Cauchemar

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C'est un terrible hurlement qui réveilla Frisk en sursaut. Chara s'était redressée, haletante, elle semblait complètement paniquée. Frisk s'approcha doucement, ce qui la fit se tourner vers lui :

« Je... je suis vivante ?

-Bien sûr que tu es vivante, répondit Frisk... pourquoi donc ?

-Et le... le vrai Frisk, celui qui tue pour s'amuser... c'est vrai ?

-Mais de quoi est-ce que tu me parles ?

-Et Alphys... elle est en vie ?

-Mais oui, elle est en vie. Qu'est-ce qui t'arrive, nom d'un chien ? »

Chara ne répondit pas. Après quelques instants, elle fondit doucement en larmes, puis tenta d'articuler entre deux sanglots :

« J'ai fait un cauchemar affreux... désolée de t'avoir fait peur en criant, mais...

-Je te comprends. Tu veux bien me raconter ?

-Ben... tu venais de tuer Alphys, et tu venais me tuer à moi... je me suis réveillée au moment où tu m'enfonçais ton couteau dans le cœur.

-En effet, c'est affreux... mais pourquoi voudrais-tu que je te tue ?

-Tu m'as dit que c'était ton vrai caractère... un garçon qui tue pour s'amuser...

-Mais où est-ce que tu as vu que je te tuerai pour m'amuser... tu penses vraiment que même dans une crise, je te tuerai pour rigoler ?

-C'est bien pire... c'était pas une crise, c'était pour de vrai... tu m'as dit que le garçon gentil et tout, c'était pour de faux, qu'en vrai, t'étais un tueur...

-La seule chose que je tuerai pour m'amuser, ce sont tes cauchemars... tout ce que je veux, c'est que tu arrêtes de pleurer. Tu sais très bien que je ne te ferai jamais de mal, encore moins pour plaisanter.

-Je sais, mais là, c'était trop réaliste... j'ai eu l'impression que tu me tuais vraiment...

-Oublie ce rêve, Chara. Il n'y a pas une once de réalisme dedans, parce que tu sais très bien que jamais je ne te ferai le moindre mal.

-j'aimerais bien... mais je pense pas que je m'en débarrasserai facilement.

-Écoute, Chara... à ce qu'Alphys m'a dit, ce matin, il y a un moyen de t'en débarrasser facilement.

-J'en doute...

-Arrête de douter. Et montre-moi ton Âme un instant. »

Sans un mot, Chara fit apparaître son Âme d'un long soupir. Ce qui surprit d'abord Frisk était que son aura noire s'était évanouie, pour laisser place à une brume bleutée cachant pudiquement l'Âme, qui arborait maintenant un cyan très vif. Frisk la saisit doucement dans sa main, et l'observa un instant :

« Je vois que ce rêve t'a réellement choquée... je vais essayer de t'aider, mais je ne promets rien.

-Fais tout ce que tu veux... du moment que je l'oublie. »

Frisk ne répondit pas. Il ferma doucement les yeux, ce qui eut pour effet de faire scintiller d'une lumière singulière l'Âme qu'il tenait dans la main. La sienne s'extirpa doucement, et s'approcha de celle de Chara, qui s'arracha lentement à sa prise. Les deux Âmes se mirent à se tourner doucement autour, en scintillant de plus en plus, jusqu'à ce qu'une violente explosion de lumière emplisse la chambre. Les deux Âmes venaient d'échanger leur couleur, situation qui ne dura que quelques dixièmes de secondes, après quoi l'Âme de Frisk retrouva son rouge et celle de Chara son cyan, qui s'atténuait déjà. Les deux Âmes tombèrent silencieusement sur la couverture, juste en face de Chara, qui prit la sienne.

« Explique-moi ce qui vient de se passer, dit-elle doucement.

-C'est compliqué, dit Frisk. Pour faire simple, comme tu as pu voir avec nos Âmes, pendant un instant, la mienne est devenue la tienne, et inversement. Mon Âme est devenue la tienne, le temps que tu lui insuffles tous tes tracas, puis elle est venue me réintégrer. Résultat, je peux te raconter mot par mot ton cauchemar, tandis que toi, tu l'auras presque oublié.

-C'est vrai que maintenant que tu me l'as dit, il y a des détails qui m'échappent... merci, Frisk.

-Ce n'est rien... ça me fait plaisir de t'avoir aidée. »

Chara voulut répondre, mais elle s'en sentit incapable. À la place, elle ne fit que se jeter presque brusquement dans les bras de Frisk, qui manqua de tomber en arrière.

« T'es trop gentil, finit-elle par dire. Je suis trop contente de t'avoir avec moi tout le temps...

-Ça te... ça te fait tant plaisir que ça ?

-Mais oui, c'est trop bien... au moins, quand t'es là, j'ai plus à m'inquiéter.

-Eh bien, je suppose que je dois te remercier... ça me fait plaisir de t'aider. Surtout quand ça me concerne...

-Merci... dis, tu me promets que tu feras jamais ça ?

-De quoi ?

Ce dont j'ai rêvé... tu me promets que tu le feras jamais ?

-Pour qui me prends-tu ? Je ne suis pas du genre à tuer n'importe qui pour me distraire... je te promets qu'il ne t'arrivera jamais rien par ma faute.

-Merci... merci... excuse-moi de t'avoir fait peur, je suis vraiment une nouille...

-Tu n'es pas une nouille, Chara... la nouille, c'est moi.

-Hein ?

-Je dis que c'est moi, l'imbécile... jusqu'ici, je savais très bien contrôler ma colère, et depuis que je suis ici, elle sort en continu... déjà que je suis très irritable de nature. J'ai dû te traumatiser à vie, cette dernière semaine...

-Faut avouer que j'ai encore du mal à admettre que tu t'énerves comme ça... désolée de te le dire comme ça, mais je suis encore plus nouille que toi. Parce que tout ce que tu me fais de mal, quelque chose en moi me dit de te le rendre...

-C'est-à-dire...?

-C'est-à-dire que chaque fois que tu me dis quelque chose de méchant, je sens quelque chose monter en moi, qui me dit de t'insulter suffisamment violemment pour que tu en sois choqué... quand, pendant tes crises, tu me frappes, quelque chose en moi me dit de me jeter sur toi, de t'étrangler jusqu'à ce que tu en deviennes violet... même quand je sais très bien que c'est une maladresse de ta part, qu'il y avait aucune mauvaise intention, quelque chose me dit de te le rendre...

-Tu sais, je ne peux rien y faire... et je ne pense pas que te laisser me faire ce que tu veux ne t'aidera beaucoup.

-De quoi, te frapper ? Mais c'est juste dégueu... je vais pas te frapper juste parce que j'en ai envie !

-C'est pour ça que je dis que ça ne t'aidera pas... à part t'apaiser de la seule façon que je connaisse, je ne sais pas quoi faire pour t'aider.

-Et qu'est-ce que c'est, ta méthode ?

-Je pense que tu la connais...

-Ah, ça... maintenant que tu le me dis, j'aimerais bien en avoir un.

-Il n'y a qu'à demander... moi aussi, j'aimerais bien. »

Chara ne répondit pas. Elle voulut articuler une réponse, mais s'en sentit soudain incapable lorsqu'elle sentit Frisk l'entourer de ses bras, avec une douceur qui les fit rougir à tous les deux. Après quelques instants, elle fit doucement de même, sans un mot. Frisk, lui, ne faisait pas un bruit, jusqu'à ce qu'il sente Chara le pousser doucement en arrière, sans le lâcher pour autant, et il tomba délicatement en arrière, sur le matelas, Chara sur lui, qui le serrait toujours contre elle. Ils restèrent ainsi quelques minutes, Chara lovée contre Frisk, lui sous elle, tous les deux savourant du mieux le moment. Au bout de quelques temps, Frisk sentit que la respiration de Chara s'était apaisée, et qu'elle était maintenant immobile. Elle s'était endormie, ce qui fit sourire Frisk. Sans un bruit, en essayant de bouger le moins possible, il lui déposa un court baiser sur la joue, avant de poser délicatement sa tête sur son oreiller, dans un silence profond.

Undertale - Huit ans après [Complété !]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant