Atteindre La Cible [M/M]

44 . Rattrapage

- C'est terminé pour aujourd'hui. Vous pourrez continuer avec le docteur Mané. C'est un excellent neurochirurgien, je l'ai déjà contacté pour votre cas, Bertrand. Il vous suffira de vous présenter avec votre dossier quand vous retournerez au Sénégal.

- Merci, docteur.

- Ce n'est rien. C'est mon travail, il faut bien que quelqu'un répare les bêtises de mes enfants.

Je rigole. Cette manie qu'elle a de traiter les Zokou comme des enfants est très mignon. J'aurais préféré la connaitre plus tôt et, dans d'autres circonstances.

- Je dois passer à la caisse, je vous remercie pour tout.

- Oh ? J'avais oublié ! Il y a un dernier carnet que je dois vous remettre. Il est ailleurs, veuillez attendre, ici, j'arrive.

Elle se lève et me laisse seul. C'est un peu frisquet ici. La climatisation est trop haute.

Hum...il me faut la télécommande.

Je me redresse et la récupère sur le bureau. En réglant le niveau, je me rend compte qu'il est hors service.

C'est pour cela qu'elle ne peut pas le diminuer.

Je décide de le régler directement sur l'appareil. C'est appréciable d'être aussi grand que moi, mais il faut avouer que c'est très haut pour une petite femme comme elle. J'entend la porte s'ouvrir derrière moi, je ne me retourne pas.

- Je suis entrain de changer le niveau de la température. Je suis sûr qu'il vous gêne vous aussi.

J'attend qu'elle réponde, mais rien ne me parvient. Peut-être qu'elle est fâchée. Je suis gêné et veut me retourner. Tout à coup, un souffle sec me chatouille l'oreille.

Hein ?

- Pas besoin de réchauffer la température quand tu es là, susurre sensuellement, une voix que je connais très bien.

Je sursaute et me retourne rapidement, trop rapidement même. Je perds l'équilibre et tombe, entraînant au passage quelques décorations qui étaient sur la table et une masse humaine.

- Aïe.

Je suis tombée lourdement. Je devrais reprendre du sport à ce rythme. J'ai pris un peu de poids. J'ouvre les yeux et tombe nez à nez avec des yeux vert envoûtant. Mon cœur fait une dance africaine rythmé, mes intestins se nouent, je suis à bout de souffle. C'est la dernière personne que je voulais voir. Denis a placé ses bras de chaque côté de ma tête, soutenant ainsi son poids et m'empêchant de bouger en même temps.

Il penche sa tête d'un côté, et m'offre un sourire innocent.

Il essaie de me tuer là ?

Je suis déstabilisé. Je bafouille une bonne dizaine de secondes, tandis qu'il maintient son sourire stupide. J'avais enfin trouvé mes mots quand il m'a volé un bisou.

- Tais-toi, Berty.

Il utilise maintenant ce surnom ? Pourquoi il veut me rendre fou ! Je fond de l'intérieur. Je suis tellement ailleurs, que le fais que son visage se rapproche lentement du mien ne me fait pas réagir. Au lieu de m'embrasser comme je m'attendais, il a m'a fait une bise sur le front. Ce geste affectueux a eu plus d'importance que toutes les caresses du monde.

Nous avons encore échangé un silence confortable.

Il se relève et me tend la main. Je réalise que je suis toujours à terre. J'accepte son aide et me voilà debout avec une courbature.

- Ta séance est terminée ? demande-t-il.

Je suis sur le point de répondre quand une question me vient en tête. Je fronçe les sourcils et le fixe suspicieusement.