10. Un cœur à prendre ?

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Je n'aime pas ce que je vois.

Bertrand vient à peine de commencer que déjà 'un essaim de sangsues à gros seins' tournent autour de lui. Ma punition était censée le mettre mal à l'aise mais ça l'a rendu populaire.

Lorsqu'il a annoncé la mauvaise nouvelle à Sully, j'étais caché derrière la porte pour contempler mon oeuvre. Au lieu de devenir folle et de tout casser, cette «empoisonneuse» des bas fonds d'Abidjan s'est mise à pleurer à corps perdu. Perte de temps me direz vous. Mon idiot de nouvel assistant n'a rien trouvé de mieux à faire que de la prendre par les épaules pour la consoler. Lui a-t-elle dit qu'elle était frileuse ? Non ! Pourquoi le faire ? Je ne sais pas pourquoi cela m'a tellement énervé.

À ce que j'entend, il a trouvé les mots adéquats pour calmer 'le robinet ambulant'. Depuis qu'il l'a raccompagné jusqu'à l'extérieur, toutes les femmes ont des étoiles dans les yeux. Au lieu d'éviter cette attention incongrue, il leur sourit comme... attendez ! Pourquoi je m'intéresse à ça ? C'est sa vie ! La mienne est déjà assez compliquée comme ça, mais moi au moins je ne fais pas les yeux doux à ces serpents aux airs de maquereau séché.

Je devrai me remettre au boulot. Demain c'est le 28 décembre, j'ai rendez-vous avec Frédéric Dubouquet. Je devrai m'assurer que le projet que je prévois de lui présenter soit pofiner. Si ce vieux hibou laisse son incapable de fils présider cette rencontre, je ne réponds plus de moi.

Ces deux dernières semaines, mes enquêtes m'ont permis d'identifier deux traîtres. Vous vous demandez sûrement si je parle des commanditaires de mon assassinat, mais non, malheureusement. Je parle des idiots qui ont sûrement vendu la mèche à Carl sur ma situation actuelle. Je ne suis pas resté les bras croisés tout ce temps. Je vais vous en dire plus quand j'entamerai le sujet avec Bertrand.

Quand il aura terminé de draguer !

🔸️🔸️

— Dis papa, est-ce que nous irons faire un pique-nique au nouvel an ? me demande Henri.

— Bien-sûr mon grand. On le fait chaque année. Pourquoi cette question ?

— En bien... oncle Denis n'a pas passé Noël avec nous cette année, et Mémé était très en colère, en lui criant dessus elle lui a dit qu'il était indigne parce qu'il n'a pas respecté cette coutume. Je me demandais si il viendra avec nous pour le 1er janvier.

Pourquoi toujours lui ? Pourquoi mon fils ne pense qu'à lui ? Suis-je un si mauvais père ?

— Henri, ton oncle est un homme occupé. C'est normal qu'il rate notre dîner le plus important de l'année. Mon frère a toujours préféré son travail à nous. Tu es très jeune alors tu ne peux pas comprendre.

Je pense que cette explication est suffisante pour qu'il ne me parle plus de celui-là. Je ne l'ai pas amené à mon atelier de design pour qu'il pose ce genre de questions, ma foi.

— J'ai compris papa. C'est juste qu'il me manque. Il ne m'a pas dit s'il a aimé le cadeau que j'ai déposé sur son lit... Hey ! Cette tenue ! C'est celle que mamie à porter pour le bal de la veille de Noël ! C'est toi qui l'a dessiné ?

Les étoiles qui luisent dans ses yeux me rendent fière. Le jour où j'ai appris que j'étais père a été le jour le plus stressant de ma vie. J'avais une peur bleue, si je n'assurai pas ? s'il me haïssai ? s'il préférai avoir un autre père ? Je m'étais dit que la paternité était la pire chose qui puisse m'arriver.

Mais mon père m'a convaincu du contraire. Je me souviens encore de ses mots :

"Ne te mets pas dans ces états mon fils. Ne pense pas qu'être père est inné. Tout les hommes peuvent avoir un enfant, mais seul les vrais peuvent tenir leurs responsabilités. Même moi j'ai souvent fait des bêtises avec vous, tu vois le résultat avec ton frère. Je te connais comme les doigts de ma main, tu seras le meilleur père que mon petit-fils puisse avoir. Reprends toi et aimes le."

Atteindre La Cible [M/M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant