Atteindre La Cible [M/M]

39 . Le bal masqué <<première partie>>

Céline à mon bras, je défile entre les invités. Je suis tombé sur les membres de ma famille que je n'ai pas revu depuis des années. La famille de mon père est toujours aussi chaleureuse, celle de ma mère, plus snob que dans mes souvenirs. Je suis soulagé de voir que peu de membres des Dubouquet ont daigné se présenter. J'ai croisé le regard haineux de Frédéric avec à sa botte, Carl accompagné d'une femme rousse. Sûrement une femme qu'il a payé pour la soirée. Je le sais grâce aux informations que Sully a transmis par le biais de Bertrand. Vous l'aurez compris, c'est moi qui utilise le numéro de ce dernier depuis qu'il est parti.

J'ai découvert que Carl se payait les services d'escort girls à des fins sexuels. Il joue beaucoup aux jeux de hasard et ils croulent sous les dettes. Pas étonnant qu'il lutte autant pour obtenir la direction du groupe de son père. Raté un jour, raté toujours.

Je mentirais en disant que Céline n'a pas fait un excellent travail avec les masques. On peut littéralement savoir qui on devrait éviter si cela nous chante.

- Comment tu trouves la soirée, Denis ? me demande-t-elle.

- Supportable.

Elle rigole.

- Je vois quelques copines de ce côté. Je vais te laisser, tu as bien mérité une pause après avoir salué autant de personnes que tu détestes.

Elle m'embrasse et s'en va.

Je la regarde s'éloigner et rejoindre un groupe de femmes. Céline est une femme exceptionnelle. Depuis les débuts de nos fiançailles, je m'en rend compte. J'ai vite retrouver ce qui m'a séduit chez elle la première fois. Je serais fou si je prétendait ne pas être chanceux de l'avoir. J'ai appris à m'adapter à cette situation que je n'ai pas choisi, au point où j'envisage réellement une relation aboutie. Ma profonde déception se résume au fait que mon cœur appartiendra à un autre, à vie.

Je me déplace de manière subtile entre les convives. Je remarque mon frère en compagnie de quelqu'un. Un homme portant une veste champagne en sequins. C'est évident que cette personne veut attirer l'attention. Nathan est très à l'aise ce soir. Ça faisait un moment que je ne l'avais pas vu aussi détendu. Je me rapproche de la table pour piquer de quoi grignoter.

Du coin de l'oeil, je distingue un tissu dépassé de sous la table. Je tire dessus pour voir ce que c'est, mais j'entend :

- Gros pervers !

Hein.

C'est la voix d'une fille.

Je soulève la nappe blanche. Sept garnements, ils jouent à des consoles. Deux portent le masque de notre famille, trois, celui des amis et deux, celui de la famille Dubouquet. Je les somme de sortir. Ils obéissent. Je devine que le seul métis avec notre masque est Henri, mais je ne connais pas les autres.

- À quoi tu joues, je peux savoir ?

- Hein ? C'est toi oncle Denis ? Je n'étais pas sûr avec ton masque jaune.

Oh ? J'ai oublié ce détail.

- Nous nous ennuyons, ici. J'ai alors proposé que nous jouions à la console.

- Sous la table ?

- Mamie a fermé toutes les pièces de la maison à clef. Je ne voulais pas monter dans ma chambre.

Je soupire.

- Qui m'a traité de pervers ?

- C'est moi, monsieur, désolée, dit une fille, collé aux bras d'un autre garçon. Mes parents m'ont toujours dit que 'si quelqu'un tire sur ton vêtement, c'est qu'il veut ton corps'. Je vous respecte monsieur, mais je suis trop jeune pour cela. Attendez quelques années.