Chapitre 28

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Aras venait d'arriver devant l'immeuble de la jeune femme. Il n'y était jamais entré. Peut-être aurait-il dû. Avec le temps, il s'était persuadé qu'il était impossible que l'intérieur soit en aussi mauvais état que l'extérieur. Les escaliers de bois craquaient tellement qu'il craignait qu'ils s'effondrent à un mouvement un peu brusque de sa part. Bon sang, et il l'avait laissée vivre dans ce taudis deux mois... Il se rappelait que Rosa habitait tout en haut. La porte était déjà ouverte. Étrange. 

Tout était sans dessus dessous la minuscule mansarde. Mais mince, qu'est-ce qui a bien pu se passer !? Un cambriolage ? Colin Jaydon ? Puis il entendit de faibles gémissements, des pleurs. Ce qu'il vit lui glaça le sang.

Rosa, au sol, couvert de morceaux de miroir avec les mains en sang. Que faisait-il ici alors qu'elle aurait dû rester chez lui ? A côté d'elle reposaient de minuscules appareils pourvus d'une multitude de fils électriques arrachés. Il se précipita vers la jeune femme qui regardait le vide, silencieuse, le visage trempé de larmes. Inquiet car elle ne réagissait pas, il lui plaqua les mains sur les joues pour l'obliger à le regarder. Elle se plongea dans son regard hypnotisant.

-Il m'observait... murmura-t-elle faiblement. Durant tout ce temps il m'observait grâce à ces caméras derrière le miroir. 

Elle désigna les appareils détruits au sol d'une main tremblante. Aras comprit alors qu'elle parlait de Colin.

-Quand je dormais... Quand je me changeais... Sous la douche... Pendant mes crises...

Elle éclata brusquement en sanglots. Aras ne savait que dire, que faire pour la calmer. Son intimité avait été violée. Sa haine envers Colin ne cessait plus de grandir mais il ne pensait pas que l'insulter aiderait Rosa dans l'immédiat. 

Alors, sur un coup de tête, il posa ses lèvres sur les siennes.

Un feu d'artifice éclata dans leur cœur à tout les deux. Ils avaient l'expérience, mais malgré cela rien ne leur avait jamais paru aussi doux. Aras caressait délicatement ses joues puis savoura la douce peau de sa nuque. Rosa n'osait plus faire un seul mouvement. Tout semblait soudain plus lumineux. C'était magique...

Le baiser cessa quand une larme de Rosa, coincée jusque là dans ses longs cils, glissa et leur donna un goût salé. La jeune femme reposa sa tête sur l'épaule d'Aras, plus apaisée.

L'homme faisait des cercles dans son dos, ne pouvant s'empêcher de penser à ce qu'il venait de faire. Il n'y avait plus aucun doute, il la désirait. Et Rosa aussi. Il n'en revenait toujours pas de pouvoir la toucher ainsi, elle qui craignait tant les contacts humains.

Sans remuer ni se détacher de son étreinte, elle demanda doucement :

-Qu'est-ce que je vais faire pour ce soir ? J'ai donné mon accord pour son invitation.

-Tu n'iras pas. Ou plutôt, à l'heure où tu aurais dû venir, il accueillera la police. Nous avons suffisamment de preuves maintenant pour l'envoyer au moins trois ou quatre ans en prison, répondit-il en essuyant les larmes sur le visage de Rosa.

-Je ne veux plus vivre ici...

-Évidemment que tu vas quitter cet endroit. Comment as-tu pu me cacher que tu vivais dans ce taudis ? dit-il sévèrement.

-Je l'avais choisi pour son bas loyer. Le reste, je m'en fichais. C'était censé être temporaire.

-A combien est-il aujourd'hui ?

-1200 euros par mois, souffla-elle.

Aras manqua de s'étouffer. Un loyer moyen de situe entre 500 et 700 euros. Ce taudis n'en valait même pas 200.

-Mais pourquoi n'as-tu pas changé d'appartement au lieu de rester ici ?

Elle afficha une mine surprise et éberluée.

-Je... Je ne sais pas. Je n'y ai même pas pensé...

Aras secoua la tête. Ça aurait dû être sa première réaction. On voyait bien là l'influence qu'avait eu Colin Jaydon sur elle. Il l'avait entièrement manipulée et terrorisée, à tel point qu'elle redoutait sans doute des représailles si elle agissait.

Il se releva, et l'incita à faire de même. L'homme la retint quand elle faillit tomber de nouveau à cause d'un vertige. Inquiet, il posa sa main sur son front. Elle était encore brûlante. Ça faisait trop d'émotions d'un coup.

-Allons-y. Tu es encore malade et il faut soigner tes mains. Du verre doit être incrusté dans ta peau. Je vais appeler un médecin.

-Aller où ? demanda Rosa dans l'incompréhension. Je pensais rester ici le temps de trouver un nouveau logement.

Les yeux d'Aras brillèrent d'une lueur étrange.

-As-tu déjà oublié que tu vivais chez moi désormais ?

Rosa ouvrit de grands yeux. Elle pensait que ce serait temporaire, le temps de son rétablissement. Apparemment, il en avait décidé autrement...

-Mais...

-Je ne te donne pas la liberté de faire des objections. Tu viens, un point c'est tout. Étant donné que tu ne respectes même pas mes ordres quand je te dis de rester à la villa une petite matinée... dit-il en de penchant à son oreille, il va falloir prendre des mesures plus drastiques. Par exemple... une punition.

Rosa rougit jusqu'à la pointe des oreilles. Comment avait-elle pu croire qu'il la laisserait tranquille après toutes les règles du contrat qu'elle avait bafouées ? Un homme comme Aras Williams ne laissait rien au hasard. Et de quelle punition parlait-il ? Après réflexion, elle ne voulait pas savoir.

Dans la voiture, Rosa s'endormit sous les caresses de l'homme. La fièvre prenait le dessus et la fatigue l'avait envahie soudainement. C'était aussi un contre-coup du soulagement. Le calvaire était fini. Plus de proprio pervers, plus de loyer exorbitant.

Et un baiser plus que troublant en contre-partie...

En arrivant, Aras la porta jusqu'au lit. Un médecin les y attendait déjà : il avait anticipé. Rosa dévisageait ce dernier d'un air inquiet. Se faire toucher par Aras était une chose (elle commençait à bien le connaître) mais avec une autre personne...

Finalement, le médecin sut la mettre à l'aise. Et surtout, elle sentait le regard perçant d'Arras sur elle à chaque instant, ce qui lui donnait un sentiment de sécurité. Si Aras avait confiance, elle le pouvait aussi. On lui retira les morceaux de verre dans les mains, qu'elle s'étaient plantée en brisant le miroir.

Puis le médecin réclama une conversation privée avec Aras...

EffervescenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant