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J'étais assis sur mon lit, torse nu, tandis que Luther étudiait la moindre parcelle de mon corps avec attention. J'avais droit à un check-up complet qui s'éternisait. Je n'étais pas tranquille face à lui, encore plus seul.

Je ne saurais pas expliquer pourquoi exactement, mais je n'avais aucune stricte confiance en ce type. Peut-être parce qu'il était plus impressionnant qu'Edward et Maximilian réunis, ou qu'il était Chef d'une autre Meute, ou pour autre chose qui m'échappait encore. Voir un mélange de tout ça.

- Tu devrais te détendre un peu, me conseilla-t-il, prenant mon pouls avec son stéthoscope. Je ne vais pas te manger.

- V-Vous êtes impressionnant, c'est tout...

- Je sais, mais je ne mange personne - enfin sauf les Louveteaux pas assez sages, mais tu es sage, n'est-ce pas ?

- Je ne suis plus un Louveteau, maugréai-je alors.

Il se concentra sur mon cœur qui battait, encore trop rapidement. Comment voulait-il que je me calme ? il était trop proche de moi pour ça ! puis, me retrouver seul dans une pièce avec lui ne m'avait jamais semblé être une bonne idée.

Il passa à l'étude de mes iris, m'obligeant à croiser les siens. Horriblement intimidants, bestiaux, glaçants, malgré la chaleur de leur teinte ambrée. Des frissons me parcouraient, j'eus malgré moi un mouvement de recul et mon regard se baissait par réflexe. Ce qui ne lui échappa pas le moins du monde, cependant il ne dit rien, se contentant d'attendre que je me replace pour continuer de m'examiner.

- Ça m'est aussi arrivé, murmura-t-il, pour détourner mon attention. La Défaillance. Quand c'est arrivé, j'avais une dizaine d'années à peine, puis j'ai passé mon adolescence à dompter la Bête en moi.

Mes iris trouvèrent les siens - ce qui pourrait s'avérer malheureux, mais il ne semblait pas prendre cela comme de la défiance. Ou alors, il se contrôlait vraiment très bien.

- Je sais que tu te sens coupable, anormal et dangereux. Être Défaillant n'est pas dans l'ordre des choses, on nous apprend depuis notre naissance à vivre avec notre loup, comme un membre de la famille, une partie de soi-même bienveillante, en qui on peut avoir confiance. Ce n'est pas rien que cet équilibre soit vacillant, voire carrément brisé.

Il marquait un long temps d'arrêt pour me laisser digérer l'information.

Pour être honnête, je n'avais jamais réellement senti mon loup, un peu comme s'il dormait tout le temps ou qu'il n'avait pas envie de se manifester à moi. C'était, je pense, le meilleur moyen pour qu'un Lycan se sente le plus seul sur terre.

- Je ne le sens pas vraiment, marmonnai-je alors, honteux. Je sais qu'il est là, je le sens vibrer en moi, mais... C'est tellement occasionnel que parfois, je me dis que je suis un Lycan à temps partiel.

Contrairement à ce que je pensais, il n'eut aucune réaction notable. Il n'avait ni ri, ni crié, ni nié.

- Je comprends ce que tu ressens, lâcha-t-il alors. J'étais dans la même situation que toi, avant ma Défaillance. Mon père disait que ça arrivait parfois que le loup estime sa partie humaine trop faible pour lui.

Au fond de moi-même, je le savais déjà, ça. Bien que je tente de me persuader du contraire. Depuis que j'avais tué - que la Bête avait tué - je me disais qu'elle m'ignorait depuis toujours par honte, estimant que je la déshonorais...

The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant