Chapitre 32

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Hey ! Comment allez-vous ? Me tapez pas s'il-vous-plaît, je sais que j'ai beaucoup de retard et que je suis inexcusable... 😣 Je vais essayer de reprendre un rythme plus acceptable.

Bonne lecture !

Une faveur ? N'importe laquelle ? Rosa n'avait pas l'habitude de ce genre de proposition. Au contraire, elle n'avait en général jamais le choix. Et que pourrait-elle attendre d'un homme tel qu'Aras Williams, l'homme qui avait tant fait pour elle. Non, vraiment, elle ne savait que penser de cette étrange proposition. Simplement, son regard se posa sur le magazine axé sur la danse et l'étoile actuelle : Ely Eltven. Et si...

Non.

Une simple place coûtait plus de sept cent euros, sans compter les mois d'attente. Et face à son amie d'enfance, que ferait-elle ?

Aras observait chacun de ses mouvements de son regard analytique. D'un coup, son attitude avait changé et elle semblait gênée, comme si elle n'était pas en droit de demander quoique ce soit. Ça ne l'étonnait guère bien que cette constatation l'attriste : elle détestait toujours autant l'idée de lui être redevable. En revanche, elle prit tout de même la fourchette quand il la lui tendit et enfourna le bout de fruit dans sa bouche. Aras comprit qu'elle ne demanderait rien. Il jeta un œil sur le magazine de danse qu'elle lisait en boucle depuis trois jours. Peut-être pouvait-il tenter de deviner ce qu'elle n'oserait jamais lui demander...

~~~

-J'avais dit que ce n'était pas la peine de partir si tôt, répéta encore Rosa pour la septième fois, boudeuse.

-Et s'il y avait eu des embouteillages ? répliqua Aras du tac-au-tac.

La jeune femme grogna et se renfonça sur sa chaise. Ils attendaient depuis déjà vingt minutes et le rendez-vous était dans une demi-heure. Le hall de l'hôpital était bondé, des médecins et infirmières couraient dans tous les sens, interpellant de temps à autre des patients. Elle était loin d'être à l'aise dans cet environnement. Avant, elle n'aurait eu aucun mal à cacher son trouble. L'horloge tournait. Le docteur Perret était en retard. Au bout d'un quart d'heure de retard, Rosa se leva brusquement. L'angoisse se trahissait sur ses traits.

-Il y a trop de monde, les médecins sont débordés. Je reprendrai un rendez-vous plus tard, expliqua-t-elle avant de se diriger vers la sortie.

Aras accourut et ferma d'une main la porte qu'elle s'apprêtait à franchir. Il allait sans dire qu'ils restaient. L'homme lui prit délicatement la main et la redirigea vers la salle d'attente. Durant leur absence, leurs chaises leur avaient été piquées. Voyant qu'elle tremblait, il la fit s'adosser à un mur un peu à l'abri des regards et plongea ses yeux dans les siens.

-Je ne veux pas me refaire interner... souffla-t-elle péniblement, les yeux pleins de larmes.

-Ça n'arrivera pas, dit-il en lui remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. Après tous les efforts que tu as fourni et tous tes progrès, il est impossible qu'ils prennent cette décision. Ton poids actuel est important mais ton état mental l'emportera toujours. Et je sais à quel point tu es devenue plus forte.

Rosa avait du mal à le croire. À son sens, elle se fragilisait plutôt en sa compagnie. Elle devenait de plus en plus dépendante de lui. Comment pleurer et montrer ses failles à longueur de temps pouvait-il signifier être forte ? Elle ne reliqua cependant rien, trop troublée par son regard intense et sa main qui semblait brûler le haut de son épaule.

-Mademoiselle Hatier ?

Rosa et Aras se tournèrent vers le médecin en blouse blanche qui l'avait appelée. La jeune femme avala péniblement sa salive face à ce visage, celui qui avait initié sa radicale transformation. Encore aujourd'hui, il lui arrivait de se réveiller le matin avec le goût amer de la honte qui l'étouffait lorsqu'elle repensait à cet événement. Si le docteur Perret était calme en cette matinée, sa colère qu'elle avait dû subir ne quitterait jamais son esprit.

Aras quant à lui observait le médecin avec attention. Ses traits ne laissaient rien paraître. Ni animosité, ni empathie. Aucun moyen de savoir ce qu'il pensait de sa patiente. En revanche, la jeune femme gardait les yeux rivés au sol. Rosa avait toujours été très sécrète sur son séjour en psychiatrie et plus généralement son passé. Il espérait en savoir davantage aujourd'hui.

Le docteur Perret haussa un sourcil en voyant que Rosa était accompagné, paraissant méfiant.

-Je suis désolé, les patients doivent être seuls pendant que je fais passer les entretiens, asséna-t-il alors que le chef d'entreprise se raidissait.

-Hors de question que je la laisse seule, répliqua durement Aras en croisant les bras.

Le docteur fronça les sourcils. Il avait ses raisons pour faire passer les patients seuls dans son bureau. Et avec Rosa, c'était encore plus délicat. Il s'apprêtait à l'éconduire une nouvelle fois violemment, lorsque la jeune femme agrippa la manche de l'homme et se tourna vers lui.

-Je... J'aimerais qu'il vienne, s'il-vous-plaît, murmura-t-elle timidement.

Le médecin eut du mal à cacher sa surprise. Cette attitude de la part de la jeune femme était à l'opposé de celle qu'il avait toujours connue. Il y a trois mois, sans doute aurait-elle déjà perdu son calme. Et même, il était si inattendu qu'un homme l'accompagne et qu'elle soit prête à se dévoiler à lui ! Après tout, pourquoi pas... Il devait de toute manière en apprendre plus sur cette relation pour vérifier qu'elle n'était pas nocive pour la jeune Rosa.

-J'accepte, mais au moindre problème vous prenez la porte, prévint-il Aras.

-Cela va sans dire.

Ils suivirent le médecin jusqu'au bureau qu'il occupait à temps partiel, le reste de son temps étant consacré aux patients du centre psychiatrique. Rosa s'assit hésitante sur un des deux sièges rembourrés au centre de la pièce. Ses mains tremblotaient légèrement, la balance au pied du mur ne lui ayant pas échappée. Elle allait à nouveau tripoter ses poignets mais se ravisa à temps.

-L'examen durera environ deux heures, commença à expliquer le docteur Perret. Je vérifierai d'abord ta santé physique, ton poids, tes constantes, puis on discutera de comment tu te sens moralement depuis ta réinsertion dans la société.

Rosa avala difficilement sa salive. L'épreuve commençait.

EffervescenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant