Effervescence

Chapitre 30

Elle hocha la tête, honteuse. Comment allait-il prendre le fait qu'après tout ce qu'il avait fait pour elle, elle n'était pas arrivée à lui faire confiance ?

Aras comprit qu'en refusant de répondre à sa question pourtant simple, elle avait craint de le blesser. En réalité, il savait depuis longtemps qu'elle ne lui faisait confiance qu'à moitié. Mais il savait aussi que chose, et Rosa ne semblait pas en avoir pris conscience.

Il la poussa à le regarder. Un délicieux sourire se dessina sur ses lèvres. La jeune femme n'en comprenait pas la raison. Il aurait dû se mettre en colère et ça ne semblait pas être le cas.

-Mais tu me fais confiance, Rosa.

-Quoi ? Mais je viens de dire que...

-Au début, je ne le nie pas. Mais regarde tout ce que fais aujourd'hui. Tu parviens à me montrer tes émotions, tu pleures devant moi, tu me laisses te toucher. Tu montres tes faiblesses pour qu'on puisse les vaincre ensembles. Tu me fais confiance.

Ses mots bouleversaient la jeune femme. Maintenant qu'il le disait, il était vrai qu'elle ne cessait de pleurer comme une madeleine depuis son retour. Il l'avait serrée dans ses bras à plusieurs reprises. Il l'avait embrassée et elle avait ressenti du plaisir...

Il l'entraîna vers la table alors qu'elle était encore éblouie par cette révélation. L'homme lui servit une portion de nourriture plutôt généreuse par rapport à d'habitude.

Il l'observa jouer avec sa fourchette quelques minutes avant de se décider à manger en soupirant.

Aras avait gagné, une fois de plus.

À la fin du repas, la jeune femme attira l'attention de son patron en saisissant sa main timidement. Il la regarda étrangement, étonné qu'elle initie d'elle-même un contact. Elle marmonna quelques mots mais si bas qu'il n'y saisit rien.

-Pardon ? Tu peux répéter ?

-Le... Euh... Hum... Baiser... Il voulait dire quoi ? murmura-t-elle presque, rouge de gêne.

Aras sourit. Elle était trop mignonne.

-Qu'aimerais-tu qu'il veuille dire ? la taquina-t-il.

Elle le fixa avec des yeux ronds, ouvrant la bouche pour répondre puis se résonnant au dernier moment. Finalement, elle n'eut le temps de réagir qu'il se pencha pour effleurer une nouvelle fois ses lèvres avec toute la douceur du monde.

-Voilà ce qu'il veut dire, murmura-t-il sensuellement. Je sais que tu n'es pas prête aujourd'hui à avoir une relation. J'attendrai le temps nécessaire.

Rosa avait l'impression que son cœur allait exploser tellement il y avait d'émotions inconnues. Il avait raison, elle ne désirait pas de relation pour l'instant. Avant, il fallait qu'elle prenne plus soin d'elle. Et comme d'habitude, l'homme devinait tout. Mais rien que cette attention la touchait au plus profond d'elle-même.

Alors qu'ils étaient chacun plongés dans le regard de l'autre, la sonnette retentit. À regret, Aras dû relâcher sa douce étreinte avec la jeune femme pour se diriger vers l'entrée. Il savait de qui il s'agissait et espérait bien de cette manière faire avancer Rosa.

L'homme lui indiqua de rester seule au salon quelques minutes. Anys apparut finalement dans l'encadrement de la porte. La jeune femme échappa un hoquet de surprise.

Mais avant de pouvoir fuir, la serveuse la serra fortement dans des bras. Rosa n'osait plus respirer, pétrifiée par ce brusque contact auquel elle ne s'attendait pas.

-Tu m'as manquée, j'étais tellement inquiète ! pleura Anys.

-Que... Comment... Tu ne m'en veux pas ? Je t'ai frappée, t'ai dit des horreurs...

-Comment je pourrais t'en vouloir ? la coupa-t-elle. Tu n'allais pas bien, rien n'est de ta faute. C'est moi qui ai prévenu ton patron et si je suis là, c'est parce qu'il m'a demandée de venir, que tu avais besoin de parler de notre dispute et que tu t'en voulais.

Rosa jeta un œil de côté. L'homme était appuyé contre l'encadrement de la porte et suivait la scène attentivement, un vague sourire satisfait aux lèvres. Elle était contente qu'il ait pris cette initiative à sa place. Jamais elle n'aurait osé reprendre contact avec Anys après leur altercation.

Timidement, Rosa ramena ses bras autour du corps de l'émotive serveuse. Elle répondait à son étreinte.

-Merci... chuchota Rosa, émue.

Par la suite, Aras, rassuré de la situation, avait laissé se retrouver les deux femmes. Il avait imaginé toutes sortes de retrouvailles et aucune ne se déroulait aussi bien que celle présente.

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Quelques jours avaient passé. Rosa avait repris son travail dans l'entreprise Williams, sous la surveillance bienveillante d'Aras. Refusant qu'elle habite ailleurs que chez lui, elle avait emménagé dans la demeure. Ils avaient repris leur routine : ils partageaient les repas et Rosa se confiait à lui de plus en plus. Elle retrouvait une certaine joie de vivre.

Mais l'homme sentait que son passé dont il ne savait rien la torturait encore et toujours. Chaque soir, ses insomnies ne lui permettaient pas de s'endormir avant trois heures du matin. Et encore, il fallait qu'il soit présent pour l'apaiser car, fatalement, la fatigue favorisait l'angoisse au terme d'une certaine heure. Il insistait régulièrement pour connaître ses démons mais se heurtait à un silence pétrifiant et incontestable. La jeune femme n'était pas prête à lui raconter ce qui avait pu la conduire à sa maladie.

Il était minuit. Rosa lisait un article de magazine sur danseuse étoile visiblement reconnue en attendant que vienne le sommeil. Aras n'osait la laisser seule au milieu de la nuit alors il veillait avec elle. Il aborda la conversation.

-J'ai remarqué que tu t'intéressais beaucoup à la dance. Pourquoi ?

Elle leva un visage neutre mais qui trahissait une certaine fatigue physique.

-C'est beau la dance classique, dit-elle simplement.

-Ne voudrais-tu pas t'y essayer ?

Elle secoua la tête négativement sans répondre, signifiant ainsi qu'elle ne désirait pas continuer cette conversation. En vérité, la discipline lui était particulièrement familière. Et les articles qu'elle lisaient tournaient toujours autour d'une même personne : Ely Eltven.

Elle lut encore quelques minutes puis releva la tête. Aras la fixait depuis déjà plusieurs minutes.

-J'ai une requête à vous faire, dit-elle timidement, suscitant ainsi la curiosité de l'homme.