Atteindre La Cible [M/M]

6. Tel Zokou, tel Zokou !

Marron, marron, marron.

Ça fait près de dix minutes que je regarde la porte en face de moi. Elle ne change pas de couleur, malgré mon intense regard. Vous vous dites sûrement "il s'ennuie au bureau", très drôle.

Erreur !

Je suis à l'établissement scolaire du seul mioche qui grignote ma vie. Oui, celui-là même.

J'ai reçu un coup de fil de la principale alors que j'étais en pleine réunion. Cette vieille peau n'a pas arrêté de me spamer. En plus, je ne sais pas encore pour quelle raison j'ai été convoqué. Tenez vous bien, je ne suis pas seul. Nathan et Bertrand ont eux aussi été convoqué. Nathan, c'est normal, mais qu'est-ce que le majordome fait là ? N'a-t-il pas compris m'a mise en garde ce matin ?

Oh, la porte s'ouvre. Madame "Oignon" sort enfin de sa cachette. Les murs blancs de ce couloir me filaient déjà une dépression nerveuse.

— Bonjour, Messieurs ! Je suis madame Houon, la principale de ce collège. Je suis ravie que vous ayez répondu présent à ma convocation. Veuillez entrer s'il-vous-plaît.

Cette madame oignon a l'air sympathique avec sa petite taille, ses cheveux grisonants, sa tenue traditionnelle bien coupée. L'archétype des amies de Nicole, ennuyeuse.

Mes congénères et moi prenons place sur les trois chaises en face de son bureau. Nathan à ma droite et Bertrand à ma gauche. La déco est très moderne, esthétique. On dirait un salon de thé. Les éléments comme la mappemonde, la grande bibliothèque, les cadres d'excellences au mur et le tableau en coin, rappellent que nous sommes dans un cadre scolaire.

La directrice vient de lancer un coup de fil, apparemment c'est pour faire venir Henri. Qu'est-ce qui se passe ?

— Bien. Je vous ai convoqué aujourd'hui pour qu'on parle de Henri, précisément, son comportement, commence-t-elle.

— Avant que vous n'alliez plus loin, je veux comprendre pourquoi vous avez appelé mon frère et notre majordome, demande mon frère.

— Bonne question. Vous le comprendrez vite quand le petit sera là. Ah, le voilà.

Justement, la secrétaire vient d'entrer dans la pièce avec mon neveu. Lui aussi a l'air surpris de nous voir. Il remet son cadre de lunette en place avant de se rapprocher de la vieille dame.

— Approche Henri. Assieds toi sur le divan sous la fenêtre, intime-t-elle.

Il était maintenant confortablement assis.

— Parfait, sourit-elle. Tu te souviens de la conversation qu'on a eu il y'a plusieurs jours, n'est-ce pas ?

— Oui, madame.

— Je t'ai demandé s'il y avait des adultes capables de se présenter dans mon bureau pour toi et tu m'as donné leurs trois noms et leurs numéros. Ensuite je t'ai remis une lettre et exigé que tu la remette à ton père.

— Oui, madame, dit-il en baissant la tête.

Instinctivement, Bertrand et moi fixons nos yeux sur Nathan. Il est confus.

— Je n'ai reçu aucune lettre de votre part.

— Je l'ai deviné quand vous ne vous êtes pas présenté ici, vendredi passé. Le fait qu'il a délibérément évité de vous remettre la lettre me conforte dans l'idée que j'ai de l'environnement de ce petit à la maison.