8. Un secrétaire pas comme les autres <deuxième partie>

337 61 50
                                    

Denis était en voyage pour une semaine. J'avais du temps pour moi.

Les changements dans la routine de mon patron m'ont interloqué. Je devais savoir ce qui a causé se dérèglement. Non pas que ça me pose un problème, mais mon intuition me disait qu'il y a anguille sous roche. Un homme de son calibre ne modifie pas ses habitudes sur un simple coup de tête. Bien-sûr il ne voulait rien me dire, je n'avais donc pas le choix que d'enquêter.

J'ai d'abord pensé à une situation de crise liée au groupe, parce que je sais que s'est toute sa vie. Il en est fou amoureux. Mais si cela avait été le cas, il l'aurait annoncé à la famille ou aurait passé plus de temps au bureau. Un évènement similaire était arrivé à ses débuts, son père avait été le premier à être informé de la nouvelle. Il avait travaillé avec acharnement pour remettre sa microfinance sur pieds. J'ai pratiquement vu des cheveux blancs pousser sur sa tête à cette époque.

Ici, ce n'était le cas. Il est serein, toujours aussi antipathique et calculateur. Pas de stress déformant ses traits fins, donc ce n'est pas son travail qui l'a influencé.

Seconde piste, son insupportable petite amie. Ne vous méprenez pas. Je ne suis pas jaloux d'elle. Cette Céline est réellement une femme exceptionnelle si on met de côté : son tempérament possessif et son habitude à vouloir tout contrôler. Elle ferait une épouse très pragmatique pour lui. Je suis étonné que cette dernière n'est pas encore réussit à lui mettre la corde au cou. Leur union serait un grand plus pour l'expansion de ses avoirs.

Peut-être qu'elle a trouvé le moyen de le mettre dans ses bonnes grâces. Je devais en avoir le coeur net, même si la réponse m'empêcherait de dormir.

J'ai donc interrogé son fervent complice, mon incorrigible petit monstre. Il était rentré assez tôt ce jour.

— Henri, mon garçon. Tu as déjà mangé les petits fours à la cuisine ?

— Ah non, tonton Berty. Je voulais terminer mes devoirs et jouer avec pullover, sourit-il.

— Très bien, je suis fier de toi... Tu pourrais m'accorder une minute ?

— Bien-sûr ! Pas besoin de me le demander.

— Tu aurais une idée de pourquoi ton oncle a décidé d'aller au travail sans chauffeur et qu'il ne passe plus du temps avec toi ?

Le petit garçon avait l'air confus, comme si ma question était bizarre.

— Je ne le sais pas. Mon oncle ne me parle plus depuis quelques temps, tu sais ? Je ne le vois qu'au petit déjeuner. Même les week-ends.

— Ah, je vois. Désolé de t'avoir dérangé, mon petit. J'aurais dû y penser.

— Tu t'inquiètes pour lui ?

Cette question m'a fait sursauté. Je ne sais pas pourquoi.

— C'est normal. C'est mon patron et il paye mon salaire. Tu as oublié ce que je t'ai appris ?

— Que je ne devrais jamais cracher dans la main qui me nourrit. C'est de l'ingratitude.

— Tu vois, c'est la même chose.

Je vous jure qu'Henri me jugeait de haut en bas. Il voulait lire à travers moi. Ce gamin est flippant, je vous le dit.

— Mon oncle dit que lorsqu'on a faim, tout moyen est bon du moment où on se rassasie, quitte à arracher la main qui nous nourrit pour y arriver, disait-il, sérieusement.

L'avenir de ce garçon sera très sombre.

— Tu n'es pas obligé d'écouter ou de retenir tous les conseils que te donne ton oncle. Il n'a pas toujours raison.

Atteindre La Cible [M/M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant