Douce Vengeance ( Tome 2 )

Chapitre 39

|| Chapitre 39 ||

« -Comment puis-je te convaincre d'abandonner tes projets? Murmura la blonde une pointe de désespoir dans la voix. »

Cela faisait quelques minutes que les deux coéquipiers marchaient. L'un en tête d'un pas rapide, l'autre soufrante qui compressait son bras meurtri contre elle.

« - Tu ne peux pas, répondit le Swan d'une voix calme et froide. Tout comme tu ne peux pas me comprendre.

-Tu n'y arriveras pas, Hayden. Même avec toute la volonté du monde. C'est impossible, Nox est bien trop puissant pour toi. Je suis désolée.

-Tu penses me connaître mais tu ne sais pas de quoi je suis capable. J'y parviendrais avec ou sans ton aide.

-Abandonne avant que l'impardonnable ne soit commis, continua l'archer. S'il te plaît, c'est bien trop dangereux. Fais-le pour les gens qui tiennent à toi. »

Le gardien s'arrêta. L'agacement qu'il ressentait grandissait au fur et à mesure qu'elle parlait. Son discours l'énervait. Lentement, il se retourna vers la jeune femme à quelques mètres de lui, prêt à lui offrir un regard noir. Lui qui s'attendait à voir la guerrière fière et déterminée d'il y a une heure fut déçu : elle semblait bien plus souffrante et faible qu'auparavant lorsqu'elle le soignait. Ses yeux bleus rivés sur le sol ne cachaient plus ses sentiments qui y passaient, comme plongée dans un état second. Sans doute n'avait elle pas remarqué que le garçon s'était retourné. Jamais Olivia ne se serait montrée volontairement sous cet angle.

« -On ne peut pas comprendre quelqu'un qui souffre avant d'avoir fait soi-même l'expérience de la souffrance.

-J'ai perdu des êtres chers, confia la blonde avec un sourire triste, la tête toujours baissée. Et malgré tout la vie continue. D'autres personnes m'ont aidé à ne pas me noyer dans ma tristesse et à aller de l'avant. Et maintenant ils sont devenus ma raison de vivre parce que je veux les protéger. Il ne faut pas rester coincé dans son passé, à ressasser ce qui fait mal. Lève les yeux et apprécie le présent, projette-toi dans le futur et protège ceux que tu aimes.

-C'est ce que je disais, répliqua Hayden insensible aux paroles de son amie. Tu ne peux pas imaginer ce que j'ai traversé.

-Auxor a tué ma mère, cria la blonde la voix cassée en relevant ses yeux humides. Et il a tué mon frère qui s'est vidé de son sang devant mes yeux. Je déteste ce maître de toutes mes forces. Je le hais pour m'avoir enlevé ces gens qui m'étaient si importants. Mais la vengeance ne les ramènera pas, on me revient pas d'entre les morts. Savoir qu'un jour ou l'autre je devrais combattre Lord Auxor ne m'apporte rien, pour la simple et bonne raison que j'ai tourné la page. Et tu devrais en faire de même. Tu te détruis, toi et tes coéquipiers, avec cette obsession pour l'assassin de Leila. Lâche prise et...

-Si tu dis avoir tourné la page, grinça-t-il, pourquoi des larmes roulent sur tes joues ? »

Olivia écarquilla ses yeux quand elle aperçut les gouttes d'eau maculer la main qu'elle avait portée à son visage. Elle sentit une vague de dégoût la submerger devant la réplique si placide du Swan. Son manque d'empathie lui donnait envie de crier à s'en arracher les cordes vocales. Elle refusait de croire qu'il était aussi insensible qu'il le prétendait. Ce dernier la regardait de haut, dévisageant les larmes qui dégringolaient de ses prunelles bleues. Il ne s'attendait pas à ce que la personne la plus forte mentalement qu'il connaissait cède devant lui. Il l'a voyait dans un état qu'il le soupçonnait pas chez elle : faible et vulnérable. Il mourrait d'envie de partir pour ne plus avoir à regarder cette fille pleurer. Il détestait le sentiment qui broyait son ventre en la voyant dans cet état : de la compassion. Il s'était promis de ne plus jamais ressentir ce sentiment. Car cela signifiait qu'il éprouvait une sorte d'attachement envers son prochain, et qu'il finirait tôt ou tard par souffrir. Il ne devait pas y avoir de lien qui le reliait à tous ceux qui ne souhaitent que le détourner de son objectif. Et l'envie de réconforter la demoiselle n'aurait jamais dû le saisir. Prendre du recul, immédiatement. Sans quoi, il ne pourrait pas en ressortir indemne.