes pattes, pour mon plus grand bonheur. Ma queue remuait sans que je ne me contrôle, tandis que je me dégourdissais les pattes.
À la place de passer par l'intérieur du manoir, j'avais fait le tour par les rochers. Jamais je n'aurais eu le cran de le faire sous ma forme humaine, mais le loup se fichait bien de la peur que le saut inspirait...
Les vagues s'écrasant sur les rochers mouillaient légèrement mon poil, cependant je ne m'en étais pas soucié et avais rallié le ponton en peu de temps. La mer était plutôt calme, malgré le vent qui soufflait.
Digne, je m'étais assis sur le bord du ponton pour admirer l'horizon, où le soleil se levait péniblement. C'était l'un des privilèges auxquels nous avions droit après une nuit souvent agitée ; un magnifique lever de soleil serein et calme, comme pour annoncer la fin de notre bestialité...
Surtout de la mienne, à vrai dire, songeais-je vaguement.
Plusieurs longues minutes plus tard, j'entendis Maximilian venir vers moi. Son pas était bruyant dans la neige, tout comme son poil sombre contrastait avec la blancheur du sol...
Il s'installa à mes côtés, un peu méfiant, comme s'il redoutait d'être chassé brutalement... pour le rassurer, je faisais un pas vers lui. « L'humain est conscient, la Bête n'est plus ».
L'imposant loup se détendit lorsque je m'étais lové contre lui, perdant ma truffe dans son poitrail fier... Je cherchais la chaleur, le réconfort. Et visiblement, Maximilian appréciait - sa queue remuait, balayant la neige sur le ponton...
Jamais je n'aurais osé faire une telle chose si je n'étais pas influencé par l'animal qui sommeillait en moi et neutralisait mes peurs d'humain. Je me sentais si bien contre lui, humant son odeur d'animal mêlée à celle de l'humain avait quelque chose de terriblement rassurant !
Au bout de plusieurs longues secondes, sa truffe cherchait le contact avec la mienne, puis il me lécha le poil au niveau du col, avant d'y perdre à sa truffe à son tour.
* * *
Peu avant que le soleil soit totalement levé, nous avions rejoint le manoir pour reprendre forme humaine en toute intimité ; nous étions nus en retrouvant forme humaine... je ne me sentais pas aussi nauséeux que la dernière fois, mais pas totalement frais non plus. Au moins, j'avais la satisfaction de n'avoir pas fait couler le sang.
Après une bonne douche chaude et revigorante, des vêtements chauds sur le dos, j'avais rejoint Maximilian dans la cuisine. Les chiens dormaient, à présent, à l'intérieur.
– Tu veux une saucisse grillée ? me demanda-t-il alors.
– Euh... Ouais. Bon sang, ce que j'ai faim !
– Il n'y a rien à chasser sur cette île, c'est pour ça.
Ça se tenait. De mes Lunes Pleines de Bêta adulte, je me souvenais surtout de la Chasse, des repas que la Meute se partageait dans la forêt... Je n'avais jamais faim au réveil. Mais ici, à part des courges, il n'y avait rien à chasser qui soit suffisamment consistant.
Plusieurs minutes silencieuses plus tard, il me servit généreusement mon assiette, puis la sienne. Je vis enfin une compresse qui couvrait sa joue droite, maintenue par du ruban adhésif médical.
– Je t'ai mordu ? Demandais-je, surpris.
– Euh, pas vraiment. C'était un coup de patte.
– Excuse-moi... j'ai des flashs qui me viennent sans ordre précis... qu'est-ce qu'il s'est passé ?
– Eh bien...
J'imaginais mal un type de sa carrure, plus mature que moi, qui plus était un Alpha, fils de Chef de Meute, capable de rougir comme il le faisait actuellement... ça me laissait perplexe, tout comme son regard qui me fuyait.
Jusqu'à ce qu'il n'enchaîne :
– Je me suis soumis à toi, lâcha-t-il, le visage empourpré. Après le coup de patte. Je n'ai pas d'autres blessures, rassure-toi. Ça pique un peu, mais ce n'est pas profond.
J'étais effaré. Il me balançait ça comme ça, comme s'il s'agissait d'une scène dans une série TV ou un film ! Mais le plus inexplicable restait comment un Lycan Mâle qui me dominait clairement physiquement, qu'il soit Défaillant ou non, ait pu accepter la soumission si facilement ! l'ordre des choses voulait que moi, plus jeune et plus fragile, je me soumette... Pas le contraire !
– Je ne voulais pas que tu te sentes coupable si tu me blessais, m'expliqua-t-il.
– Mais tu... tu fais le double de ma carrure, comment tu as pu accepter ça ?
– Tu as, disons, une sacrée... ambition, sous ta forme de loup. Rien à voir avec le toi humain. C'est très... déstabilisant.
Qu'est-ce que cela pouvait bien dire ? Aucune idée. J'avais beau l'interroger du regard, il ne me répondit pas. La conversation en resta là, pour ma plus grande frustration !
Même si je pouvais me vanter de dominer notre « Meute » – surtout un type de la carrure de Maximilian – je ne le ferais pas. Une partie de moi ne comprenait pas, l'autre le niait farouchement.
La seule chose dont j'étais vraiment fier, c'était que je n'avais presque pas fait couler le sang... Un petit coup de patte après un bain de sang mortel et une course-poursuite qui avait coûté sa dignité à mon hôte, ce n'était rien du tout !
Ses regards me semblaient différents à partir de ce moment précis. Je ne saurais expliquer pourquoi, ou même en quoi, ils étaient différents, mais je le sentais.
Quelque chose avait changé dans sa manière de me regarder... Comme si sa Bête était bel et bien présente, subitement intéressée par ma personne, à m'observer comme un moyen de divertissement quelconque...
Ou un Dominant à abattre.
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The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]
ParanormalKaeden, un jeune Lycanthrope Bêta, s'attire des problèmes régulièrement. Après une nuit sanglante, il se retrouve orphelin, mais est aussi un tueur. Maintenant instable, son Chef de Meute, Edward, décide de le confier à son frère jumeau, Maximilian...