Il ne pouvait pas lui demander ça ! C'étaitsuffisamment compliqué de manger seule alors avec quelqu'un pour surveiller ses faitset gestes... Si en plus il s'agissait de lui, dont le regardla pétrifiait dès qu'il l'observait avec un peu trop d'insistance, elle netiendrait même pas un jour. Elle fonctionnait seule depuis des années et il pensait pouvoir tout remettre en cause !? Impossible.
Rosa n'avait pas réfléchi en sortant du café. Ses jambes voulaient s'éloigner de cet homme démoniaque et sa conscience approuvait. Même si elle savait qu'il la suivrait probablement, courir le plus vite possible avait sur le coup été l'unique moyen d'extérioriser sa peur d'Aras. Sa peur de cet homme qui en savait déjà beaucoup trop sur elle et sa maladie. Elle ne pouvait penser à remettre sa santé entre les mains de quelqu'un : il finirait par l'abandonner.
Comme elle l'avait supposé, son patron l'avait rattrapée facilement et forcée à se calmer. Puis prononcé les termes de cet horrible chantage. Là, c'est sûr que ça changeait encore la donne... Mais non, accepter était trop dur !
Aras observait attentivement ses expressions. Un véritable dilemme se jouait en elle. Avait-il été trop loin ? Non, il était sûr qu'elle accepterait. Son travail était sa bouée de sauvetage en ce moment. Ses mains déjà tripotaient les pansements du bout de ses doigts. Avec une infime délicatesse pour ne pas l'effrayer plus qu'elle ne l'était déjà, Aras posa sa main sur la sienne. Elle tremblait, ses yeux fixaient le vide.
-Rosa, parlez-moi. Qu'est-ce qui vous fait peur ?
-Je ne peux pas, étouffa-t-elle un sanglot. C'est au-delà de mes forces...
Aras s'accroupit devant elle pour se mettre à sa hauteur. Doucement, il prit son visage en coupe pour la forcer à se plonger dans ses yeux. Il n'y avait qu'ainsi qu'elle pourra comprendre qu'il ne veut que l'aider et que ses intentions sont sincères.
La jeune femme avait des difficultés à se concentrer sur lui. La situation l'effrayait. Tout chez Aras effrayait. Sa mâchoire carrée, sa stature gigantesque, ses yeux noirs qui la transcendaient, l'infinie délicatesse avec laquelle il la touchait...
-Tout ira bien, murmura-t-il en écartant une mèche de ses cheveux auburn. Vous allez y arriver et je vais vous aider.
Elle se retira brusquement de l'emprise d'Aras qui comprit qu'elle cherchait de nouveau à annihiler sa peur bien trop puissante pour une âme aussi fragile qu'elle. Rosa se leva et recula de quelques pas pour mettre de la distance entre eux. La colère refaisait surface. Une colère surtout due à l'incompréhension.
-Pourquoi vous faites ça !? cria-t-elle. Pourquoi voulez-vous tant m'aider !?
-Je me refuse à vous laisser seule en étant aussi fragile.
-Je ne vous crois pas ! On m'a déjà fait ce coup-là !
La jeune femme tournait en rond, incapable de tenir en place. Au contraire, son patron restait inexpressif, comme s'il savait que le moindre geste ou parole pourrait envenimer la situation. Aras fronça les sourcils.
-Quel coup ? Qui est ce on ?
Rosa se retourna, excédée.
-Vous voyez ! Vous recommencez ! Cessez de vouloir tout connaître de moi, c'est insupportable ! C'est déjà difficile de voir qu'il vous est si facile de comprendre mes réactions alors... alors... alors si...
Sa voix se brisa sous la force des sanglots et elle tourna les talons, se sentant ridicule de n'être même pas capable de finir une pauvre phrase. Elle marcha jusqu'à atteindre un parc. Il ne l'avait pas suivie. Il le fera, mais semblait avoir décidé de lui laisser le temps de retrouver son calme. Rosa se laissa tomber auprès d'un tronc d'arbre et laissa son désarroi s'exprimer librement. Sa colère était remplacée par une tristesse et une fatigue de vivre intense.
Aras l'avait suivie de loin, trop inquiet pour la laisser totalement seule mais lui laissant suffisamment d'espace. Il voulait par ce geste lui faire comprendre qu'il respectait malgré tout ses besoins et envies. Lorsqu'il vit sa respiration se stabiliser après une trentaine de minutes, son expression se détendre et ses larmes sécher à la lumière du lampadaire, il l'approcha à nouveau. Il savait qu'elle l'avait entendu, mais elle ne fit aucun geste, se contentant de fixer le vide. Cette fois-ci, elle n'émit aucun tressautement ni signe de panique quand il posa une main sur son épaule.
-Vous êtes calmée ?
Elle répondit par un simple hochement sans lever la tête pour le regarder.
-Je vais vous ramener. Il est inutile de continuer cette conversation ce soir : vous êtes bien trop épuisée. De plus, la rencontre avec vos parents a dû davantage vous ébranler que vous ne voulez bien le laisser paraître.
Rosa ne releva pas la dernière remarque, bien que le fait qu'il l'ait compris sans indice volontaire ou non de sa part la laissa agacée. Encore une fois, il lui prouvait qu'il la décryptait mieux que personne, malgré ses efforts pour maintenir sa barrière d'insensibilité. Ça marchait avec tout le monde. Pourquoi pas avec cet homme ? Il la conduisit à une voiture qui attendait devant l'entrée du parc. Il avait dû profiter de son besoin de solitude pour demander à un subordonné de l'amener.
Dans la voiture, les paupières de la jeune femme se fermaient toutes seules. La pauvre était éreintée, constata Aras. Il espérait que son frère avait pu gérer la situation sur le lieu de la réception. Monsieur De Colbert devait être furieux. Et qu'en était-il des parents de Rosa ? Aras s'en voulait de ne pas avoir fait plus tôt le rapprochement entre le couple et elle. S'il avait percuté en faisant la liste, cette situation n'aurait pas eu lieu.
Cependant, comment aurait-il pu faire le rapprochement ? Monsieur Hatier était un homme qui menait ses affaires avec une main de fer, de même pour sa femme. Il ne les imaginait pas du tout avoir une vie de famille. Et Rosa avait dit n'avoir personne sur qui compter... En fait, après réflexion, ces affirmations n'étaient pas si incompatibles...
Alors qu'il allait réveiller Rosa pour lui signaler qu'ils étaient en bas de son immeuble, celle-ci ouvrit les yeux d'elle-même. Bien sûr, il aurait dû s'en douter : jamais elle ne se laisserait aller au sommeil avec un inconnu qui pourrait profiter d'elle. Mais il ne s'attendait pas à ce qui allait suivre.
-Vous êtes fort, Monsieur Williams, dit-elle en le fixant sérieusement. Très fort en plus d'être un salaud. Car seul un salaud dans votre genre pouvait me faire accepter un marché tel que le votre.
Sur ces paroles, Rosa claqua la portière et disparut... Passé le choc, Aras éclata d'un rire tonitruant, amusé par son audace et heureux. Elle avait accepté...
Bonjour ! Tout d'abord, comme je suis en vacance, je vais tenter de publier un chapitre voire deux par jour. Ensuite, j'aimerais savoir si la tournure que prend l'histoire vous plaît.
Comme Rosa apparaît sous une très mauvaise image dans "Aie Confiance", j'ai essayé de faire en sorte qu'on comprenne un peu mieux son comportement passé abject avec Ambre. La voyez-vous maintenant sous un autre jour ?
Y a-t-il des personnages dont vous aimeriez que je développe un peu plus la personnalité ou le passé ?
Que pensez-vous qu'il va se passer maintenant que Rosa a accepté l'aide d'Aras ? Des idées sur leur relation à venir ?
Quelles révélations va-t-elle faire sur son passé visiblement lourd ?
Voilà ! Ça m'arrangerait bien si vous pouviez répondre à tout ça en commentaire ! Merci beaucoup ! J'espère que la suite vous plaira et, dans le cas contraire, n'hésitez pas à me dire quoi rectifier ou à me partager vos idées. Bonnes vacances pour ceux et celles qui le sont et à bientôt !

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Effervescence
RomansaCe qu'elle cherchait, c'était blesser. Mais qui se cache réellement sous cette apparence superficielle et méprisable ? Qui se cache sous cette barrière infranchissable ? A la sortie de l'hôpital psychiatrique où Rosa est internée pour anorexie, la...