Bonsoir ! Pour m'excuser de mon retard (et aussi parce que j'adore jouer la sadique du suspens), ce chapitre sera un peu plus long que les autres.
En sortant de la voiture, il allait passer une main derrière son dos pour la guider mais elle se dégagea brusquement, comme si son contact l'avait brûlée. Aras vit à ses yeux que le rapprochement effectué n'était plus. Son visage s'était fermé. Plus de peur, plus d'angoisse. Plus rien. Q'un semblant de sérénité et d'apaisement.
Mais qu'importe. Aras finirait par la déchiffrer, peu importe le temps nécessaire. Son frère pouvait bien dire ce qu'il voulait, il était déterminé à découvrir ce qu'elle cachait. Même contre sa volonté.
En attendant, il était curieux de ce qu'avait préparé la jeune femme pour la soirée. Il était conscient de lui avoir demandé de les surprendre mais une réception qui se déroulait comme prévu serait déjà un exploit ! En dix ans de carrière, il n'était jamais allé à une inauguration ou réception sans imprévu. Rien de catastrophique mais toujours un détail qui faisait que la soirée frôlait seulement la perfection.
Ils entrèrent dans le building où il savait qu'un restaurant de luxe était localisé au rez-de-chaussée. C'était un bon choix. Mais à sa grande surprise, l'employé qui les accueillit les mena à un ascenseur.
-Je peux savoir ce qui se passe, mademoiselle Hatier ? Qu'avez-vous prévu exactement ? fronça-t-il les sourcils.
Elle leva ses grands yeux gris pâles sur lui avant d'esquisser un sourire mi-provocateur, mi-satisfait.
-Vous m'avez demandée de surprendre vos invités. Laissez-vous surprendre aussi.
Aras leva les yeux au ciel, frustré qu'elle ne lui réponde pas clairement. Au contraire, elle semblait se moquer de son attitude désemparée. Lui qui contrôlait tout... Mais il devait maintenant assumer : lui-même avait confié l'organisation à Rosa sans douter ne serait-ce qu'une minute.
Le trajet en ascenseur semblait éternel. La cabine montait et ne s'arrêtait jamais. Mais où allaient-ils !? Il n'y avait rien là-haut ! Au milieu du silence, il entendait Rosa respirer lentement et profondément, comme si elle tentait de se calmer. Mais cela ne semblait pas vraiment efficace puisqu'il la vit porter ses doigts à sa bouche par réflexe. Se rappelant les pansements qui l'empêchaient de se ronger les ongles, elle se mit à gratter furieusement ses poignets.
Bien...
Aras se rendait progressivement compte que sa jeune employée était un véritable concentré d'angoisse. Autodestructrice de plus.
La boule de stress qui pesait toujours plus dans sa poitrine ne voulait plus lâcher Rosa. Les visages de ses parents s'insinuaient dans son esprit. A plusieurs reprises, elle avait tenté de leur téléphoner pour leur annoncer qu'elle serait présente ce soir. Mais elle avait renoncé en voyant les choses en face : elle ne voulait absolument pas les voir. Se faire rabaisser n'allait certainement pas l'aider à sa reconstruction. Alors, elle avait tout misé sur le fait qu'elle ne tomberait peut-être pas né à né avec eux.
Et tout ce monde qui lui ferait face dans quelques minutes...
Une main chaude la sortit doucement de ses pensées. Son patron venait de saisir sa main qui s'acharnait sur son poignet. Rosa s'étonna de ne pas sentir sa respiration s'accélérer face à ce contact. Le geste avait été si doux qu'elle n'avait pas réagi. C'était comme sortir paisiblement d'un sommeil réparateur. Elle tourna vivement la tête mais son expression était neutre, comme s'il n'était pas en train de lui tenir la main fermement pour l'empêcher de se faire du mal. Comme s'il attendait simplement que l'ascenseur s'arrête. Comme s'il ignorait la vague d'émotions qu'il déclenchait chez elle. Il ne la regardait même pas. Mais son étreinte lui disait qu'il était là, qu'il la soutenait dans sa lutte contre l'autodestruction.

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Effervescence
RomanceCe qu'elle cherchait, c'était blesser. Mais qui se cache réellement sous cette apparence superficielle et méprisable ? Qui se cache sous cette barrière infranchissable ? A la sortie de l'hôpital psychiatrique où Rosa est internée pour anorexie, la...