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Taehyung avait passé une partie du reste de la nuit, majoritaire, à se tourner et à se retourner dans son lit, se lever pour aller chercher divers verres d'eau, se rendre dans sa cuisine pour manger ce qui lui tombait sous la main, se tourner encore, prendre son téléphone et regarder les publications du noiraud, les commentaires dessous, en boucle, toute la nuit. Il l'avait en tête, il avait annexé le territoire dans sa tête dédié à la réflexion, profonde ou de surface, sans aucune once d'amertume, de la façon la plus sournoise qui soit.

Il finit par s'endormir, pour se relever à peine trente minutes plus tard, sous les sonneries incessantes et sifflantes de son réveil.

La fac d'art était épuisante. Ça l'intéressait, bien sûr, c'était sa passion, et avec tout l'argent que sa famille possédait, se rendre là n'était même plus un quelconque luxe, mais il était ennuyé. Tout se ressemblait toujours à la longue, rendant ses journées irrémédiablement monotones et moroses.

Lui, ce qu'il voulait, c'était qu'on le regarde, qu'on l'admire. Et ce n'était pas au milieu de nombreux autres étudiants, qui plus est portés contrairement à lui, par une passion dévorante sans faille, et une motivation suprême qu'il ne possédait pas, que cela allait se produire.

Il avait dû forcer le destin. D'une manière légèrement excessive et pêcheuse, machiavélique et débauchée certes, mais il n'avait pas même trouvé de prémices de solutions plus efficaces que celle-ci. Exposer ce qu'il aimait le plus chez lui au moment charnel, sa voix, qu'il savait sublime sous le plaisir de la chair.

En fait, il se moquait complètement du concept même de méritocratie, lui souriant chaque jour hypocritement, tel un diabolique fourbe, pour, de manière insidieuse et latente, par la suite se laisser baiser les pieds par des inconnus pour quelque chose qui lui appartenait de façon innée. Même s'il y apportait son art de photographe, cela restait en grande majorité, juste l'oeuvre de la nature.

Le soir, lorsqu'il se retrouva le cellulaire en main, le numéro du noiraud entré avec les minuscules chiffres, il repensa à tout ça, et à comment cet homme vouait un amour particulier à ses oeuvres, en restant digne et mystérieux. Alors il se sentit mal. Il resta stoïque face à la lumière bleue et aveuglante de son écran pendant quelques minutes, avant de finalement laisser la curiosité s'emparer de ses actions, et d'appuyer sur le petit bouton vert d'appel.

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Triple update pour aucune raison particulière

Chapitre un peu nul cuz transition mais ça va j'espère que ça vous plaît quand même

-𝐄𝐀𝐑𝐆𝐀𝐒𝐌 ᵏᵛ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant