59. Inimitiés.

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- Il faut qu'on le dise à la maison, Berty.

- Ne m'appelle pas comme ça, ce droit ne t'es pas réservé. C'est une marque déposée par ton neveu, ricane-t-il.

- Ah bon ? Ça fait mal, mon petit ami qui refuse que je lui donne un petit nom au dépend de mon adorable neveu, dis-je, taquin.

Bertrand rit en portant un de mes pull. Je suis tout habillé en chemise blanche et pantalon tailleur, allongé dans le lit, complètement heureux. Depuis la soirée d'hier, mon sourire ne me quitte pas. Je suis sur un petit nuage. J'ai enfin obtenu ce que je voulais, avoir Bertrand pour moi tout seul. Je n'arrive toujours pas à croire que je peux commencer cette journée et une nouvelle vie avec l'homme que j'aime.

J'éclate de rire, mon bien aimé me lance un regard confus avant de venir me donner un baiser sur les lèvres. Il continue de se préparer en me racontant comment il compte mener sa journée. J'ai l'impression que nous formons un vieux couple.

Rien de ce qui m'arrive n'était prévu au départ. Je ne me rendais pas compte que la monotonie me pesait. Je n'avais qu'Henri pour me laisser aller de temps en temps. Un petit brin de lumière que je laissais pénétrer ma cave obscure pour me rassurer que j'avais encore quelque chose d'humain. Je restais stoïque et fermé à toute forme d'affection parce que je pensais que cela ne m'apporterai rien de bon. Le mariage de mes parents m'avait dégoûté de l'amour de mon prochain. L'égoïsme de ma mère et la passivité de mon père ont eu raison de mon jugement sur les principes d'une union.

J'étais vraiment stupide !

Au lieu de garder mon mutisme seulement envers mes parents, j'ai laissé mes états d'âmes contaminés ma relation avec Nathan. Une personne que j'admirais et aujourd'hui c'est toujours le cas. Malgré ma distance, mon arrogance et à la rigueur mon mépris, il n'a jamais cessé d'être mon aîné. J'ai un profond regret d'être passé à côté de ce lien fort que mon père s'entêtait de nous inculquer. Mes années en Suisse n'ont pas aidé. Couper toutes communications avec lui, était ma plus grande erreur. J'ai été un mauvais cadet.

J'ai par la suite transféré ma frustration sur les personnes qui m'entourent. Les victimes sont nombreuses. Je ne suis pas un hypocrite alors je ne vais pas dire que cela n'a pas été productif, je suis quand même devenu un homme puissant et craint de tous, tout ce dont j'ai toujours aspiré devenir. Ma vision s'est forgé à travers un caractère froid et pragmatique, apportant à KoZo une dynamique exponentielle. Je sais ce que je veux et où je vais. Simplement, je pense que j'aurais dû lever le pied quelques fois. Oui, quelques fois.

Tout ça c'est fini !

Avec mon frère et mon petit ami à mes côtés, je ne ferais plus de dérives absurdes. J'ouvre mon esprit vers de nouvelles horizons. Un moi en version amélioré, c'est un grand pas qui me stimule encore plus.

Je me lève et me dirige vers lui.

- Il est 7h, Denis. Vas au boulot, on parlera demain soir. Hum ?

Il finit de boutonner ma chemise et range mon col. Je lui vol un baiser. Il est d'abord surpris, mais sourit en évitant de me regarder dans les yeux.

- Ce type de comportement ne te vas pas du tout, Denis, dit-il en allant vers mon miroir.

- Je sais.

Je n'avais rien à ajouter. Je ne crois pas qu'il aurait compris de toute façon. Cette personne, c'est le vrai Denis.

- Je t'ai expliqué pourquoi je ne pourrais pas rentrer demain. Tu t'entêtes à vouloir me faire venir. Amusez-vous bien, mais je dois aller trouver la nourrice de Kevin Coullibaly.

Atteindre La Cible [M/M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant