69. Je n'abandonnerai pas

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Je fais des exercices de respiration. Dans quelques minutes, nous allons devoir stopper les véhicules en face de nous. En théorie, Denis et ma mère sont à l'intérieur. Je ne sais pas où ont les conduit, mais je ne tiens plus en place pour le savoir. Je ne croyais pas le dire un jour, mais les insultes de Denis me manquent.

Avec tout ce que j'ai découvert durant ces deux semaines, je ne crois pas que je suis prêt à détruire mes liens avec lui pour une question de paternité. Notre père a fais fi de tous ses préjugés envers ses ennemis au point d'épouser une descendante de cette organisation, et accepter d'élever les enfants d'un autre. J'ai reçu tant d'amour que je n'aurais jamais douté s'il n'avait pas écrite cette lettre lui-même. Il faut croire qu'il me l'avait déjà avoué sans que je ne m'en rende compte, un sacré homme.

Denis est une part de ma vie que je ne voudrais effacer pour rien au monde. Il n'a pas toujours eu le tact et la discipline que nous attendions de lui, avec du recul je sais aujourd'hui que je devais voir à travers cela. Lors de l'absence de Bertrand, il a essayé d'être là pour moi même si c'était à petite dose, il était là. Il n'est pas parfait, il est mon petit frère et compte sur moi.

Je ne manquerai point à ses espérances.

J'ai toujours une place de second en chef qui attend encore son occupant.

Je souris.

- Boss, ça bouge devant. Une voiture gare sur le bas côté, annonce Antoine.

Il est côté passager, Jo côté conducteur.

- Qu'est-ce qui leur prend ?

- Deux personnes viennent de sortir... on dirait...

Antoine dit à tout le monde de se disperser en communiquant par Talkie walkie.

- Il faut que nous ralentissons pour ne pas se faire remarquer, me propose-t-il.

- Non. Avance et dépasse cette voiture, nous devons garder le cap. Averti un groupe de surveiller ce véhicule. Que tous les autres empruntent une autre piste. Bientôt nous franchissons l'axe lourd et ce sera assez difficile de leur couper la route. Nous devons trouver un moyen de savoir laquelle ils occupent.

- J'ai une idée, déclare Bertrand. Arrêtez, je veux faire quelque chose.

Nous nous regardons interloquer.

*******

Cela fait dix minutes que nous sommes sur la route. Je me demande si je vais supporter la piplette assise à côté de moi. Je ne me rappelle pas de son nom, mais cette fille est une vraie plaie. Elle arrête pas de parler de son travail, de sa famille, de sa vie...

Tuez moi !

Son frère et son père me fixent en sachant pertinemment qu'elle me casse les pieds. Ils doivent être habitués. Je soupire, je vais exploser.

Le vieil homme en face prend enfin la parole :

- Tu vas t'habituer, Ser- Denis. Nous sommes partis du mauvais pieds, fils. Je sais que notre méthode est assez dérisoire, mais nous savions que tu ne viendrais pas sans l'utilisation de la force. Ton grand-père est mourant. Il a exigé de voir tous ses petits-enfants avant de fermer les yeux, je lui ai promis que j'exaucerai sa prière avant sa mort.

Je ne le crois pas une seconde.

- Il est impératif que ton frère et toi assistez à cela. Nous espérons que ta présence chez nous attirera Gabriel- euh Nathan...

Il fait des efforts, c'est déjà ça. Je ne sais pas comment me sortir d'ici.

- Commandant, c'est comme ça que nous le surnommons, a été le premier à penser que votre mère n'était pas morte. Il le disait tout le temps : << les Berger sont des vrais traîtres, ils ont caché nos enfants !>>. Au point qu'il n'a pas assisté à l'enterrement sans corps, raconte la fille.

Atteindre La Cible [M/M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant