24. Mauvais timing

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Il est 7h, je suis prêt pour le boulot. Je suis dans un costume trois pièces bleu nuit. Celui que Bertrand aime me voir porter le mercredi. Nous sommes mercredi. J'essaye d'assagir mes mèches rebelles avec de la laque. Je vérifie mon agenda pour m'assurer de rattraper mon retard. Je n'ai pas de secrétaire aujourd'hui mais je vais cartonner. Je me regarde une dernière fois devant le miroir en sifflotant.

- Denis + costume = Homme parfait, dis-je, narguant mon profil.

Je sors et croise Hélène et Henri.

- Bonjour mon oncle, tu as une très bonne mine aujourd'hui. Tu as gagné plus d'argent ?

- On peut dire ça, petit. Aujourd'hui je t'accompagne en cours. Hélène ? Veuillez avertir Moundir.

- Bien monsieur.

Henri était très heureux. Dégueulasse.

- Tu le feras tous les jours ? Tu as finalement réglé tout tes problèmes ?

- Oui et non. Je te fais juste la faveur de me voir. Ne t'exalte pas trop, j'ai une réputation à tenir, moi.

- Je te reconnais, mon oncle. Tu m'as manqué, tu sais ?

Il se rapproche de moi et me tend la main pour une poignée de main formelle. Je suis d'abord pris au dépourvu, puis je comprends son geste. Bientôt c'est son anniversaire. Je lui ai dit l'année passée qu'il ne pourra plus me câliner comme il le voudra. Il sera un homme bientôt. Il a retenu cela.

Je la prend fermement et la serre comme pour un partenaire d'affaire. Une lueur de victoire solennelle danse dans ses prunelles vertes. Je le surprend en le tirant vers moi. Je lui fait une courte embrassade et me dégage.

- Profite, tu n'en auras plus bientôt, dis-je, stoïque.

En m'éloignant de lui, je l'entend rigoler ce qui me fait aussi sourire.

Je prends la direction de la chambre de Bertrand. Moi, Denis, j'ai découvert que je ne pourrais pas passer le restant de mes jours seuls et aigris. Je ne veux pas avoir d'enfants, j'ai un caractère de cochon, je respire l'oisiveté en relation sociales, j'aime les paires de seins bien rondes, mais un pénis ne me fait pas peur, je suis prêt à conquérir le cœur vierge de B.T.

Ne me jugez pas. Je compte l'appeler comme ça tant qu'il ne redeviendra pas mon Bertrand. Alors récapitulons, mon super majordome croit qu'il a dix-huit ans et qu'il est un caïd, trop mignon. Théoriquement parlant, il croira que j'ai seize ans de plus que lui. Je vais passer pour un sugardaddy si je lui fais la cour, non ?

Denis démon : Depuis quand ça te dérange ?

Denis ange : Je suis d'accord avec démon, drague moi les bêtises.

Si même le diable et Dieu sont d'accord avec moi.

Je vais devoir prendre en considération certains axes, mais je n'ai pas de vrai problème.

J'arrive devant sa porte et je veux frapper. Je me retiens. Si je cogne et qu'il fasse semblant de dormir ? Ou s'il est mort dans son sommeil ? S'il a fugué cette nuit ? Il faut que j'entre sans frapper, j'ai trois excuses pour le trouver nu s'il est sorti de la douche. Héhéhé !

Je vérifie que la porte n'est pas verrouillée, parfait. J'ouvre largement pour faire comme ci je ne savais pas qu'il s'habillait. Et là...

What ?

... Nathan lui fait le nœud de sa cravate.

Je reste ainsi quelques minutes, puis Bertrand remarque ma présence. Il se dégage de la main de Nathan et se courbe devant moi pour dire bonjour. Son geste m'étonne, c'est Bertrand qui fait ça normalement. Il a retrouvé la mémoire ?

Atteindre La Cible [M/M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant