Atteindre La Cible [M/M]

34. Regrets

L'odeur étouffante de la plage qui chatouille mes narines, les palmiers qui se frottent entre eux en se déhanchant à la présence du vent, la cacophonie des pêcheurs et des touristes qui s'émoustillent devant du poissons frais, les vrombissements des jets skis et la présence des yatchs à perte de vues, la ville balnéaire de sally est un bel endroit.

Cela fait deux mois et demi que je suis arrivé au Sénégal. Nina et sa famille ont acheté une petite maison de plage dans les environs. Elle m'a convaincu de quitter la côte d'Ivoire avec elle et de prendre du temps pour moi. Ça a été difficile de le faire, mais lorsqu'après une semaine de libération, ni Nathan, ni Denis, ne m'ont contacté, je me suis senti trahi. Ils n'ont plus essayé de me joindre depuis le jour de leur visite, ils m'ont littéralement oublié. Pour être sincère, la douleur de leur absence est passée. J'ai appris par la presse numérique que Denis est maintenant fiancé à la fille d'un de leur partenaire, une certaine Céline Dubouquet. Son nom m'est familier, mais je ne me souviens pas d'elle. 

J'ai aussi vu Nathan aux bras d'une femme dans les tabloïds. Je ne savais pas que les frères étaient si célèbres avant d'arriver ici. Je pensais que s'étaient des riches comme les autres. Je me sens idiot d'avoir cru qu'ils tenaient à moi. Ces stupides baisers échangés ne comptaient pour aucun des deux, Nina a bien fait de me secouer. Si j'étais resté là-bas, j'aurais probablement été jugé coupable sans aucun doute. J'ai encore un sentiment de vide oppressant au fond de moi, mais je ne suis pas désespéré. Pour moi, les choses ont changé.

Cette perte de mémoire n'a pas cessé d'être un poison pour moi. Si la vie avec les Zokou était inconnu, rencontrer ses propres neveux comme si c'est la première fois qu'on les voyait est une expérience encore plus pire.

Je me suis retrouvé en face de trois adolescents hyperactifs. Je ne me souvenais que du premier, qui n'était qu'un rejeton à l'époque, maintenant mon neveu Valentin est un vrai homme, 19 ans à tout cassé. Sa petite sœur Gwendolyne a 15 ans et la dernière, Pita a 13 ans. Ils m'ont accueilli à bras ouverts. Même si je sais que l'ancien moi les connais très bien, je ne peux m'empêcher de me dire qu'ils ne sont que des inconnus. Je ne parle pas beaucoup avec eux, je reste surtout dans mon coin. Je n'ai pas encore trouvé de job, mais j'aide le mari de Nina au restaurant qu'il dirige sur la côte. Ma sœur aînée a construit de ses mains, la vie dont elle rêvait, un homme généreux et pragmatique, des enfants loyaux et bien éduqués, un business dans lequel elle s'épanouit naturellement. Je me sens de trop dans ce tableau.

Je ne suis pas à ma place.

C'est ce qu'elle voulait, mais moi, qu'est-ce que je veux ?

Je ne sais pas qui je suis, ce que je sais faire ou pas, ce que j'aime vraiment ou pas. Je pensais que rester avec les Zokou malgré mon état allait me rendre très heureux. J'allais forcément choisir entre l'un d'eux, et être heureux. Au final, je suis seul.

Je n'ai pas vu une seule bribe de mon passé depuis que je suis parti. Il n'y a que ma façon de parler qui a changé, j'avoue que j'aime mieux ce langage. C'est arrivé tout naturellement, je n'ai pas forcé. Peut-être que c'est comme ceci que je parle habituellement.

Je suis dans ma chambre, qui est une dépendance de la maison. Je suis ainsi moins envahit par les autres et plus caché. Ma sœur sait que je ne suis pas bien dans ma peau en ce moment, elle me laisse l'espace dont j'ai besoin.

J'attend quelqu'un. Un garçon que j'ai rencontré en boîte de nuit. Sébastien. Ce n'est pas un ami, mais nous nous entendons bien. Disons que nous aimons nous tenir compagnie, si vous voyez ce que je veux dire. Je l'ai rencontré alors que lui et son groupe d'amis tabassaient un pauvre mec à la sortie d'un club. Ça ne m'intéressait pas jusqu'à que j'apprenne par quelqu'un de la foule qu'ils le frappent parce ce qu'il est gay. Mon sang n'a fait qu'un tour, je suis entré pour aider le mec ce qui m'a valut d'être cogner. Heureusement que je suis plus fort qu'eux. Ils m'ont bien senti passé.