Douce Vengeance ( Tome 2 )

Chapitre 60

|| Chapitre 60 ||

La neige de ce début de février recouvrait les arbres nus. La nature semblait silencieuse, comme endormie par ce manteau blanc. Pas un animal venait déranger la quiétude qui régnait, pas un bruit ne perturbait ce calme. Les rivières gelées par le froid et recouvertes de neige renforçaient l'impression du temps suspendu.

Perdue dans cette vaste forêt aux cardes idylliques, une jeune voyageuse marchait aux côtés d'un loup géant, souhaitant se dégourdir les jambes. De la buée sortait de sa bouche à chacune de ses paroles. Ses traces de pas marquaient le sol, vite recouverte par une fine pellicule de neige qui tombait incessamment depuis plusieurs heures. Olivia leva les yeux aux ciels, observant le ciel gris avec nostalgie.

« -Toute cette neige me rappelle le pays de la glace, mais c'était il y a deux mois. »

Deux mois. Le temps passait si vite. Liv resserra son manteau autour d'elle en frissonnant à cause de la brise qui s'était levée. A force de devoir éviter les grandes routes et les chemins les plus courts, à même prendre des détours inutiles, la demoiselle en voyait son trajet être rallongé. Elle ne voulait pas être reconnue par les gens, par crainte de s'attirer les foudres de ses ennemis ou de bandits prêts à tout pour quelques pièces. Mais d'un autre côté, elle avouait avoir choisi la mauvaise période pour faire son retour. Il aurait été plus judicieux d'attendre de récupérer son don de l'eau, évidemment. Sauf que la blonde sentait qu'elle fait le bon choix. Après l'attaque au Pays de la glace, elle se devait de rétablir la vérité et pour rien au monde elle aurait continué de se cacher ainsi. Auxor Swan savait qui elle était, à quoi bon se cacher davantage ? Ce fut la meilleure chose à faire, et Liv ne le regrettait pas le moins du monde, même avec le danger qui planait sur elle plus que nécessaire. Et malgré sa vulnérabilité, la demoiselle ne pouvait s'empêcher d'apprécier ce voyage avec son identité déclinée. Ces instants de solitude, à marcher dans la nature endormie avec Saphir pour seule compagnie, lui faisait du bien.

Une légère douleur broya le ventre d'Olivia. La faim la tiraillait depuis ce matin et elle n'avait pas trouvé un endroit où se restaurer. Ses provisions, écoulés depuis longtemps, ne pouvaient être renouvelées. Et aucun animal ne pointait le bout de son nez, condamnant ainsi tout espoir de chasse.

« -Toi aussi tu as faim, murmura la blonde en caressant la tête de sa louve. On devrait arriver au temple de l'air du sud dans trois jours. Enfin, si la neige ne nous retarde pas! »

Liv reprit sa marche après que Saphir l'encouragea à avancer. Elle aperçut, dans le lointain, une grande falaise dont le sommet pointait dans les nuages. Elle devina sans peine le grand édifice de l'air perché au-dessus du brouillard. Un sourire naquit sur ses lèvres alors que de l'excitation se mêla à son sentiment d'euphorie.

« -Saphir regarde! On voit enfin le mont! On y est presque.

-Vous allez nul part, ptetre bien qu'vous avez quelque chose qui nous intéresse. »

La louve se mit à grogner, ses canines blanches visibles à cause de ses babines retroussées. De son museau elle poussa sa maîtresse d'un geste protecteur tandis que cette dernière sortit sa lame aiguisée en un éclair. D'un coup d'œil, elle jaugea la situation et son esprit de fin stratège commença à se mettre en route. Quatre bandits l'observaient, de leurs yeux avides, se rapprochant doucement d'elle.

« -Je n'ai rien pour vous, cria-t-elle à l'adresse de celui qui semblait être leur chef.

-J'me demande combien on pourrait empocher pour avoir capturé Olivia Turner, sans doute assez pour nourrir tout un régiment. »

L'homme sourit, découvrant des espaces de dents manquantes. Il regarda l'animal blanc au pelage soyeux de son unique œil avant de brandir un peu plus son arme devant lui.