45. Initiative désastreuse

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- Azou, où est papa ? me demande Mélissa avant de me tendre les mains pour que la porte.

Je soupire de cette espièglerie de ma petite sœur, qui refuse catégoriquement d'appeler Monsieur Zokou comme il se doit. Elle a toujours eu la manie d'appeler les hommes plus âgés que moi, papa suivit de leur prénom. Elle appelle le père d'Henri, papa Nathan, depuis Ce matin. Ce que je ne comprend pas, c'est que chaque fois que j'essaie d'inclure Denis sur celui de Monsieur Zokou, elle ne le fait pas. On dirait qu'elle veut absolument maintenir cette appellation. Cela m'inquiète profondément. Il n'y a que mon beau-père qui avait droit à ça. Il ne faut pas qu'elle s'attache à eux. Je pensais que maintenant que j'ai retrouvé ma princesse, je sortirais de la famille Zokou, mais mon hôte m'a ordonné de rester jusqu'à nouvel ordre

Depuis avant-hier que cet homme m'a permis de retrouver ma petite Mélissa, je n'ai pas eu le temps de discuter avec lui pour le remercier sincèrement et savoir comment il l'a fait cet exploit. Il avait promis de le raconter quand le bal serait terminer, j'attend toujours. Monsieur Zokou mérite mon respect et ma loyauté, en toute vérité. Je lui devrais ce service à vie.

Je m'exécute et la soulève dans mes bras.

Je suis dans le jardin avec Henri, Mél, mademoiselle Céline, mademoiselle Emilie et madame Zokou. Elle ne m'a pas adressé la parole depuis hier et j'avoue que cela me frustre. Il est 19h58 et nous attendons que la table soit faite pour le repas du soir. Monsieur Zokou et Monsieur Nathan sont sortis tous les deux ce matin. Ils n'ont pas dit où ils allaient chacun, mais ils arboraient des mines très joyeuses, plutôt inquiétant venant de Monsieur Zokou, mais normal pour son frère.

En citant ce dernier, mes oreilles commencent à chauffer. Depuis la conversation que nous avons eu la nuit dernière, quand celui-ci est sorti du salon en colère, je n'arrive plus à le regarder dans les yeux. J'ai fait une très grosse bêtise qui me ronge les entrailles chaque fois que j'y pense.

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Je sors à la suite de Monsieur Nathan qui est en rogne. Il ne doit pas avoir remarqué que je l'ai suivi. Il est dans le couloir et vient de donner deux coups très violent au mur, j'en sursaute. Je ne l'ai jamais vu ainsi, il est effrayant. Découvrir que sa famille comptait se servir de son fils doit lui être si insoutenable qu'il n'arrive pas à garder son calme. Il est bien loin de l'homme taquin et joyeux que j'ai appris à apprécier ces derniers mois. Nous avons tous une part de noirceur, est-ce la sienne ?

J'ai le cerveau en compote si vous voulez mon avis, au lieu de fuir et retourner à l'intérieur, je me rapproche discrètement de lui. Il est celui qui m'a donné la force de supporter la séquestration chez eux et, la tentative d'enlèvement de Monsieur M., je lui dois assez pour ne pas le laisser dans cet état.

Dans son élan pour un troisième coup, je m'élance sur son son bras droit très musclé. Il s'étonne de mon acte et surtout de ma présence. Je m'y accroche désespérément. Lorsqu'il met un temps d'arrêt, je réalise qu'en étant accroché comme cela je donnais une piètre image de moi. Je le relâche en fuyant son regard.

- Vous devez vous calmer, monsieur. Je sais ce que ça fait quand des ordures se servent de la personne qu'on aime, comme faiblesse. Elle ne mérite pas que vous vous mettez dans ce état ! Vous m'avez dit la même chose pour Sandra. Elle a passé son temps à me faire tout et n'importe quoi parce qu'elle savait que je ne pouvais rien tant qu'elle avait Mélissa. Vous avez la chance d'avoir un fils intelligent comme Henri. Même si vos ennemis le voulaient, ils ne pourraient pas l'utiliser contre vous. Reprenez vous s'il vous plait.

Il me regarde durement. Ses pupilles ont presque disparu. Les veines sur sa tempe m'informent qu'il est à son paroxysme. Son air menaçant me fait trembler, mais je garde la tête haute, sinon ma dignité d'homme en prendra un coup. Ce dernier grince des dents et me projette sauvagement par l'épaule sur le mur d'en face. Mon dos en prend un sacré coup, j'ai très mal. En plus il resserre sa poigne ferme sur mon épaule. Il frappe sa paume de l'autre main sur le mur derrière moi, me coinçant entre lui et celui-ci. Mon cœur bat la chamade et respirer est de plus en plus difficile. J'ai peur qu'il verse toute sa colère sur moi. Mes jambes font un effort herculéen pour rester stable. Je ferme les yeux en attendant qu'il fasse quelque chose.

Atteindre La Cible [M/M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant