14 : L'affrontement

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Je suis dans mon lit, des sueurs froides me parsemant le front, la boule au ventre, dans une très mauvaise situation.

D'un côté, Denis encore endormi dans mes bras, qui me serre à la hanche comme une bouée de sauvetage, et sa jambe gauche entre les miennes ; je sens presque sa cuisse me caresser les bourses. Il respire par la bouche et de temps en temps me mordille la peau de l'épaule. J'ai arrêté de respirer de peur de le réveiller. Mon érection en ce moment en dit long sur mon état de souffrance.

D'un autre, Henri, debout devant la porte, le regard vide, qui me fixe dans les yeux en attendant que je réponde à sa question :

— Qu'est-ce que vous faites ?

Je n'ai jamais été aussi gêné et effrayé de ma vie.

Vous voulez sûrement savoir comment on en est arrivé là. C'est assez conne comme histoire.

🔸️🔸️

Denis me laisse sortir, je me dirige dans la chambre de mon filleul. Je frappe à sa porte, il me répond qu'il dort. Je souris à cela et refrappe, cette fois il ne me répond plus. Exaspéré, j'entre et le trouve assis dans son lit, il n'a pas encore mis son pyjama. Ses larmes séchées sur son petit visage donne un côté triste à ce tableau, un enfant très sensible. Je me rapproche de lui et constate qu'il feuillette un album photo.

— Hey, mon grand. Ça va ?

Il lève la tête et me regarde d'un air triste. Je sens mon cœur se serrer. Je prends place sur le lit à ses côtés.

— Tu es encore triste à cause de la dispute ? demandé-je.

— Non.

Sa réponse me surprend, mais je sais que c'est parce qu'il n'est pas bien.

— Qu'est-ce que tu regardes ?

— La photo du nouvel an d'il y a quatre ans. Tout le monde était présent, même oncle Denis. Ici, il m'a porté sur ses épaules alors que je devais peser très lourd. Mamie me faisait des grimaces pour que je ris. Papa souriait avec toi, alors que tu étais placé derrière lui. Ici, oncle Denis était très souriant.

— C'était plutôt une belle journée. Tu voulais absolument goûter des brochettes d'escargots. Ton père et ton oncle ont failli vomir quand tu as commencé à mâcher, rié-je.

Mon bonhomme rit en remettant ses lunettes sur son nez. J'en profite pour poser une question.

— Ce n'est pas la première fois que ta grand-mère et ton oncle se disputent, pourquoi tu as pleuré cette fois-ci ?

Je vois de l'hésitation dans ses yeux. Henri est un garçon vaillant et causant avec moi, s'il doute avant de répondre c'est que ce qu'il va dire sera très important. Il me donne l'album et va chercher quelque chose dans son tiroir. Je continue à regarder les photos en attendant. Mon attention se fixe sur une image, celle où Nathan et Denis sont enfants. Je ne sais pas quels âges ils avaient, mais ils étaient adorables. Je n'ai jamais vu mon patron aussi authentique, si... normal. Il a l'habitude de ricaner ou de narguer, que j'en oublie qu'il peut aussi rire de cette façon. Son rire de cet après-midi tend à si méprendre à celui qu'il affiche sur cette photo.

Mignon.

Son frère et lui ont l'air très proche sur l'image. Ils jouent dans le bain, leur père mouillé à leur côté et Nicole qui a l'air de les gronder. Une famille normale.

Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'il les déteste tous ?

— Tonton ?

Mon attention se reporte sur mon petit diable. Il me tend quelque chose que je reconnais immédiatement.

Atteindre La Cible [M/M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant